L’université ne cesse de s’éloigner des milieux populaires.

par | Août 29, 2018 | Luttes | 0 commentaires

Une récente enquête de l’UNEF montre qu’en 2018, le coût de la vie étudiante a augmenté, une nouvelle fois, par rapport à l’année précédente. En moyenne, ce sont désormais 837,72 euros par mois que les étudiants vont devoir dépenser. Le reste à charge annuel augmente de 130 euros ! Évidemment, les plus touchés sont à nouveau les plus précaires…

Comment l’expliquer ?

Le coût des loyers joue beaucoup, car celui-ci connaît une hausse importante dans de nombreuses villes. On peut citer Nanterre où la hausse des loyers approche les 5 % en 2018. Les transports et les restaurants universitaires coûtent également davantage. Une partie des étudiants (les non-boursiers de moins de 20 ans) voit même leurs dépenses augmenter à cause de la récente suppression du régime de sécurité sociale étudiant. Pour 56 % des étudiants, cette hausse est plus importante que l’inflation, ce qui signifie qu’ils s’appauvrissent plus rapidement que le reste de la population.

Dans le même temps, les aides sociales apportées aux étudiants sont à bout de souffle. Ce sont en effet 73 % des étudiants qui ne sont pas éligibles à l’obtention d’une bourse. Avec la diminution et le gel des APL, ce sont les étudiants les plus précaires qui ressentent le plus lourdement l’augmentation du coût de la vie. C’est le cas des boursiers échelon 5 en Cité U d’Île-de-France qui connaissent une augmentation de leurs dépenses de 4,14 % ! Pour beaucoup, les étudiants ne peuvent se reposer sur la solidarité familiale pour assurer ces charges. Ce sont alors 46 % d’entre eux qui vont travailler (et certains ne se limitent pas à un mi-temps). 50 % de ceux-ci ne peuvent pas se passer de cet emploi. Or, nous savons qu’exercer une activité professionnelle pour assurer ses études est la première cause d’échec scolaire.

Que doit-on craindre ?

Les milieux populaires sont donc peu à peu éloignés de l’enseignement supérieur. Ils seront ceux qui souffriront le plus de l’éloignement par rapport à leur lieu d’étude.* Ce sont également ceux pour qui l’obtention d’un emploi est cruciale. Ainsi, ils cumulent de nombreux facteurs d’échec. Si les aides sociales ne sont pas revalorisées, cet écart entre la capacité d’étudier dans de bonnes conditions d’un étudiant précaire et celle d’un étudiant plus aisé ne fera que s’accroître.

Nous devons aussi replacer cette hausse du coût de la vie étudiante dans le contexte de la sélection à l’université mise en place cette année par le gouvernement Macron. Ce revirement idéologique vis-à-vis de l’accès à l’université française nous fait craindre un revirement idéologique vis-à-vis de la condition d’étudiant. Va t-on voir se développer une pensée similaire à la pensée étasunienne, qui laisse aux travailleurs de demain l’entière responsabilité d’assumer financièrement leurs très coûteuses études, condamnant ainsi les classes populaires à ne pas faire d’études supérieures, mais remplissant généreusement les poches de quelques capitalistes ravis de l’endettement titanesque du pays ?

Cela pose des problèmes profonds. Cette inégalité face aux études représente une inégalité dans les diplômes, condamnant davantage les prolétaires à la sous-qualification et à l’exploitation. Nous ne pouvons pas nier le profond malaise que nous inspire une situation dans laquelle les précaires seraient écartés de la vie intellectuelle. Plus qu’un pur soucis de morale, nous avons aussi besoin que la classe prolétarienne soit représentée à l’université, car elle seule peut réellement défendre (et non pas l’utiliser pour le profit et la pervertir) le savoir acquis de l’Humanité. 

L’enquête de l’UNEF : http://unef.fr/wp-content/uploads/2018/08/Enqu%C3%AAte-sur-le-co %C3%BBt-de-la-vie-%C3%A9tudiante-2018-.pdf

*Cela ne signifie bien sûr pas qu’ils n’étudieront pas. En Angleterre, le coût des études est prohibitif, mais les étudiants sont en augmentation chaque année. Simplement, ce système continue grâce aux crédits accordés par les banques aux étudiants qui s’endettent sur plusieurs générations… Et nous avons déjà pointé sur ce blog le danger imminent de voir ce système adopté en France !

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