Chers camarades, chers amis,
J’interviens ici pour les JRCF, les jeunes militants du PRCF, et cette intervention va porter sur l’Internationale des Jeunes Communistes et sur l’adhésion à cette dernière, en 1920, de la Jeunesse Socialiste qui deviendra par la suite la Fédération Nationale des Jeunesses Communistes de France.
Qu’est-ce donc que l’IJC, l’Internationale des Jeunes Communistes ?
Pas toujours bien connue, cette organisation internationale regroupa durant 24 ans, de 1919 à 1943, les organisations de jeunesses des partis membres de l’Internationale Communiste. Elle sera le «lieu» d’affrontements théoriques sur les stratégies à adopter, notamment sur les questions relatives aux relations entre les organisations de jeunesse et les partis communistes, ou encore sur l’évolution de la stratégie «classe contre classe» à celle de «front populaire» qui permettra aux jeunes communistes, notamment dans le domaine sportif, d’affronter aux côtés des jeunes ouvriers non-communistes, et non pas face à eux, la domination des clubs de sport bourgeois.
Trouvant ses origines dans l’Union Internationales des Organisations de Jeunesse Socialiste, l’UIOJS, cette dernière fut, de la même manière que la 2ème Internationale, ou Internationale Socialiste, secouée par la 1ère guerre mondiale et par le ralliement d’un certain nombre de militants et d’organisations à la politique d’«Union Sacrée» guerrière et au chauvinisme.
Les jeunes socialistes opposés à la guerre, alors basés en Suisse, essaient de rassembler leurs forces internationales sur de nouvelles bases antimilitaristes. S’ils ne suivent pas encore les appels de Lénine à la guerre civile révolutionnaire, ils ont rapidement acté le besoin de recréer l’Union Internationale des Organisations de Jeunesses Socialistes de manière indépendante vis-à-vis des partis ayant rejoint l’«Union Sacrée».
Cela est fait en 1918, avant la fin de la guerre. Néanmoins, cette nouvelle Internationale des jeunesses socialistes, bien que totalement antimilitariste, ne parvient pas à se mettre d’accord sur la stratégie à adopter pour en finir avec la guerre qui broie les prolétaires et la jeunesse. Certains, désignés comme « centristes » en appellent à un arbitrage international, d’autres, plus inspirés par la révolution d’Octobre, par les discours et par les écrits de Lénine et des bolcheviques, en appellent à militer pour la guerre civile révolutionnaire et la révolution internationale afin de combattre le capitalisme-impérialisme fauteur de guerre.
C’est en novembre 1919 à Berlin, huit mois après la création de l’Internationale Communiste à Moscou, lors de la première conférence d’après-guerre de l’UIOJS, conférence clandestine dans une Allemagne qui interdit encore le Parti Communiste Allemand à la suite de l’insurrection spartakiste, que celle-ci décidera de se renommer Internationale des Jeunes Communistes.
Comme je le disais, et je vais faire vite sur ce point, les premières années furent marquées par des débats parfois plus que houleux entre les tenants de l’indépendance des organisations de jeunesse vis-à-vis des partis communistes et ceux défendant l’idée qu’elles doivent être placées sous la direction et le contrôle des partis.
Cette seconde option prendra le pas en étant adoptée lors du troisième congrès de l’Internationale Communiste et par le deuxième congrès de l’Internationale des Jeunes Communistes qui se tiennent au même moment à Moscou, par la «Résolution sur l’Internationale Communiste et le mouvement de la jeunesse communiste».
Pour résumer cette résolution, il est ainsi exprimé au point six que l’« Une des tâches les plus urgentes et les plus importantes des jeunesses est de se débarrasser de tous les restes de l’idée de son rôle politique dirigeant – survivance de leur période d’absolue autonomie. La presse et tout l’appareil des jeunesses doivent être utilisées pour imprégner les jeunes communistes du sentiment et de la conscience qu’ils sont des soldats et des membres responsables d’un seul parti communiste.
Les organisations de la jeunesse communiste doivent faire d’autant plus attention et donner d’autant plus de temps à ce travail qu’elles commencent, grâce à la conquête de groupes toujours plus nombreux de jeunes ouvriers, à se transformer en mouvement de masses. »
De la même manière, Lénine écrira que « La jeunesse communiste doit être le mouvement de jeunesse du parti communiste et pas le parti communiste de la jeunesse ».
L’IJC tiendra en tout 6 congrès jusqu’en 1935 et accompagnera les évolutions stratégiques de l’Internationale Communiste. En même temps que cette dernière, elle fut dissoute en 1943. En novembre 1945, après la victoire sur le nazisme, sera créée à l’initiative de Staline et de Churchill la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique. A l’origine assez large idéologiquement, cherchant à regrouper la jeunesse mondiale sur des bases pacifiques et démocratiques et ne s’affiliant officiellement pas à un État ou à un ensemble d’États, elle sera, dès 1947 et les débuts de la guerre froide, désertée par les organisations occidentales de jeunesses, entendu de l’« Ouest », laissant ainsi une large prédominance aux organisations de jeunesses communistes et anti-impérialistes. La FMJD sera d’ailleurs largement soutenue et financée par les pays socialistes, URSS en tête. À la chute du camp socialiste, elle connaîtra une grave crise, ne recevant plus d’aide financière. Depuis, elle s’est redéployée grâce aux dons d’organisations membres et de gouvernements engagés dans la lutte anti-impérialiste. Mais la prédominance des organisations de jeunesses communistes est toujours d’actualité, le président même de la FMJD, Iacovos Tofaris, que nous avons eu la chance de rencontrer lors de notre séjour à Cuba, est issu du Parti Communiste de Chypre.
Je souhaiterai maintenant revenir aux premières années de l’IJC et, comme annoncé au début, évoquer l’adhésion à cette dernière des Jeunesses Socialiste (de France) qui deviendront, par ce fait, la Fédération Nationale des Jeunesses Communistes de France, le premier nom de l’actuelle MJCF.
Nous sommes en novembre 1920, deux mois avant le congrès de Tours qui verra la naissance du Parti Communiste. Les Jeunesses Socialistes tiennent leur congrès à Paris. Comme dans tous les mouvements socialistes d’Europe, le ralliement de nombreux exécutifs et penseurs socialistes à la politique d’ « Union Sacrée » durant la 1ère guerre mondiale mettra, après la guerre, leurs opposants antimilitaristes et de plus en plus bolcheviques à l’offensive.
Ainsi, notre mouvement des Jeunesses Socialistes, comme je le disais deux mois avant le Congrès de Tours, votera à une écrasante majorité de 75% pour l’adhésion à l’Internationale des Jeunes Communistes récemment créée.
Cette volonté de séparation des militants révolutionnaires, communistes, des Scories désignées comme social-démocrates fait tout de même bruyamment écho cent ans plus tard.
La leçon que nous enseigne le congrès de Tours, mais aussi le congrès de Paris pour les JC, est que les communistes, jeunes comme moins jeunes, n’ont rien à perdre et tout à gagner à ne plus traîner avec eux le boulet du réformisme et de la social-démocratie ni, à notre époque, celui de l’impérialisme-capitalisme euro-atlantique légitimé par la participation aux élections européennes et par la défense coûte que coûte de l’existence de l’UE.
Ces congrès, et finalement l’adoption des principes bolcheviques, nous apprennent donc également que l’unité combative des communistes ne s’obtient pas par l’ouverture aux quatre vents, sans principes, de la maison communiste, mais bien par le rassemblement de nos forces sur une ligne claire, acceptée et respectée par tous, grâce au centralisme démocratique et aux principes de fonctionnement léninistes, au sein d’un parti communiste organisé, structuré, débarrassé des vieux réflexes de chapelles et solidement implanté au sein du monde du travail et de la classe ouvrière plus particulièrement.
En ce sens, les JRCF, avec leurs aînés du PRCF, en appellent à un nouveau congrès de Tours pour rassembler les forces communistes authentiquement révolutionnaires, patriotes, comme le furent autant les jeunes communistes que leurs aînés dans le combat anti-fasciste contre l’Allemagne nazie, et internationalistes, comme les militants sincèrement communistes l’ont toujours été, entre autres, avec Cuba socialiste que nous remercions encore une fois d’avoir invité notre délégation JRCF fin janvier.
Ces forces, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur du PCF, comme lors du congrès de Tours, doivent se séparer des forces réformistes, et aujourd’hui européistes, qui paralysent le mouvement populaire et l’organisation des travailleurs dans leur parti de combat, un véritable parti communiste français travaillant ardemment, tout en apprenant des erreurs du passé, à la reconstruction de l’Internationale Communiste qui seule pourra redonner l’élan internationale nécessaire aux partis communistes dans leur lutte contre le capitalisme-impérialisme, et mettant la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN à l’ordre du jour et comme préalable à l’émergence d’une république française sociale et fraternelle clairement orientée vers le socialisme et le communisme.
Je vous remercie.
Gilliatt de Staërck
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