« Vivent les spirites, les royalistes, les aberrants, les criminels de toute espèce…
Vive la philosophie creuse et sans squelettes…
Vive le chien qui aboie et qui mord, vivent les astrologues libidineux,
vive le porno, vive le cynisme, vivent les crevettes,
vive tout le monde, mais à bas les communistes ! »
Pablo Neruda, J’avoue que j’ai vécu.
Le centenaire de la Révolution d’Octobre arrive à grands pas. Les médias le relaient à leur façon par un matraquage télévisuel de plus en plus violent dans l’endoctrinement anticommuniste. Les mensonges, omissions et absurdités s’enchaînent de manière si « décomplexée » que l’on hésite entre le drôle et le tragique. « L’Histoire immédiate » ne peut-être appréhendée et analysée qu’en explorant et comprenant objectivement le passé.
Or, si le révisionnisme historique des « médiacrates » et de l’oligarchie fut de tout temps, il atteint un sommet depuis la liquidation de l’URSS, de La Trinité du mal (Vladimir Volkoff, 1991) à « Apocalypse Staline » (2015), il suffit de regarder les nombreux titres des ouvrages et des documentaires télévisuels sur le sujet pour constater que les auteurs rivalisent d’imagination dans la vaste opération de « lavage de cerveau » entreprise auprès du peuple en ce qui concerne la Révolution russe, l’URSS et plus globalement le communisme.
Désormais, avec le plus grand flegme du monde, l’Histoire « officielle » s’interroge : « qui de Staline ou d’Hitler était le pire ? » (et pour elle, ils se valent… surtout Staline !). Rien de nouveau depuis les propos d’André Glucksmann ne voyant dans les nazis que de « vulgaires imitateurs du fascisme soviétique». Après la peste brune, l’Europe aurait donc été victime de la peste rouge. Quant au rôle des Russes dans la défaite nazie, il a été curieusement « vaporisé ». Quoi d’étonnant donc à ce que, selon la récente étude d’IFOP, en mai 2015, seulement 23% des Français considèrent que l’URSS a contribué à la défaite de l’Allemagne nazie, contre 57% en 1945. Pour mémoire, le Général de Gaulle en voyage d’Etat à Moscou en 1966 avait au contraire franchement reconnu la contribution principale que la « Russie soviétique » avait apportée à la libération de la France…
Avec une telle inversion de la réalité historique, on ne s’étonnera pas d’une absence totale de débat sur les racines de la Révolution d’Octobre, ni de ses suites. A en croire la sacro-sainte histoire « officielle », elle aurait réussi sans le peuple et par la seule et folle volonté de quelques bouchers sanguinaires. Peut-on sérieusement penser que l’insurrection aurait abouti si les masses n’avaient pas été prêtes à s’insurger dans toute la Russie. Comme le dit John Reed, « Le succès des bolchéviks n’a qu’une seule explication : ils ont réalisé les vastes et simples aspirations des plus larges couches du peuple qu’ils appelèrent à démanteler et à détruire le monde ancien pour entreprendre ensuite, tous ensemble, dans la fumée des ruines écroulées, l’édification de la charpente d’un monde nouveau ». Ce monde nouveau, cela a notamment été la proclamation de la paix, le don des terres aux paysans, l’abolition de la propriété privée des moyens de production, l’égalité homme/femme. Toutes les grandes avancées sociales et industrielles d’une Russie libérée du tsarisme ont été jetées aux poubelles de l’Histoire.
Si loin, si proche, l’étrange silence des manuels d’Histoire pour nos lycéens traduit l’acharnement des tenants de la pensée unique pour faire oublier le rôle majeur, en France, des militants communistes dans les grandes conquêtes sociales du XXème siècle et dans la sauvegarde de l’indépendance du peuple : Sécurité Sociale, réduction du temps de travail, égalité des sexes, mais aussi large résistance face à l’envahisseur nazi, combat pour la paix mondiale et la véritable démocratie !…
L’oligarchie réécrit l’Histoire et, sous d’autres termes, fait de l’impérialisme l’idéologie victorieuse. Dans cette ambiance puante où l’élection d’Emmanuel Macron ne va pas nous aider à retrouver la Mémoire bientôt perdue, voici quelques conseils de lecture avec des auteurs à l’intérêt et au travail magistraux, à une époque où, plus que jamais, pour emprunter les mots d’Annie Lacroix-Riz, « la connaissance historique a la vertu de rendre imperméable à la propagande parce qu’elle en démonte tous les mécanismes ».
Réapproprions-nous l’Histoire, la vraie !
Laurie-JRCF
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