Depuis le 15 janvier dernier on assiste à une véritable catastrophe au Pérou. Suite à un accident dans une raffinerie maritime de la multinationale Repsol, des milliers de barils de pétrole brut (6.000 dans la première estimation, que le gouvernement péruvien a rapidement doublée jusqu’au chiffre de 12.000) se sont répandus et ont gagné rapidement la côte centrale du pays.
Il est tôt pour établir le bilan final, mais on peut dire d’ors et déjà que c’est un désastre écologique et humain (du point de vue de la santé et de la survie économique des populations).
La surface endommagée approche du million de mètres carrés, avec de nombreuses plages et réserves naturelles péruviennes atteintes. Cela suppose un grand dommage dans l’écosystème, avec la destruction de la flore et des pertes difficilement quantifiables dans la faune maritime (poissons et oiseaux tels que des pingouins ou des mouettes).
Il y aura malheureusement des conséquences pour la santé des populations vivant sur la côte sinistrée, pour celle de ceux qui tout simplement prenaient un bain au « mauvais moment » et pour celle de ceux qui travaillent dans la zone, comme les pêcheurs artisanaux. Ces derniers souffrent d’une double peine, avec aussi l’impossibilité actuelle d’exercer leur métier, déjà bien mis à mal par la pêche industrielle des multinationales dans la mondialisation capitaliste. Ces conséquences économiques concernent largement les travailleuses et travailleurs du littoral, dans le secteur du tourisme aussi entre autres. Avec toutes les réserves qu’on peut émettre sur le modèle touristique capitaliste, le fait est que beaucoup de prolétaires risquent de perdre leur gagne-pain. Ces faits sont d’une énorme gravité pour les conditions de vie du peuple péruvien. Rappelons qu’une partie majoritaire de la population active du Pérou exerce dans l’économie informelle ou semi-informelle, sans sécurité sociale universelle et sans protection face aux pertes d’activité.
Les autorités péruviennes ont ouvert une enquête pénale pour le délit présumé de « pollution de l’environnement aggravée ». Quatre hauts responsables de Repsol Pérou, dont le président Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, font l’objet d’une interdiction de sortie du territoire péruvien pour les 18 prochains mois. Les amendes pourraient atteindre les 34,5 millions de dollars. Côté Repsol, on a droit à la langue de bois de rigueur « nous respectons les décisions de la justice », « nous allons coopérer », « nous sommes solidaires des populations affectées » et à un dédouanement de responsabilité arguant que la Marine péruvienne ne les avait pas alertés d’un tsunami. Cette version, d’emblée contestée par la Marine, ne convainc ni les autorités péruviennes, ni nombre d’experts, universitaires ou organisations comme la CNDH. Selon l’OEFA, Repsol avait dans un premier moment signalé un « déversement limité » de 0,16 baril (environ 25 litres). Une grande entreprise de l’extraction, production et distribution énergétique se doit dans tous les cas d’avoir des systèmes d’émergence et de contrôle de l’environnement immédiat, les marées et l’état de la mer.
Sans vouloir dans cet article faire une analyse de fond sur les différentes sources énergétiques et les questions de sécurité propres à leur exploitation, il est clair que la recherche du profit maximal rentre en contradiction avec la sécurité des installations et des travailleurs. D’ailleurs, on ne peut pas tout réduire au purement normatif. Une direction imposant des cadences infernales et un climat de terreur avec répression anti-syndicale entre autres, contribuant ainsi à l’épuisement psychologique et physique des ouvriers, met ceux-là en danger quand-bien même les règles concernant les EPI seraient respectées.
Cet épisode doit être analysé aussi du point de vue de la souveraineté péruvienne, du projet progressiste et souverain que tente de construire l’actuel gouvernement. La souveraineté d’un peuple est bien limitée, même avec un Etat formellement indépendant représenté à l’ONU, lorsque ses richesses naturelles et secteurs stratégiques de l’économie sont contrôlés par le capital transnational des puissances impérialistes. Repsol est une multinationale basée en Espagne. L’Espagne est l’ancienne puissance coloniale et – bien qu’en perte de vitesse depuis longtemps face aux Etats-Unis, reste un des grands exportateurs de capitaux dans l’Amérique latine et les Caraïbes. Repsol, avec d’autres grandes firmes de l’IBEX 35, a systématiquement mis des bâtons dans les roues de tous les gouvernements socialistes, progressistes et anti-impérialistes latino-américains. Quand le Vénézuéla ou la Bolivie ont osé porter atteinte à ses intérêts en nationalisant les hydrocarbures, les grands médias en Espagne se sont livrés à un déversement de haine avec l’anticommunisme de rigueur et souvent teinté de racisme. La nationalisation intégrale des hydrocarbures fait partie du programme du parti Pérou Libre, soutenant l’actuel président et l’actuel gouvernement. Tout comme l’instauration d’un véritable droit du travail et d’une véritable sécurité sociale universelle, qui auraient davantage protégé la population affectée par cette catastrophe. Cela nécessitera une lutte résolue contre l’impérialisme et la bourgeoisie compradore.
On peut quand même saluer le fait que les autorités actuelles du Pérou comptent faire répondre Repsol devant la justice. Car malheureusement, ce genre d’évènements s’est trop de fois soldé en Amérique latine par un non-lieu, « circulez il n’y a rien à voir ».
AMERIQUE LATINE LIBRE !
LA PATRIE SOCIALISTE OU LA MORT ! NOUS VAINCRONS !
Pour plus d’informations :
http://jrcf.over-blog.org/2021/07/victoire-de-perou-libre-avec-le-candidat-pedro-castillo-aux-elections-generales-au-perou.html
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