A priori je n’aurais pas dû voir ce film. Je dis a priori, car il n’a été diffusé par quasiment aucune salle… Une seule dans toute l’Île-de-France a bien voulu le mettre à l’affiche. Produit avec seulement 25 000 euros de budget (via un financement participatif), soit quasiment l’équivalent d’une baguette au supermarché par rapport au budget moyen d’un documentaire, Un moment sans retour de Raymond Macherel suit sur une période de 2 mois (décembre 2018 à février 2019) le groupe gilets jaunes des Lapins jaunes de Rennes, notamment dans le local abandonné qu’ils ont récupéré et nommé la Maison du peuple. Le documentaire a aussi été refusé dans de nombreux festivals et a donné lieu à 4 ans de montage pour arriver à sa sortie.
Le réalisateur, qui présentait son film lors de la séance à laquelle j’ai pu assister, a la volonté d’insister sur le collectif : comment celui-ci se créée, se maintient, rencontre des tensions, dans l’optique de refaire société de manière démocratique, malgré les personnalités de chacune et chacun. A ce titre, lors des débats après la projection, certains spectateurs ont pu avoir des avis tranchés sur certains des personnages à l’écran, venant de tous les horizons, notamment sur Gaëtan, celui qui fait office de porte-parole de ces GJ. C’est pour cela que si les violences policières sont discutées elles ne sont pas au centre du film, même si certaines que subissent les protagonistes du documentaire sont visibles à l’écran.
Le montage est dynamique et assez peu rigide. A part le tout premier plan où l’on voit les oiseaux partir lentement des arbres au lever du soleil, nous avons assez peu de plans fixes durant plus de quelques secondes.
Un moment sans retour, contrairement à d’autres documentaires sur les GJ, refuse le défaitisme. Sans dévoiler la fin, l’échec du mouvement des GJ n’est absolument pas mentionné et au contraire on met l’accent sur la combativité toujours présente. Et en période de forte contestation – à nouveau ! – contre la réforme des retraites, ce film fait du bien !
Ambroise – JRCF
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