Les problèmes de l’économie cubaine

par | Mar 14, 2019 | International | 0 commentaires

Cuba socialiste engrangeles réussites dans de nombreux domaines comme la santé, l’éducation, l’agriculture écologique, l’alphabétisation ou encore la culture, mais cela ne l’empêche pas de connaître différents problèmes économiques dont la cause principale est toujours le blocus infâme que lui font subir les États-Unis.

Lors de notre voyage à Cuba, nous avons pu discuter avec l’Association Nationale des Économistes et Comptables de Cuba (ANEC), qui fête ses 40 ans cette année et qui travaille régulièrement avec le Parlement et le gouvernement cubain. Très présente sur l’île (79000 membres, ce qui en fait l’une des plus grandes ONG de Cuba), son président est Ramon Labanino, l’un des cinq héros cubains ayant été arrêté par les États-Unis pour leur contre-espionnage (qui avait pour but de stopper les attaques terroristes sur Cuba). L’ANEC nous a fait le privilège de nous donner quelques indications sur l’économie cubaine que nous avons décidé de partager avec le plus grand nombre.

Le développement de l’économie cubaine 

Tout d’abord, on ne peut absolument pas parler des problèmes économiques de Cuba sans parler de l’élément majeur qui détermine presque toutes les relations économiques de l’île socialiste : le blocus que font subir les États-Unis à Cuba depuis 1962.

On l’oublie souvent, mais les pertes dues au blocus s’élèvent à 12 millions de dollars par jour ! L’année dernière, cela représentait 4,32 milliards de dollars. Au prix de l’or sur le marché international au début du blocus, cela représente une perte de 822 milliards de dollars. Aux prix actuels, cela représenterait plutôt 134,5 milliards de dollars.

Cependant, les pertes économiques peuvent être aussi dû à des facteurs internes : des conditions météorologiques (l’ouragan Irma à tout de même fait des gros dégâts, obligeant l’Etat à mettre l’argent plutôt dans la reconstruction de bâtiment endommagés et détruits que dans la construction de nouvelles habitations), une baisse de la productivité au travail, une insuffisance des investissements dans l’équipement, un manque de formation économique des dirigeants économique de l’île, les migrations internes (exode rural que tente de freiner le gouvernement*) et externes (véritable politique de vol des cerveaux de la part des Etats-Unis) ou encore le problème de vieillissement de la population.

Revenons un peu sur ce dernier point. Cuba a littéralement un problème, en ce sens, de pays développés. La médecine et le niveau de vie étant particulièrement bons pour un pays dit sous-développé (encore une fois, les Cubains ne meurent pas de faim, contrairement au mythe de la famine cubaine très présent dans la propagande anticommuniste), la population vit plus longtemps. Un exemple très simple : l’âge moyen des actifs est passé de 1970 à 2012 de 22,4 ans à 39,5 ans. La population vieillissante implique de mettre plus de moyens dans les dépenses sociales, le gouvernement cubain n’ayant pas pour but, contrairement au gouvernement français, d’abandonner leurs personnes âgées à la misère. Ensuite, cette baisse s’explique aussi parce que les femmes cubaines préfèrent avoir des enfants après 30 ans et pas plus de deux.

Le modèle économique Cubain

Nous pouvons en effet parler longuement des problèmes de Cuba, mais nous devons essayer de comprendre un peu mieux le modèle économique de Cuba.

Tout le monde l’aura compris, l’économie cubaine est en grande majorité socialiste. Les principaux moyens de production sont dans la propriété sociale du peuple et maintiennent tous les avantages sociaux obtenus par la révolution. L’économie est planifiée (un gros mot dans la bouche de n’importe quel représentant de l’Union européenne) ! Les entreprises socialistes de l’État doivent être les plus productives de tout Cuba et contribuer le plus à l’économie cubaine, elles participent d’ailleurs entre 85 et 87% au PIB du pays.

À côté de cela, nous avons le système des coopératives, dont la productivité et la performance économique est la meilleure de Cuba. On la retrouve surtout dans le domaine agricole, mais aussi dans le domaine des transports **.

Il existe une forme de propriété privée reconnue à Cuba par la nouvelle constitution et elle s’applique à de nombreuses petites activités comme les taxis, les restaurants, les cafés, etc. L’État laisse à la propriété privée ces petites activités pour pouvoir mieux se concentrer sur les secteurs stratégiques et sur la globalité de l’économie. In concreto, l’éducation, la santé et l’accès à internet. L’un des défis pour les cubains c’est de pouvoir harmoniser la gestion des différentes formes de propriété afin de les faire toutes contribuer aux objectifs de l’économie planifiée.

Cependant, insistons là-dessus, l’un des autres enjeux économiques important, c’est de ne laisser personne en état de nécessité à cause du développement économique ! Afin de répondre à certaines choses qui pèsent sur leur économie, ils essayent d’améliorer la productivité et la motivation au travail, notamment par une répartition plus équitable du profit et en permettant aux salariés de recevoir éventuellement un salaire au mérite (plus précisément une sorte de prime).

Les économistes Cubains ont fourni des objectifs très précis à atteindre :

  • Avoir un développement soutenable qui permet l’autonomie énergétique et alimentaire. Par exemple, en passant de 5% d’énergie renouvelable (solaire, biomasse et éolien) en 2019, à 24,8 % en 2030.
  • Mieux utiliser les travailleurs qualifiés.
  • Augmenter les capacités de concurrence des produits cubains sur le marché mondial. Un exemple assez simple de ce problème dans les produits cubains, ce sont les pots de miel. Ils n’ont rien à voir avec les pots de miel français. Le miel cubain est un produit de qualité gustative mis dans des grands pots en verre. Ils nourrissent certainement bien, mais ils sont mal présentés ! La conséquence, c’est que, quand Cuba vend ses pots à la République dominicaine, celle-ci met le miel dans des petits pots plus présentables pour la population dominicaine. Les grands pots de verre cubains sont ensuite revendus… à Cuba ! Entraînant ainsi la baisse, voire l’absence de bénéfice sur la vente. Cuba tente également d’améliorer son propre raffinage du pétrole qu’elle cherche également à exploiter. À ce sujet, l’île est toujours beaucoup trop dépendante du Venezuela bolivarien.
  • Améliorer la production de biens et de services.

En conclusion, les Cubains sont bien conscients des difficultés qu’ils ont. La réalité est bien loin de la propagande anticommuniste de la famine et de la pénurie, comme nous autres, en tant que délégation JRCF avons pu remarquer dans un supermarché de La Havane. Ils essayent en tout cas de remédier à leurs problèmes tout en gardant à l’esprit une ferme volonté d’améliorer le socialisme, et non de l’abandonner, comme plusieurs personnes l’espèrent vainement.

*Exemples sur la politique rurale que Cuba met en place pour essayer de rééquilibrer la ville et la campagne : investissement dans les services et les loisirs à la campagne, distribution de terres non cultivées à des paysans qui la cultivent pour eux, ces nouveaux paysans choisissent seuls ce qu’ils veulent cultiver, puis le gouvernement aide les paysans dans l’achat de combustibles ou d’aliments pour l’élevage.

** Dans le détail, il existe une combinaison de plusieurs formes de systèmes agricoles.

Au triomphe de la révolution, on a distribué des portions de territoires à différents producteurs qui ont été regroupés en Coopérative de Crédits et de Services.

Les Coopératives agricoles étaient réparties entre ces CCS et ces BUPC (unité de base de productions coopératives).

Les unités de base étaient au début des entreprises de l’État, dont les terres ont été plus tard « données » aux employés pour les cultiver. Ces derniers vendent une partie de la production à l’État et jouissent des mêmes privilèges que les autres formes de coopératives.

Il y a 5 formes de gestion de la production agraire : 1) les producteurs isolés ; 2) les CCS ; 3) les coopératives de productions agricoles ; 4) l’UBPC; 5) la propriété de l’État qui se gère par le biais de grandes entreprises de l’État (20% de la production totale alimentaire).

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