La crise de l’euro communisme en phase terminale ?
La guerre est déclarée entre l’Union de la Jeunesse Communiste d’Espagne (UJCE) et le Parti Communiste d’Espagne (PCE). L’exclusion de la Direction nationale de l’UJCE, décidée lors du Comité central du PCE du 3 juin, révèle une profonde crise interne au Parti communiste.
La coalition Sumar, dirigée de Yolanda Díaz, ministre du gouvernement de Sanchez, a provoqué une quasi-scission au sein du Parti Communiste d’Espagne (PCE). L’Union de la jeunesse communiste d’Espagne (UJCE) a dénoncé ce dimanche soir ce qui ressemble à une véritable guerre interne.
Mais cette situation révèle une faille profonde au sein du Parti communiste. Des décennies d’opportunisme, de révisionnisme, de soumission à des projets sociaux-démocrates, dénoncées par les Jeunes communistes, conduisent le parti historique du mouvement communiste en Espagne dans une crise majeure.
Le 11 mars 2023, le Comité central de l’Union de la Jeunesse Communiste d’Espagne (UJCE) décidait d’acter son indépendance organisationnelle vis-à-vis du Parti Communiste d’Espagne (PCE) pour permettre d’engager « le processus de reconstruction du Parti Communiste ». Quelques mois plus tard, le Comité central du PCE exclut la direction nationale de l’UJCE.
Resolución del Comité Central de la Juventud Comunista (UJCE) ante el intento de intervención del PCE:https://t.co/oa1TbfHWK3 pic.twitter.com/896fwrcaUY
https://twitter.com/UJCE/status/1665428754561155076
La direction de l’UJCE exclut du PCE
« Ce samedi 3 juin dernier, le Comité central du Parti Communiste d’Espagne (PCE) a approuvé l’expulsion de toute la direction de la Jeunesse communiste (UJCE) et s’est érigé comme nouvelle direction » annonce la jeunesse communiste dans son communiqué de presse.
L’UJCE dénonce : « Le projet de reconstruction du Parti communiste que représente aujourd’hui la jeunesse communiste ne s’intègre pas dans la structure de gestion bureaucratique du PCE lui-même, qui poursuit la voie d’une marginalisation de plus en plus marquée du projet communiste au niveau international par le biais de sa dissolution dans des formes politiques et organisationnelles sociales-démocrates ». Dans la ligne de mire des jeunes communistes : Sumar et le projet social-démocrate de Yolanda Díaz.
Les jeunes du PCE ajoutent que « cela culmine un processus de répression qui a eu ses dernières manifestations dans l’écrasement des thèses communistes au XXIe Congrès, l’interdiction de tenir des écoles sur des sujets qui n’étaient pas strictement ‘jeunes’ ou le prétendu désaveu d’accords de notre Comité central, mais qui plonge vraiment ses racines dans la longue dérive réformiste du PCE ».
Sociale-démocratie contre communisme
Le communiqué de l’UJCE, la direction actuelle du PCE mène une politique « social-démocrate » et empêche la jeunesse de transformer le parti. « Le projet de la jeunesse communiste est de faire du PCE un outil de reconstruction du Parti communiste, exerçant d’abord un rôle d’École de cadres formés à la théorie révolutionnaire, incarnant la lutte contre l’opportunisme qui a régné au sein du PCE pendant tant de décennies ».
La direction (expulsée) de l’UJCE dénonce « un processus d’anéantissement de toute critique de la pratique politique développée au cours des derniers mois, années et décennies par le PCE. Ce n’est rien d’autre que la réponse d’une structure sociale-démocrate en grande difficulté face à l’évidence croissante des limites de son programme et de sa stratégie ».
« Ils ne pensent au communisme que comme un idéal qui accompagne leur servilité politique, notre proposition est basée sur sa transformation en une réalité politique et organisationnelle, c’est-à-dire en un pouvoir consciemment organisé en tant que classe ».
Dans ce scénario de guerre interne totale, de l’UJCE appelle à « la solidarité de tous les communistes qui, aujourd’hui encore membre du Parti, face à ce qui n’est rien de plus qu’une mesure exemplaire pour tous ceux qui peuvent oser dénoncer la soumission du PCE au programme de la bourgeoisie ».
« La décision du Comité central du PCE ne change pas les plans des jeunes communistes : nous continuons à nous concentrer sur les tâches liées à cet objectif, qui, dans notre cas, se matérialisent dans le développement d’un Congrès extraordinaire qui a déjà commencé comme un processus de débat collectif et qui ne s’arrêtera pas, quelle que soit la peur qu’il suscite chez certains », et ils déclarent leur volonté de « prendre les mesures nécessaires pour rompre avec des décennies de subordination politique au programme de la bourgeoisie ».
Le dernier congrès du Parti Communiste d’Espagne s’est tenu en juillet 2022, et il y a eu des affrontements entre les délégués. Les détracteurs d’Enrique Santiago l’ont accusé d’être un « putschiste ».
Le Président de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique (FMJD) et membre de l’UJCE, Aritz Rodríguez Galán, dénonce un « appareil bureaucratique, celui-là même qui, par sa participation à l’État bourgeois, cautionne quotidiennement les mesures visant à accroître l’exploitation et l’oppression du prolétariat, la proposition marocaine d’annexion du Sahara occidental, la participation à la guerre impérialiste en Ukraine, ou le renforcement des alliances impérialistes telles que l’UE et l’OTAN, tente de réprimer les jeunes communistes qui s’opposent et refusent d’être complices de la barbarie. Ils veulent la conciliation avec les capitalistes, et la répression de ceux qui défendent le programme communiste ».
Le Président du PCE, Jose Luis Centella, tente de défendre l’attitude du PCE, en expliquant que le PCE a rejeté le plan du Maroc concernant le Sahara O, et que le PCE qui a promu un vote au Congrès qui a rejeté la position de Pedro Sanchez.
Rappelons que PCE, parti frère eurocommuniste du P »C »F tous deux membres PGE, a soutenu largement l’OTAN et le régime fasciste ukrainien, a cautionné l’envoi de tanks à eau contre les ouvriers grévistes des arsenaux de Cadiz et à approuver des lois de mise au chômage partiels de centaines de milliers de travailleurs.
dégénérescence de l’eurocommunisme : la mutation totale
La dégénérescence de l’eurocommunisme en un vulgaire appareil de soutien de gauche au néolibéralisme et à l »UE est maintenant totale. Les conséquences de ces dernières trahisons sont la destruction interne de tout l’appareil social traître, ainsi que la perte de sa jeunesse. Et faut-il espérer que ces jeunes communistes concrétisent la reconstruction communiste avec les camarades qui ont déjà balisé ce chemin, notamment nos camarades du PCPE vers un nouveau Parti Communiste de combat comme le fut le PCE depuis sa fondation jusqu’à la transition.
Comme souvent, la situation politique tend à traverser les Pyrénées dans les deux sens. Cette crise totale de l’opportunisme euro communiste viendra t-elle bientôt frapper à la porte du P »C »F – PGE ?
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