Depuis le départ justifié de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) à la suite des évènements du 18 août 2020, le Mali vit une période de transition mouvementée sous l’égide des militaires insurgés et en particulier du colonel Assimi Goïta. Ce régime de transition est censé durer 18 mois, jusqu’aux élections prévues début 2022. Le Mouvement du 5 Juin (M5-RFP), élement principal de l’opposition à IBK à l’été 2020 avait alors refusé de signer la charte de transition, devenant l’essentiel de l’opposition politique au nouveau président Bah N’Daw et au gouvernement de son premier ministre, Moctar Ouane.
Hier, Moctar Ouane annonce la formation d’un nouveau gouvernement incluant de nouveaux éléments issus du M5-RFP, donc un ministre issu du parti SADI (Solidarité Africaine, Démocratie, Indépendance) à l’Environnement : le camarade Mohamed Ag Akeratane. A cette occasion sont évincés deux personnages-clés du renversement d’IBK, les colonels Modibo Koné et Sadio Camara. A la suite de cette annonce, Bah N’Daw, Moctar Ouane et plusieurs autres hauts fonctionnaires sont arrêtés. Aujourd’hui, dans un communiqué, Assimi Goïta a déclaré que le gouvernement avait tenté de saboter la transition, tout en rassurant ses auditeurs sur le fait que le calendrier ne changerait pas, avec des élections démocratiques toujours prévues en 2022.
Le monde occidental s’est empressé de condamner cette action, de même qu’elle avait condamnée la précédente, et de comparer les deux situations qui sont pourtant très différentes. Quand le peuple malien entier réclamait le départ du corrompu et illégitime IBK, il est aujourd’hui très divisé face à la situation. Les colonels impliqués dans ce nouveau coup ont très bonne réputation parmi la population, et rien encore ne prouve ni ne laisse penser qu’ils auraient pu agir par ambition personnelle.
Il ne faut pas oublier non plus les troubles causés par les terroristes très présents au Nord du pays, à laquelle l’occupation impérialiste de la force européenne Barkhane, composée majoritairement de soldats français, n’a rien arrangé. Dans ce contexte, les préoccupations de défense et de sécurité sont cruciales pour les Maliens et la prédominance de l’armée dans la gestion des affaires du pays n’est pas une surprise. Plusieurs sources évoquent également des différents entre le gouvernement et l’armée concernant des contrats commerciaux d’armement.
De plus, le pays est en ce moment le théâtre d’une grande agitation sociale, avec des négociations infructueuses entre le gouvernement et l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), principale centrale syndicale, qui ont débouché sur des grèves de grande ampleur qui paralysent localement les administrations et les banques depuis au moins une semaine.
Comme à leur habitude, les JRCF se gardent bien de hurler avec les loups de l’impérialisme contrarié et, en attendant d’en savoir plus sur la situation et ses causes, transmettent leurs voeux révolutionnaires à tous ceux qui oeuvrent dans le seul intérêt du Mali et de sa classe ouvrière, en particulier à nos camarades du parti SADI, soutiennent le courageux peuple Malien dans sa lutte infatigable et souhaitent que celle-ci lui apporte enfin un avenir débarrassé de la corruption et de l’exploitation capitaliste.
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