Sur la police et la sécurité – Georges Gastaud

par | Déc 24, 2018 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

Sur la police et la sécurité - Georges Gastaud

Nous partageons un extrait d’un texte du philosophe et secrétaire nationale du PRCF, Georges Gastaud, sur la police et sur ce qui attente à la sécurité du pays, c’est-à-dire l’UE et le capitalisme.

Article original juste ici.

  1. Faut-il aimer « la police de mon pays» ? Du contenu de classe des appareils répressifs d’Etat.

Nous ne devrions pas non plus idolâtrer la prétendue « police républicaine », comme disait niaisement Robert Hue, ni la « justice de mon pays » à laquelle G. Marchais s’en remettait si naïvement pour poursuivre ses diffamateurs anticommunistes d’alors, ni à « l’école de la République »[8]. Quand nous refusons la fermeture d’un commissariat (et mieux vaut en effet préférer la police nationale aux polices municipales souvent teintées d’esprit partisan, et a fortiori les « voisins vigilants », ce vivier du FN), ce ne doit pas être en idéalisant la police bourgeoise. Nous devons réclamer haut et fort la dé-fascisation de la police, où l’extrême droite recrute ouvertement au moyen de certains « syndicats » musclés, et mettre en cause radicalement ces corps de répression de classe que sont intrinsèquement les CRS, sans parler de la BAC, dont on a vu à Marseille à quoi elle pouvait servir concrètement derrière les méthodes de cow-boys qu’elle se complait à utiliser contre les jeunes. En résumé, nous ne devons pas oublier, sous couvert d’ordre et de sécurité républicains, tout ce que le marxisme nous a enseigné de manière parfaitement démonstrative sur le caractère de classe de l’Etat bourgeois et de ses appareils répressifs (Engels, Lénine) ou idéologiques (Gramsci, Althusser). Pas question donc de fermer les yeux sur les violences policières, sur le racisme d’Etat, sur les contrôles au faciès et sur l’homophobie, ni de cautionner les pratiques de flicage et de chasse à l’homme, voire de semi-pogrom qui se sont récemment développées dans le Midi sous couvert de chasse aux Roms… Ce serait oublier que l’élargissement de l’UE à l’Est européen – en clair, l’annexion, la recolonisation et la désindustrialisation massive des ex-pays socialistes par l’Allemagne capitaliste unifiée et par l’Europe de l’ouest – ont ouvert les vannes de ces flux migratoires de la misère dont la droite a aujourd’hui le culot de s’emparer pour diviser notre classe ouvrière à coup de slogans racistes ; ces habitants des quartiers populaires, il nous faut avant tout les réconcilier contre la « construction » européenne promue par le grand capital destructeur des nations constituées : bref, l’intégration de tous ceux que le système marginalise est d’abord de nature politique.

  1. Le terrain principal de la lutte pour la sécurité : le « tous ensemble » contre l’UE et le grand capital.

Enfin n’oublions pas que le TERRAIN PRINCIPAL de notre lutte contre l’insécurité passe par la revendication sociale fédératrice : droit au travail, au logement, aux prestations sociales, aux soins, à l’école, aux vacances, à la culture, etc. Et le principal moyen que nous ayons, nous communistes, pour faire reculer l’insécurité dans les quartiers n’est pas l’appel systématique à la police (sans forcément l’exclure non plus : il est au contraire scandaleux que la « police républicaine » se désintéresse ouvertement de certains quartiers à l’abandon où seules se risquent encore des institutrices de 22 ans !), c’est l’ACTION DE CLASSE, le maillage militant, la reconstitution du puissant réseau qu’ont pu constituer par le passé les cellules communistes et les organisations de classe portées par le Parti communiste français, alors digne de son appellation. Bref, reconstruire le parti, le syndicalisme de classe, le Front de Résistance Antifasciste Patriotique et Progressiste contre l’UE reste l’axe principal – mais pas unique – de la lutte pour la « sécurité ».

Du reste, les Sarkozy et les Valls seront oubliés rapidement par notre peuple – qu’apporteront-ils donc à notre peuple, si ce n’est plus de prisons et moins d’écoles ? – alors que tôt ou tard, l’histoire rendra justice au grand Ambroise Croizat, le ministre communiste du Travail qui, en 1945/47, mit en place les remboursements-maladies, les retraites par répartition, les comités d’entreprise, les conventions collectives nationales et le droit du travail (rien que ça !) bref, les bases socio-économiques matérielles de la SECURITE SOCIALE « à la française ».

Ajoutons qu’il ne saurait être question de réclamer l’ordre et la sécurité – comme il est si nécessaire de le faire dans ces quartiers de non-droit que la police abandonne aux trafics – sans dénoncer vigoureusement l’état scandaleux et ignoble du système carcéral : sans entrer ici dans une discussion de fond sur le bien-fondé de la prison, il faut rappeler que la peine prononcée contre un condamné consiste dans la privation de liberté et non pas dans l’enfermement 22 heures sur 24 dans des cellules sales et surpeuplées, dotées de « toilettes » dégueulasses, mêlant les pires caïds aux primo-délinquants et condamnant de fait chaque année des centaines de jeunes au suicide en prison ou à la contamination par le Sida, alors même que nos bobos vite satisfaits se satisfont de la prétendue abolition de la peine de mort par Saint-Badinter, l’homme qui valide tous les diktats antisociaux de l’UE dans le cadre du Conseil constitutionnel !

Disons pour finir qu’une réflexion sur l’ordre doit être posée dans une perspective clairement dialectique. Non seulement l’ordre d’une société socialiste « juste » diffère de l’ordre capitaliste par le fait qu’il sert la classe laborieuse et non les capitalistes, mais il doit nécessairement intégrer – étant un ordre progressiste, donc en mouvement – une dimension de désordre et d’anarchie bien tempérés s’il est vrai que le but final du socialisme est de mettre au monde une société communiste au sens plénier du mot : une « société sans classes » dans laquelle l’Etat « politique » s’éteindrait peu à peu (Marx, Engels, Lénine n’ont cessé d’y insister), se doit d’offrir à chaque collectif communiste, à chaque travailleur, un maximum d’initiative politique, idéologique et culturelle. Mais cette créativité ne saurait être mise au service du « chacun pour soi et du profit pour qui pourra » ; elle serait évidemment mise au service du développement général des capacités de chacun et de ce que Babeuf, fondateur du communisme moderne, appelait le « bonheur commun ». Ce serait là le lieu de développer une réflexion sur les rapports entre la planification et l’autonomie de gestion dans le cadre de la propriété sociale des moyens de production (se pose aussi bien sûr, comme on le voit à Cuba, la question d’une part subordonnée de l’économie réservée, du moins dans un premier temps, au « marché »), mais une telle réflexion sortirait, comme chacun le comprendra aisément, des limites prescrites à la présente réflexion, et peut-être d’ailleurs des compétences économiques de l’auteur.

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