Théorie : le matérialisme dialectique au coeur des lumières modernes

par | Oct 25, 2018 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

Georges Gastaud

Bouté hors de l’Université, rallié par les « marxiens » et par les « marxologues » qui excommunient Lénine, méprisent Politzer et dédaignent Engels, le matérialisme dialectique n’a plus la cote. Il est même en danger de mort dans l’enseignement français où fort peu d’enseignants nouvellement formés ont vraiment approché les classiques du marxisme et où certains croient même de bonne foi que l’expression « matérialisme dialectique », qui provient d’Engels, est une invention dogmatique de l’affreux Staline. Il est vrai que l’héritage du dia-mat (pour dialectique matérialistedes années trente à à cinquante est pour le moins contrasté. D’un côté, l’U.R.S.S. des années 1930/1950 a le mérite d’avoir popularisé et quasiment « mondialisé » le matérialisme dialectique. C’est le fameux texteMatérialisme dialectique et matérialisme historique, signé par Staline, sans parler du très pédagogique recueil Principes élémentaires de philosophie qui reprend les notes de Politzer à l’Université ouvrière créée par le jeune P.C.F.

L’opuscule de Staline résumait à grands traits les « lois » de la dialectique matérialiste, montrait l’opérativité militante et scientifique des notions dialectiques de saut qualitatif, de contradiction motrice, invitait les ouvriers bolcheviks à distinguer entre l’idéalisme – cette arme théorique des classes dominantes – et le matérialisme, cette tendance philosophique qui porte la conception scientifique du monde et qui lui permet d’abattre les conceptions irrationalistes de la nature et de la société. Or, on ne saurait mépriser le fait culturel majeur qu’a été, mondialement, cette appropriation de la philosophie marxiste par des millions de prolétaires et de paysans devenus grâce à cela des acteurs théoriques de la vie politique et culturelle (chose que n’ont jamais supporté les « élites »…). Comme l’écrivait le marxiste italien Antonio Gramsci,

« Créer une nouvelle culture ne signifie pas seulement faire individuellement des découvertes « originales », cela signifie aussi, et spécialement, répandre de façon critique les découvertes déjà faites, les « socialiser » pour ainsi dire, et par conséquent, faire qu’elles deviennent autant de bases pour des actions vitales, en faire un élément de coordination d’ordre intellectuel et moral. Qu’une masse d’hommes soit conduite à penser de façon cohérente et sur un mode unitaire le réel présent, c’est un fait « philosophique » bien plus important et « original » que ne peut l’être la trouvaille, de la part d’un « génie » philosophique, d’une vérité nouvelle et qui reste le patrimoine de petits groupes intellectuels ».

Par conséquent, ceux qui dénigrent l’apport philosophique de cette époque ne sont en réalité ni marxistes ni « gramsciens », comme il est aujourd’hui à la mode de se proclamer…

Mais d’un autre côté, un certain « diamat » de l’époque stalinienne a outrancièrement simplifié, et surtout, dogmatisé, la fulgurante Dialectique de la nature d’Engels. Il l’a notamment amputée de ses fondements logiques et conceptuels et de son ancrage hégélien. Cette tradition théorique a également écarté la catégorie dialectique décisive de « négation de la négation » et surtout, ce texte a été traité, dans un contexte politique terrible (encerclement fasciste de l’URSS, marche à la guerre mondiale) comme une sorte de catéchisme scientiste relevant de l’évidence empirique et donnant par avance réponse à tout en prescrivant à la science ce qu’il fallait penser avant même qu’elle se livre aux recherches nécessaires. Staline écrivait pourtant son essai dans des buts politiques et pédagogiques (son texte est un chapitre du manuel d’histoire du P.C (b.) US). Mais nombre de ceux qui l’ont lu à cette époque ont transformé son bref exposé en bible marxiste permettant de juger sommairement de toutes les avancées de leur époque : de la Relativité comme de la Mécanique quantique, de la génétique mendélienne comme de la psychanalyse alors que pour le marxisme, la vérité dépend du critère de la pratique et non de la conformité à un texte, quel qu’il soit. Cette manière religieuse de procéder allait à l’encontre de ce que conseillait Engels : « à chaque découverte faisant époque, le matérialisme doit changer de forme »… Impulser le transformation permanente du marxisme selon sa propre ligne matérialiste et de classe, mais en intégrant les découverte scientifiques, c’est précisément ce qui est nécessaire pour ne pas dévier sur son contenu de principe et pour éviter de choir dans l’idéalisme et dans le révisionnisme théorique (rejet des principes marxistes) sous couvert de « modernité » : il faut en un mot dialectiser en permanence le matérialisme et matérialiser en permanence la dialectique. Au contraire des orientations dogmatiques, le livre classique de Lénine Matérialisme et empiriocriticisme faisait droit à la révolution scientifique de son temps en voyant dans ses aspects nouveaux, voire paradoxaux – un moyen d’affiner et de promouvoir la conception matérialiste de la nature. Lénine critiquait les physiciens idéalistes du début du siècle qui, parce que les conceptions de la matière évoluaient alors radicalement, prétendaient que « la matière s’évanouit » (au profit de l’Énergie, confondue avec l’Esprit). Et Lénine de montrer qu’au contraire, c’est notre conception de la matière qui est révolutionnée et élargie par le progrès scientifique car au final, « l’électron est aussi inépuisable que l’atome » (Lénine, 1908) – et il faut se garder de confondre la matière avec la conception mécaniste que l’on se faisait alors de la « masse »…

L’heure est aujourd’hui à montrer qu’en tous les domaines, le matérialisme dialectique « fonctionne », qu’il permet plus que jamais de s’orienter dans la pensée et dans l’action, comme c’est depuis toujours la tâche de la philosophie selon Kant. On pardonnera à ce bref exposé de n’évoquer « sommairement » et donc pour une part, dogmatiquement – que deux questions qui illustrent la modernité de la philosophie marxiste. Celle-ci n’est pas sortie toute armée du cerveau de Marx ; rendu possible par la dialectique hégélienne, par le matérialisme français du 18e siècle, par l’élaboration de la conception matérialiste de l’histoire forgée par Marx-Engels (matérialisme historique), nourrie du travail de Marx sur le Capital et de celui d’Engels sur les sciences naturelles de son temps, étroitement uni à la pratique révolutionnaire du prolétariat moderne, le matérialisme dialectique marxiste est la forme méthodique, enracinée dans l’étude de l’histoire mondiale des sciences, des arts et de la philosophie, du courant dia-matérialiste, l’un des plus anciens de la philosophie classique puisqu’il date – sous une forme d’abord intuitive – du pré-socratique Héraclite d’Ephèse (6e siècle av. J.-C.).

I – Petit rappel initial.

Commençons – trop schématiquement – par rappeler quelques thèses majeures du matérialisme dialectique. À l’encontre de tout créationnisme faisant de l’Esprit, ou du « Néant » la source de l’existence et des mouvements naturels (« que la lumière soit, et la lumière fut »), le matérialisme intégral qu’est la philosophie marx-engelsienne situe dans la matière la source de son propre mouvement : le monde est essentiellement « matière en mouvement », dit Engels, et il est mû par des contradictions internes que l’on peut appréhender logiquement. C’est même le rôle central de la dialectique matérialiste, explique Lénine, que de concevoir « la contradiction dans l’essence même des choses ». Non pour s’arroger un prétendu droit à « se » contredire – on finit toujours par se contredire quand au contraire on ne prend pas en compte tous les aspects objectivement contradictoires d’une situation ! – mais pour saisir que chaque processus de la nature ou de la société, chaque idée humaine ne se détermine qu’en se liant et qu’en s’opposant à la fois à son contraire, à ce qui la nie, la limite, la circonscrit et lui donne en quelque chose son identité en développement : c’est ce que les marxistes appellent «  la lutte et l’unité des contraires ». Puis, après s’être confrontée à ce qui n’est pas elle, à ce que les biologistes appellent le « non-Soi », après l’avoir en quelque sorte digéré (ou après avoir été digéré par lui, ou les deux à la fois!), le processus ou la chose ainsi transformés se reproduit à un niveau plus large selon le processus finalement étudié par Hegel, et que l’on retrouve sans cesse dans Le Capital : celui de l’affirmation de soi contre autre chose, de la négation de et par cette autre chose, et de la négation de la négation, qui reconduit l’affirmation à un niveau plus élevé. Par exemple, le capitalisme commence par exproprier les petits producteurs paysans et artisans du Moyen Âge pour créer la grande industrie. Mais ce faisant, il socialise, mondialise et collectivise la production et les échanges, il élargit la classe travailleuse (qui ne se limite nullement aux « cols bleus ») et il crée les bases de la révolution socialiste, par laquelle les prolétaires à leur tour, socialisent la production en « expropriant les expropriateurs » capitalistes : et le fait que les nouveaux prolétaires ne se rendent pas compte sur le champ de leur nouvelle situation de classe ne fait que rendre plus urgente l’intervention du parti d’avant-garde et du syndicalisme de classe !

Cette manière de présenter les choses dans leur mouvement, de saisir la dynamique et la logique intime de chaque processus, conduit à voir les choses dans leur interconnexion constante : aucune chose n’existe isolément, tout est engagé dans des processus plus larges et, à la limite, infinis. La dialectique ne pense donc pas le « progrès » comme un processus purement linéaire, à la manière des philosophies bourgeoises du 19e siècle (Condorcet ou Auguste Comte par ex.), elle ne tombe pas non plus dans le travers inverse qui est de nier la possibilité du progrès en se représentant le temps qui passe comme un cercle (cf la banalité selon laquelle « l’histoire est un éternel recommencement »), mais plutôt comme une spirale où la ligne du développement passe par des régression partielles, par des « reculer-pour-mieux-sauter » ; l’affirmation est alors suivie d’une négation qui, à son tour, est niée (c’est ce que Hegel appelle « la négation de la négation »à et produit un nouveau progrès intégrant les éléments positifs apportés par la négation (= une rectification). Ainsi peut-on concevoir la contre-révolution non pas comme la « fin de l’histoire », mais comme un processus se niant lui-même (au final la re-mondialisation contre-révolutionnaire du capitalisme aggrave les contradictions du système capitaliste) et invitant les révolutionnaires à intégrer à leurs luttes d’avenir la prise en compte critique, mais non renégate, de l’expérience socialiste passée ».

Le progrès, le changement ne s’opèrent pas seulement en continu, par évolutions graduelles. Car lorsque les rapports quantitatifs à l’intérieur d’une réalité donnée provoquent un basculement – par ex. quand le « double pouvoir » résultant en Ukraine de l’affrontement entre les néonazis pro-U.E. et les mineurs antifascistes du Donbass et soutenus par la Russie capitaliste en vient à un certain degré, la conciliation devient impossible, il faut que « ça tombe » d’un côté ou de l’autre, que les choses basculent vers l’instauration d’une Ukraine pan-fasciste englobée par l’O.T.A.N., ou bien vers une révolution populaire, ou bien encore vers une modification de frontière entre l’Ukraine néofasciste et la Russie postcommuniste, etc. Bref, parvenus à un certain seuil, les changements quantitatifs donnent lieu à de brusques changements qualitatifs : une situation radicalement neuve (bonne ou mauvaise, révolutionnaire ou contre-révolutionnaire…) finit par émerger.

Pour saisir ce qu’est un saut qualitatif, on peut aussi prendre l’exemple des rapports entre nature et culture. Tantôt l’idéalisme, influencé par les religions judéo-chrétiennes, prétend qu’il y a une rupture totale entre l’animal et l’homme, entre la nature (animale) et la culture (humaine), niant ainsi ce que la science, notamment la paléontologie, nous apprend, à savoir que l’homo sapiens actuel est une évolution de primates passant progressivement à la station debout et transformant de la sorte leur rapport à l’environnement naturel. Tantôt, la pensée anti-dialectique affirme qu’il n’y a « aucune différence » entre l’homme et l’animal, que les processus culturels sont identiques chez l’homme et chez l’animal, ce qui revient à nier le caractère radicalement neuf de « l’historicité » humaine, c’est-à-dire le fait que notre humanité est construite et non donnée pour l’essentiel à la naissance, que nous sommes porteurs, non seulement d’une hérédité biologique mais d’un héritage matériel et culturel, que l’enfance humaine consiste, non pas à s’adapter à un « milieu » extérieur mais à intérioriser le monde déjà humanisé qui nous entoure (c’est en forgeant qu’on devient forgeron, pour le dire vite), bref, que les processus culturels qui se dessinent déjà chez les animaux supérieurs (où les mères, par ex., apprennent certains comportements aux petits), finissent par devenir déterminants chez l’homme : bref, comme le disaient Marx et Engels dans leur premier grand livre vraiment marxiste, L’Idéologie allemande, « on peut distinguer l’homme des animaux par la conscience, par la religion, par tout ce qu’on voudra : eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux quand ils commencent à produire leurs moyens d’existence pas en avant qui résulte de leur organisation corporelle même ».

La dialectique matérialiste qui, en résumé, exige que l’on prenne les choses à partir de leurs conditions matérielles d’existence, dans leur globalité, dans leur mouvement et dans leurs contradictions, permet aux marxistes d’appréhender le réel globalement et « en mouvement », en partant des choses mêmes, par exemple en rejetant l’utopisme politique et les constructions artificielles de l’esprit. Par ex. Marx disait que « le communisme n’est pas un idéal qui devrait être créé », qu’il est au contraire « le mouvement réel qui abolit l’état de choses existant » ; autrement dit que pour le concevoir, il faut, non pas rêver d’une improbable société idéale, mais partir des contradictions du capitalisme pour le révolutionner, c’est-à-dire que le communisme vivant n’est autre chose en son essence que le mouvement, aussi organisé que possible, de la lutte des prolétarienne pour une société sans classes. Ainsi, pour aller à l’essentiel, la contradiction majeure de la société capitaliste est qu’elle socialise de plus en plus la production et l’échange (combien faut-il d’interventions diverses pour produire un pot de yaourt, avec en amont les machines qu’il a fallu dessiner et construire, les vaches qu’il a fallu sélectionner, élever, traire…), alors qu’elle privatise de plus en plus la richesse sociale (propriété des moyens de production de plus en plus concentrée, énormes fortunes réservées à quelques magnats, etc.).

II – On aurait tort de croire pour autant que le matérialisme se concentre sur la société sans s’intéresser à sa naissance et aux sciences qui l’étudient. D’abord, parce que si les hommes sont entrés dans l’Histoire, c’est, comme nous venons de le voir, parce que leurs ancêtres se sont mis à produire leurs moyens d’existence, par exemple leurs outils, qu’ils se les sont transmis et qu’ils les ont améliorés de génération en génération (pas toujours : il y a des régressions et le fait que l’histoire humaine ne « stocke » pas les progrès dans le corps comme faisait l’évolution naturelle, rend ces progrès fragiles!), qu’ils ont accumulé en dehors de leur A.D.N. certaines bases de leurs conditions d’existence (notamment les forces productives et les savoirs qui les rendent opérationnelles), donc aussi leur façon de se rapporter les uns aux autres à l’occasion du travail social, de se diviser le travail, d’échanger, éventuellement aussi de s’exploiter les uns les autres en accaparant les moyens de produire , donc aussi d’échapper pour une part à la très lente évolution des espèces vivants, d’hériter de comportements, de langages et de savoirs (c’est l’éducation, conscience et inconsciente) et de les ré-élaborer sans cesse. Sans tout cela il n’y aurait pas d’histoire humaine, distincte de l’évolution biologique. Et tout cela serait évidemment impossible si l’évolution naturelle des espèces, par une contradiction qui est bel et bien « pré-historique », n’avait pas permis l’apparition d’une ou plusieurs espèces de primates qui, de par leur anatomie (naturelle), redressement vertébral, main libérée de la locomotion et dotée d’un pouce opposable, pied spécialisé dans la marche et la course, développement crânien et encéphalique, etc., sont devenus capables de sortir de l’ordre naturel et de créer la culture en produisant des objets humains extérieurs à leur corps (avec les apprentissages qui vont et la capacité, idéalement, pour chaque génération, de partir de ce qui lègue la précédente).


Les contradictions de la société sont donc ancrées dans celles de la nature puisqu’au fond, c’est la nature qui se nie et qui se dépasse elle-même par le truchement de la société humaine (laquelle, à notre époque, doit se soucier de reproduire artificiellement les conditions naturelles de la vie sociale puisque le capitalisme a fini par polluer tellement l’air, la terre et l’eau que la société est menacée de mort).

C’est pourquoi la dialectique matérialiste est pleinement chez elle dans les sciences de la matière et du cosmos, comme dans les sciences biologiques. Pour nous en tenir aux premières, le matérialisme dialectique est aujourd’hui indispensable pour dégager ces sciences des apories (= des embarras logiques) qu’elles rencontrent à chaque pas si elles refusent de philosopher. Il n’est que de lire les revues scientifiques pour voir combien elles s’empêtrent sans arrêt dans une conception datée de la matière et comment, dans ces conditions, ces joyaux de la pensée moderne qui devraient permettre une avancée générale de la rationalité critique, donnent involontairement des débuts de l’univers, ou « d’annihilation de la matière et de l’antimatière », comme si le néant pouvait créer quelque chose ou comme si quelque chose pouvait brusquement disparaître sans laisser de restes dans le triangle des Bermudes du néant… Qu’il soit question du « Big-bang », du « Vide quantique », combien de pseudos-savants nous expliquent-ils que le vieux principe matérialiste d’Antoine Lavoisier, fondateur de la chimie moderne au 18e siècle (« rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »)serait périmé parque que, dans certaines conditions, des masses physiques disparaissent, diminuent ou s’accroissent. Comme si « la matière » en général se limitait à la matière DOTÉE D’UNE MASSE, comme si le vide quantique n’était rien (il est bourré de « particules virtuelles » qui surgissent et s’annulent aussitôt), comme si l’énergie était immatérielle, comme si en sens inverse la matière était une pâte amorphe et dénuée d’énergie… Pourtant, la physique nucléaire a montré depuis Einstein que « E = m.c² », que par conséquent les quantités de masse et d’énergie – qui fonctionnent en duo ! – peuvent varier l’une et l’autre, mais que leur somme reste invariante, ce qui donne raison à Lavoisier et tort aux Harry Potter du créationnisme pseudo-scientifique. Alors que dans les années 30 et 50, beaucoup d’Occidentaux interprétaient le big-bang – cette gigantesque explosion qui a provoqué l’expansion des galaxies – comme une création du monde à partir de rien, des théoriciens de la physique des particules et des cosmologistes font l’hypothèse d’un « grand rebond » par lequel l’univers se contracte d’abord, devient minuscule, modifie ce faisant toutes ses conditions d’espace et de temps (sa « géométrie »), et parvenu à un certain seuil, se dilate à nouveau en produisant une chaleur inouïe. En bref, il faudrait cesser de confondre « la » matière avec l’une de ses multiples formes plastiques, de même qu’il est absurde d’opposer la matière au temps et à l’espace comme si la matière en mouvement pouvait exister sans espace-temps ou comme si l’espace-temps était… une vue de l’esprit ! Il convient plutôt d’analyser les transformations de la matière dans leurs polarités dialectiques : continuité du « champ » et discontinuité des particules, unité du vide quantique, de ses « fluctuations » et de l’émergence de la matière, unité contradictoire du réel et du « virtuel ». comme y invite depuis longtemps le physicien marxisant G. Cohen-Tannoudji, il faut même étudier ensemble la cosmologie, science de l’univers considéré comme un tout – et la physique de l’élémentaire et c’est la seule manière de comprendre dans sa globalité la « matière-espace-temps ».

III – Pour prendre un exemple de dialectique matérialiste dans un tout autre domaine, dans la sphère sociopolitique, il faut considérer tout autrement qu’on ne le fait d’ordinaire le rapport entre l’universel et le particulier, et notamment les relations complexes entre l’internationalisme et le sentiment national. Déjà Jaurès disait « qu’un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, mais que beaucoup d’internationalisme en rapproche ». L’idéalisme métaphysique ambiant voudrait pourtant nous forcer à choisir entre «le » patriotisme, indépendamment de son contenu de classe, et « l’ » internationalisme, abstraction faite du caractère capitaliste de l’euro-mondialisation, ou de son caractère prolétarien (on peut comme le PRCF être 100 % pour l’Europe des luttes, pour l’internationalisation des luttes des travailleurs français, roumains, etc. de Renault et être 200 % contre l’U.E., cette dictature supranationale et fascisante visant à interdire toute marche au socialisme en Europe).

On constate alors que « le » mondialisme européiste fait bon ménage avec le nationalisme raciste car l’euro-mondialisme atlantique a besoin de diviser les travailleurs et de briser les nations, de faire alliance avec les extrémistes de droite, avec la droite dure flamande, avec les néonazis ukrainiens, avec les colonialistes préhistoriques qui règnent à Tel-Aviv : on le voit quand le Parti Maastrichtien Unique, partisan de la supranationalité et des «  États-Unis d’Europe », fomentent l’éclatement des États constitués (Belgique, France, Italie, Espagne…) en prenant appui sur des identitaires sécessionnistes. À l’inverse, c’est dans la droite ligne du CNR et du Front populaire – qui associait la Marseillaise à l’Internationale – que la classe ouvrière et les communistes qui n’ont pas renié leur histoire associent le patriotisme républicain à l’internationalisme prolétarien pour appeler la France à sortir, par la gauche, de l’euro, de l’U.E., de l’O.T.A.N. et du capitalisme.

En résumé, alors qu’une approche métaphysique – favorisée par l’éducation bourgeoise qui cultive les fausses oppositions – confronte le patriotisme (assimilé au racisme) au mondialisme (en réalité, « la communauté internationale » constituée autour de l’Axe Washington-Berlin-Riyad-Tokyo). L’approche dia-matérialiste oppose au contraire, sur des bases de classes, le patriotisme progressiste (qui animait les Soldats de l’An II, les Communards ou les FTP et autre FTP-MOI), dialectiquement uni à l’internationalisme communiste, au nationalisme xénophobe de l’U.M.’Pen, complémentaire de la très mortifère Union transatlantique en formation.

Conclusion

On pourrait multiplier les exemples dans tous les domaines du savoir ou de la création. L’essentiel est que les travailleurs conscients et les jeunes révolutionnaires ne se laissent pas désarmer idéologiquement et que, pour éviter cela, ils se réapproprient le matérialisme dialectique marxiste, ce rationalisme conséquent qui nous permet d’étudier les réalités naturelles et sociales dans son unité dynamique en transformant des contractions motrices en autant de leviers pour l’action.

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