Depuis la fin de l’été, le Mouvement San Isidro (partant du quartier San Isidro à La Havane) a commencé à se constituer. Au stade où l’on est aujourd’hui, plusieurs personnes sont barricadées dans un local, certaines en grève de la faim ou grève de la faim et de la soif. Ce collectif est composé essentiellement de personnes qui travaillent dans la création artistique. Ils s’opposent à la politique culturelle du gouvernement, qui constitue selon eux une entrave à la liberté d’expression et de création. Ils réclament la fin de la détention d’un des leurs. Ils ont reçu le soutien d’ONG comme Amnesty International et évidemment des États-Unis et de la mafia cubano-américaine de Miami (le mouvement en appelle au monde libre, à savoir l’impérialisme). Ce dernier point est très grave, des récompenses pour des attentats terroristes à la bombe ou des déraillements de trains sont déjà offertes sur internet. Après 60 années de révolution, le peuple cubain connaît toutes ces manœuvres de déstabilisation. Ce n’est pas la première fois que des “opposants démocratiques” font la grève de la faim, il y a eu aussi assez récemment le mouvement des “Damas de blanco” (dames en blanc). Dans leur manifeste, ils expliquent qu’ils chercheront des financements à l’extérieur et que le gouvernement cubain n’a rien à dire là-dessus. On peut s’attendre à ce que les financements viennent de quelques kilomètres au nord.
En effet, un État socialiste se doit d’avoir une politique éducative et culturelle forte dans l’objectif d’assurer l’instruction de toute une population qui doit par ailleurs pouvoir s’épanouir dans des activités culturelles, artistiques, musicales ou sportives de son choix. Certains en feront un métier, c’est le cas de nombreux artistes dont ceux du Mouvement San Isidro (qui dans leur développement éducatif, personnel et artistique auront utilisé sans doute les écoles, lycées, voir universités, centres culturels et artistiques publics et ouverts à l’ensemble du peuple cubain). C’est le cas des sportifs de haut niveau qui remportent des médailles olympiques dans la boxe par exemple. Comme le grand musicien Compay Segundo avec des titres tels que “Guantanamera” ou “Lágrimas negras”, qui a eu aussi une carrière d’ouvrier à la confection des bien célèbres cigares cubains. Un autre objectif de la politique éducative et culturelle à Cuba est d’inculquer des valeurs révolutionnaires et anti-impérialistes ; il s’agit bien d’une République Socialiste.
Le président Miguel Diaz-Canel Bermúdez a expliqué récemment que si la restauration capitaliste s’imposait à Cuba toutes les entreprises et services publics appartenant à l’ensemble de la population seraient privatisés et moins de citoyens y auraient alors accès. La situation assez préservée que connaît le pays quant au narcotrafic, les mafias internationales et l’insécurité disparaîtrait avec l’ouverture totalement dérégulée à toute sorte de capitaux. Les “cuentapropistas”, des travailleurs indépendants propriétaires de leur entreprise, seraient en bonne partie engloutis par les multinationales et grandes chaînes yankees. La plus grande partie de la population serait paupérisée. Le président donne l’exemple des processus aboutis de restauration capitaliste en URSS et Europe orientale. Rappelons que Cuba est classé parmi les pays à IDH élevé, que les indices en matière de santé et d’éducation sont les meilleurs d’Amérique latine (meilleurs que ceux des États-Unis aussi). Cela malgré le blocus et les sanctions des États-Unis dont l’impact négatif s’est amplifié avec la perte de partenaires commerciaux que constitua l’effondrement du bloc socialiste, blocus et sanctions qui ont été endurcis avec l’administration Trump. Cela en partant d’une situation de domination néocoloniale et de sous-développement.
Il y a évidemment des difficultés et privations matérielles que ni le gouvernement ni le PCC ne cherchent à nier, même si la situation est bien meilleure que dans les années 1990. Il y a des inégalités à Cuba qui résultent de l’ouverture aux capitaux privés décidée sous la contrainte de l’isolement international et du blocus qui ont obligé les autorités à réunir des devises étrangères pour pouvoir tant bien que mal contourner le blocus et se procurer les biens, services ou matériaux nécessaires à la vie du pays. Ouverture aux capitaux privés au niveau des projets d’infrastructures et industriels, par exemple avec la Russie. Ouverture aussi à des capitaux privés dans le tourisme, comme c’est le cas avec la chaîne hôtelière espagnole Melia, très présente dans l’île. Il faut quand même souligner que dans tous ces projets l’État cubain détient au moins 51% du capital. Les inégalités peuvent apparaître entre familles ayant des membres dans d’autres pays et familles où ce n’est pas le cas, avec les revenus de transfert de l’étranger. Celles-ci se sont accrues avec les différentes monnaies en circulation, permettant plus ou moins de pouvoir d’achat (système monétaire international découlant de l’impérialisme), avec le tourisme notamment. Cuba reste cependant l’un des pays les moins inégalitaires. Les inégalités qui existent ne seront pas éliminées en abandonnant le socialisme et en livrant le pays aux yankees, cela est d’ailleurs la condition pour qu’elles explosent. Les citoyens et citoyennes cubains sont conscients des difficultés de leur pays mais la plupart pense à améliorer ce qu’ils ont au lieu de revenir 60 ans en arrière.
Quelques réflexions maintenant sur les habituelles accusations faites à Cuba par le monde capitaliste (ses dirigeants, intellectuels, médias etc). Il s’agirait d’une dictature. Le Mouvement San Isidro accuse l’État cubain de censure. Il ne faut pas se surprendre du fait que dans un pays socialiste les idées et expressions en faveur de la révolution soient mises en avant par rapport à celles qui défendent le capitalisme. Dans notre pays, durant les mois précédant l’élection présidentielle de 2017, Macron a fait l’objet d’une campagne médiatique énorme en sa faveur, faisant entre autres la une de tous les journaux et magazines. Nous les communistes, que ce soit en France ou dans d’autre pays, connaissons très bien la censure médiatique. Le capitalisme se protège aussi, que personne ne s’en préoccupe. Dans à peu près tous les pays européens les PC ont connu des périodes d’illégalité ; 40 années ou plus en Espagne et au Portugal. Sans parler de la résolution scélérate du parlement européen d’octobre 2019 criminalisant le communisme et des interdictions ou projets d’interdiction de PC en Pologne, Hongrie, pays baltes ou Slovaquie. Il n’y a pas de « démocratie » ou de « dictature » en abstrait, c’est-à-dire déconnectées de la lutte de classes. L’État a un caractère de classe, même s’il y a différents degrés de dictature du capital. Fidel l’a bien dit, “avec la révolution tout, contre la révolution rien”. Les dirigeants cubains insistent sur le fait qu’ils sont à l’écoute de toutes les idées pour améliorer la vie des cubains. Tous les votes au suffrage universel à Cuba sont accompagnés d’une grande participation dans des débats et discussions qui font vivre la démocratie populaire. La participation lors des élections et référendums est supérieure à celle que l’on observe dans les puissances capitalistes dominantes. Le référendum de réforme constitutionnelle en février 2019 a connu une participation de 84% avec 90% de oui. Tout citoyen cubain membre ou non du PCC peut se porter candidat à L’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire et défendre ses propositions devant ses voisins sans besoin de financements de la part d’une oligarchie capitaliste. Dans une réforme antérieure de la Constitution au début des années 2000 les cubains ont voté pour y inscrire le caractère irréversible du socialisme. La contre-révolution est illégale à Cuba et elle le restera. De la même façon que la révolution est illégale en régime capitaliste.
Nous, JRCF, affirmons notre ferme soutien à nos camarades du PCC, son secrétaire Raul Castro et son organisation de jeunesse l’UJC, ainsi qu’au président Miguel Díaz-Canel Bermúdez. Notre soutien va plus largement au peuple cubain et à tous les héroïques travailleurs et travailleuses qui construisent le socialisme-communisme à quelques kilomètres de l’Empire.
La patrie ou la mort, socialisme ou barbarie, nous vaincrons !
Marc-JRCF
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