Toi qui scrolles sur les réseaux, qui regardes des streams pour décompresser, te marrer ou trouver une commu, tu dois l’avoir vu : ce qui est arrivé à Jean Pormanove nous frappe de plein fouet. Cette histoire, qui peut avoir l’air isolée et exceptionnelle, est en réalité le symptôme de quelque chose de plus profond. En tant que militants de la Jeunesse pour la Renaissance Communiste en France (JRCF), nous devons comprendre en quoi le capitalisme nous mène droit dans le mur. L’affaire Pormanove, c’est l’histoire de trois streamers, d’une plateforme et de milliers de spectateurs, mais c’est surtout l’histoire cruelle du capitalisme qui nous use, nous divise et sacrifie les plus fragiles.
I. « Fais le buzz ou meurs » : comment le capitalisme nous pousse à nous exploiter entre nous
On le vit tous les jours, que ce soit sur les réseaux, à l’école, dans les études ou pour trouver un taf : la compétition est reine. Les discours de la bourgeoisie nous matraquent que l’on est que ce qu’on réussit à vendre de nous-mêmes. Sur les plateformes de streaming, cette logique est poussée à l’extrême. Ta personnalité, tes relations, tes émotions, tout devient une usine à clics dont tu es le seul ouvrier exploité.
Les streamers en sont les parfaits produits : précaires, obligés d’enchaîner les heures pour gratter quelques abonnements, toujours poussés à faire plus, à être plus choquants, plus « déjantés » pour capter l’attention. Jean Pormanove et ses agresseurs étaient piégés dans cette machine. Le capitalisme crée des entrepreneurs individuels désespérés, prêts à tout pour survivre dans l’arène, quitte à écraser l’autre. Et nous, spectateurs ? Nous sommes les consommateurs de ce cirque. Comprimés par les exigences de rentabilité du marché, on a besoin de divertissement facile. Mais comment peut-on trouver ce genre de contenu divertissant ? L’extrême individualisme qui est produit par le capitalisme (la mise en compétition perpétuelle, le manque de temps pour prendre soin, la division du prolétariat en fonction de sa couleur de peau, etc.) rend ces contenus d’une extrême violence, divertissants. Et pour le Capital c’est de l’argent dans la machine, alimentée par le don, le like qui finance, le fait de regarder. Le capitalisme transforme la souffrance en spectacle et notre ennui en complicité, alors que les conséquences, on l’a vu, sont bien réelles.

II. Kick, le Far West lucratif : une modération volontairement absente
Derrière le drame, il y a une plateforme bien précise : Kick. Et sa stratégie n’est pas un secret : se poser en alternative « libérale » à Twitch en promettant des taux de rémunération plus alléchants… et une modération bien plus laxiste. Son business model est cynique et clair : attirer tous ceux qui se sentent bridés ailleurs par des règles, aussi minimales soient-elles, en leur offrant un cadre où tout, ou presque, est permis pourvu que ça génère de l’audience. Cette structure incarne parfaitement le modèle capitaliste de l’économie numérique : capter la valeur créée par des milliers de travailleurs précaires (les streamers) tout en refusant toute responsabilité quant aux conditions de cette production.
Kick mise délibérément sur le choc et la transgression comme arguments marketing. Dans cette course au profit, la modération n’est pas juste un « coût » qu’on cherche à réduire (comme chez Twitch), elle est un frein actif à la « liberté » qui fait vendre. C’est un calcul froid et assumé : la plateforme se construit volontairement comme un espace de non-droit numérique, un Far West où la violence et l’exploitation de l’humain sont les produits d’appel. Elle loue des emplacements (les chaînes) à des marchands indépendants (les streamers) et prend sa commission sur chaque don, sans aucun regard éthique sur les conditions de production du « contenu ». L’État, à la botte des intérêts du capital, regarde ailleurs, laissant faire au nom de l' »innovation » et de la « concurrence ». La mort de Jean Pormanove est le résultat direct de cette recherche du profit maximal, qui prime sur la dignité et la vie humaine.
III. Notre colère face à l’abandon des précaires : le capitalisme fabrique de la vulnérabilité et de l’isolement
Camarades, c’est là que le drame nous frappe le plus personnellement, car il révèle une vérité que beaucoup d’entre nous sentons confusément sans toujours la nommer. Ce qui est arrivé à Jean Pormanove est le résultat logique et monstrueux d’un système qui produit industriellement de la précarité, de l’isolement et de la vulnérabilité pour mieux nous exploiter et nous diviser.
Regarde autour de toi. Dans nos vies, à notre époque, la précarité n’est plus une exception, elle est devenue la règle pour toute une partie de notre génération. CDI introuvables, stages sous-payés, jobs uberisés, loyers qui flambent, aides sociales complexes et toujours insuffisantes… Le capitalisme nous maintient délibérément dans une insécurité permanente pour nous forcer à accepter n’importe quelle condition. Jean était contraint de pousser son corps et son mental dans leurs derniers retranchements pour quelques dons, exactement comme un livreur est contraint de risquer sa vie sur la route pour respecter ses temps de livraison.
Et cet isolement dont on parle tant, ce n’est pas un accident. C’est une stratégie. En détruisant méthodiquement les services publics, les associations, les lieux de socialisation gratuits et en privatisant jusqu’à nos loisirs, le système nous atomise. On nous enferme dans des algorithmes qui nous montrent ce qui nous fait peur ou nous divise, plutôt que ce qui nous rassemble. On remplace la solidarité de classe par la compétition individualiste. Dans cette solitude organisée, des personnes comme Jean, en situation de fragilité économique et sociale, deviennent des proies faciles. La vulnérabilité n’est pas une faiblesse individuelle. C’est une condition créée socialement par un système qui refuse délibérément de nous protéger, sous prétexte d’économies. Le besoin de lien, de reconnaissance, de communauté est détourné par des prédateurs qui en font un business en monétisant notre désespoir et notre isolement.
Face à cette barbarie qui se pare des atours de la modernité, les larmes et les indignations ponctuelles sont insuffisantes. Seule une rupture révolutionnaire avec l’ordre capitaliste, seule l’édification d’une société socialiste où l’humain primerait enfin sur le profit, peuvent nous extraire de cette nuit. Cette lutte ne se gagne pas seul.e. Elle exige l’organisation, la formation théorique et l’action collective. La Jeunesse pour la Renaissance Communiste en France (JRCF) est le fer de lance de ce combat sur le front des idées et dans la rue. Rejoins-nous ! Contribue à forger l’instrument de notre émancipation collective. Ensemble, organisons-nous et luttons pour renverser le capitalisme et bâtir un avenir communiste où la dignité humaine ne sera plus une marchandise.
Halte à l’exploitation capitaliste !
Vive la solidarité de classe !
Pour la renaissance communiste en France !
Joanna-JRCF












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