Que vous soyez en train de regarder pour la centième fois la série NCIS sur W9 ou que vous vous assuriez que vos certificats covid soient bien enregistrés sur l’app TousAntiCovid, en fait quoique vous soyez en train de faire, vous avez obligatoirement reçu les injonctions à se « solidariser » avec le régime en place à Kiev. Le drapeau du régime ultra-nationaliste de Kiev vous poursuivra peut-être même « jusque dans les chiottes » pour reprendre une expression bien connue du président russe.
Après avoir maintenu en état de terreur la population française et européenne pendant près de deux ans à propos du COVID, sans les associés de près ou de loin aux décisions à prendre en matière sanitaire, le régime européen à enfin réussi à trouver une nouvelle crise pour maintenir l’hypnose en place de la population, et pire justifier la constante dégration du pouvoir d’achat et des conditions de vie : La menace russe ! Malheureusement ce n’est que du « réchau ». Après avoir convenablement oublié l’Ukraine pendant presque huit ans, ainsi que les bombardements incessants de la junte ukrainienne contre sa propre population dans le Donbass, toute notre armée de journalistes, éditorialistes mainstream et hommes politiques loyaux à l’empire euro-atlantique (à quelques exceptions près) se sont mués en une meute de chiens enragés aboyant tous après « l’ogre » russe qui attaquerait une Ukraine « sans défense » représentée comme une femme sur le point d’être violée. Il n’y a pas à dire quand il s’agit de manier tout les artifices des représentations et de l’imaginaire collectif, ce sont des professionnels de haut vol (un peu trop d’ailleurs). De véritables buses stratosphériques !
Bien sûr tout ceci n’a rien de nouveau, il s’agit d’une énième édition de la même campagne de propagande de guerre massive répétée inlassablement depuis le siècle dernier. Depuis la Yougoslavie. On pathologise l’ennemi : ce « fou », « enragé », « dictateur », « fasciste », même « génocidaire », le procédé aboutit toujours à la même conclusion : le fameux reductio ad hitlerum : « C’est un nouvel Hitler ! ». Pourquoi les régimes occidentaux procèdent-t-il toujours de la même manière ? C’est assez simple.
Ils ne veulent pas que les citoyens des pays européens puissent comprendre véritablement les tenants et les aboutissants des conflits en cours : car l’éveil de la conscience conduirait inévitablement à questionner le régime impérialiste euro-atlantiste tout autant que les autres. Ils ne veulent pas que l’on puisse développer ne serait-ce que l’embryon d’une conscience sociale. L’ignorance c’est la force ! en référence à ce slogan du ministère de la « vérité » inventé par Orwell.
En second lieu, ce procédé permet (seulement si répété massivement) de créer un conditionnement cérébral de la population. Un dressage. La population est dressée à haïr les ennemis du régime occidental, dans le cas présent Poutine et le peuple russe. La meilleure preuve du dressage sera démontrée par toutes les réactions qui tenteraient d’amalgamer cet article avec de la « propagande russe » ou un parti pro-russe.
Pour être un bon « citoyen européen » il faut montrer à quel point on déteste Poutine et les russes, rappelant un peu la scène du roman 1984 de Georges Orwell, où une foule s’hystérise de haine contre l’ennemi public du régime de l’Angsoc. Personne ne leur donne l’ordre de le faire, ils ont intériorisé ce qu’ils doivent faire ! Ils sont bien dressés ! La nouvelle doctrine de guerre cognitive de l’OTAN porte la propagande à un autre niveau. Cet empire de l’Angsoc n’a que très peu à voir avec la référence au « socialisme » voulue par l’auteur (notoirement anticommuniste) mais bien tout à voir avec le saint empire capitaliste totalitaire[1] qui exploite la planète et sème la guerre et la misère partout. Cet empire, contrairement à l’Angsoc, est bien réel : l’axe de Washington-Bruxelles-Berlin et même Kiev ! Ou « Kyiv » selon le nouveau mot d’ordre des ayatollah de la « vérité historique ». Et gare à ceux qui continueront d’utiliser la dénomination internationalement reconnue !
Avec une population bien dressée, ou tout du moins en état de catatonie, les oligarchies occidentales peuvent faire ce qui leur plaît sans réelle opposition : elles arrivent même à faire passer des rassemblements pour la guerre et le soutien militaire au régime de Kiev pour des mobilisations « pour la paix » ! La guerre c’est la paix !
Malheureusement pour eux et malgré leurs élucubrations, très peu de nos compatriotes sont disposés à mourir sous les bombes ou se faire trouer la peau dans les champs de bataille en Ukraine, et ce sans pour autant porter Poutine dans leur cœur. Même les ukrainiens sont peu nombreux à vouloir vraiment se battre contre leurs frères russes et ce malgré les menaces du régime de Kiev à leur encontre et l’interdiction de fuir le territoire (!). Cette lueur d’espoir montre que malgré le rouleau compresseur de la propagande, les oligarchies occidentales n’ont plus la capacité d’envoyer à la boucherie des millions de citoyens européens comme en 1914. Les peuples ont de la mémoire ! Et qui voudrait se sacrifier pour le régime autoritaire ultra-nationaliste de Kiev, infesté par des sectes néo-nazie ? Pas grand monde ! Même pas ceux qui depuis leurs claviers, smartphones et tribunes appellent de manière suicidaire une intervention directe de l’OTAN comme si le mécanisme de destruction mutuelle nucléaire était un mythe oublié de tous.
Bien sûr tous les militants et défenseurs sincères de la paix, qui refusent de soutenir le régime de Kiev, sans aucunement soutenir l’action militaire russe, seront systématiquement rangés dans la catégorie des « agents » russes. La propagande manichéenne mainstream ne supportant aucune contradiction à son discours, consacré vérité absolue.
Ce qui est d’autant plus paradoxal c’est justement le retournement total de la réalité dans le discours officiel. Poutine est un dictateur, la Russie est une dictature, c’est un lieu commun constamment ressassé par la même troupe de journalistes et politiques qui en 1991 s’égosillaient de satisfaction à propos du démembrement de l’URSS et qui en 1993 éructaient de joie lorsque Boris Elstine faisait bombarder le Soviet Suprême, faisant d’innombrables victimes et réprimant par le sang les protestations contre sa politique. Une « victoire » de la « démocratie ».
Les deux concepts de dictature et démocratie ont tellement été usés à tort et à travers, vidés de leur sens, qu’il est compréhensible qu’ils n’aient plus vraiment de sens pour la majorité de nos concitoyens. Ceci est une opportunité pour faire « table rase » et repartir à zéro ! Il est amusant de voir que tout ceux qui voulaient voir la chute de la Russie soviétique et l’imposition d’un régime libéral capitaliste, amalgamé avec « démocratie » et « liberté » (et devenue réalité) nous disent aujourd’hui que cette Russie libérale, qu’ils désiraient tellement, est en fait une dictature. Quand on sait que la constitution russe, imposée par Elstine et sa bande, en 1993, a été en grande partie inspirée de la constitution de la Vème république française il y a de quoi s’interroger.
Bien sûr tout le monde peut mesurer aujourd’hui dans notre pays toutes les vertus de ce régime officiellement « semi-présidentiel » (notez toujours l’euphémisme des définitions de dictionnaire !) qui est en en réalité une monarchie présidentielle, un état policier de, pratiquement, « plein pouvoir » pour l’exécutif, inspiré de la tradition bonapartiste qui est antithétique au concept de démocratie parlementaire. Ce n’est pas pour rien que l’opposition avait dénoncé à l’époque un véritable coup d’état de De Gaulle et une dictature présidentielle lors du passage en force de la Vème Constitution. Mais le régime s’est imposé, bien qu’il ait mal vieilli, puisqu’aujourd’hui l’écrasante majorité de la population française y est opposée et désire une nouvelle constitution démocratique et sociale.
La répression du Kremlin contre les manifestations anti-guerre en Russie, notamment les communistes, principaux opposants à Poutine fait écho à la répression des Gilets Jaunes et des autres mouvement sociaux par Macron chez nous depuis 2018. En somme deux états policiers qui ne tolèrent pas l’opposition dans la rue. Deux frères jumeaux.
Donc si la Russie est un régime d’autoritarisme présidentiel où la démocratie libérale n’est qu’une façade, ce n’est que dans la mesure où elle a reproduit le modèle bonapartiste français. Et comment lui en vouloir puisqu’elle était sommée d’abandonner sa voie de développement singulière (socialisme soviétique) pour se soumettre au diktat du libéralisme occidental ?
Si la Russie est une dictature capitaliste elle n’est que le reflet des pays occidentaux qui sont son modèle. La prise de conscience de cette réalité est terrible et fait tomber à l’eau tout le grand récit manichéen opposant la merveilleuse démocratie occidentale « pure » à la barbare dictature russe : ce n’est qu’une réédition du vieux discours manichéen colonialiste « Civilisation/barbarie » où l’Occident serait doté d’une substance insaisissable qui lui donnerait une toujours une qualité supérieure aux autres. La réalité est bien moins épique !
Évidemment il existe des régimes tyranniques bien pires que les nôtres mais force est de constater qu’ils sont considérés comme tolérables du moment qu’ils sont soumis aux intérêts de l’oligarchie occidentale (exemple Arabie Saoudite, Qatar, Émirats Arabe Unis, Colombie, etc.), ceci n’a rien de nouveau. Vendre des armes aux pétro-monarchies du golfe pour massacrer la population civile yéménite, « ce n’est qu’un détail de l’histoire », tant que les bombardements ne sont pas en Europe, « on s’en fiche », comme déclaraient sans vergogne certains journalistes de plateaux télé qui ne cachent plus leur racisme.
Cette crise est donc l’opportunité d’éveiller notre conscience comme peuple et travailleurs français, de ne plus être dupe des manipulations de l’oligarchie capitaliste et bien sûr de refuser catégoriquement la spirale de la guerre, le premier pas étant l’objection de conscience, le refus de l’engagement dans un conflit meurtrier, dont les États-Unis et l’OTAN ont été les principaux instigateurs avec la Russie capitaliste en position défensive. Sans soutenir aucunement les actions du gouvernement russe, il est clair que nous n’avons qu’une influence très limitée sur lui, notre rôle est de lutter contre l’impérialisme dans notre pays. Ici l’ennemi principal des peuples et des travailleurs c’est l’OTAN, et l’UE.
SORTONS DE l’OTAN, DE l’UE ET DU CAPITALISME !
BD pour la JRCF
[1] Ne trouvant aucune utilité à ce concept, je ne l’emprunte que parce que très hégémonique dans la pensée européenne.
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