Après Mayotte, le sinistre Darmanin s’intéresse à un autre DOM-TOM dont nous avons déjà parlé sur ce blog, la Nouvelle-Calédonie. A contrario de l’île des Comores, c’est pour une mission moins guerrière. En effet, il y était du 1er au 4 juin, en présence du ministre de l’Outre-Mer, pour dialoguer avec les organisations indépendantistes kanak regroupées derrière le FLNKS (1).
Ce dialogue fait suite à la colère suscitée par le dernier référendum sur l’Indépendance en 2021, qui avait donné lieu à une contestation de son résultat, notamment une plainte au niveau de la Cour internationale de justice toujours en cours. Tout ceci, nous en avons déjà parlé dans un autre article (2).
Le gouvernement avait depuis quelques mois fait mine à nouveau d’écouter les demandes des défenseurs du peuple Kanak, qui portent toujours le droit à l’indépendance de leur pays, quitte à en fixer des dates précises. Puis quelques mois plus tôt le gouvernement était revenu en arrière. La récente visite de Darmanin avait pour but de discuter de l’après accord de Nouméa et de certaines questions fâcheuses.
Les journaux viennent de titrer, triomphalistes, que le FLNKS accepte l’ouverture du corps électoral caledonien. Ce que ce dernier a contesté dans un récent communiqué que vous trouverez plus bas. Les indépendantistes se donnent simplement le temps de la réflexion.
Pour rappel sur le corps électoral en Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’accord de Nouméa fixe « les bases d’une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, permettant au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté affirmant son destin commun ». Il faut remplir l’une des 8 conditions suivantes : avoir été admis à participer à la consultation du 8 novembre 1998 ; remplir la conditions de 10 ans de domicile en Nouvelle-Calédonie pour avoir été électeur en 1998 ; avoir eu le statut civil coutumier ou, nés en Nouvelle-Calédonie, y avoir eu le centre de ses intérêts matériels et moraux ; avoir l’un de ses parents en Nouvelle-Calédonie et y avoir le centre de ses intérêts matériels et moraux ; pouvoir justifier d’une durée de 20 ans de domicile continu dans l’archipel au plus tard le 31 décembre 2014 ; être nés avant le 1er janvier 1989 et avoir eu son domicile dans la Kanaky de 1988 à 1998 ; être nés à compter du 1er janvier 1989 et avoir atteint l’âge de la majorité à la date de la consultation et avoir eu un de ses parents qui satisfaisait aux conditions pour participer à la consultation du 8 novembre 1998. Cela permet d’exclure certaines parties de la population qui pourrait avoir intérêt à la non-indépendance, comme le « zoreilles », c’est-à-dire les expatriés européens récents en Nouvelle-Calédonie.
L’idée désormais selon le gouvernement serait de faire entrer dans le corps électoral des gens nés sur l’archipel de parents caledonien ou encore de 10 ans minimum de résidence.
Et comme vous pourrez le constater dans le communiqué, les indépendantistes, dont font partie la parti se revendiquant du marxisme scientifique, le Palika, n’abandonnent pas leur revendication de pleine souveraineté et d’indépendance de la Kanaky. Ce qui crée tout de même une dissonance : à moins d’être peu observateur, tout le monde constate que ce gouvernement a menti au peuple français, promettant tout et son contraire, n’assumant rien et finissant toujours par armer la police. Les contestataires kanak, qui ont une grande histoire de trahison par les gouvernements successifs des promesses faites à leur peuple, ne peuvent plus croire à l’obtention de l’Indépendance par la négociation. Le gouvernement n’est certainement pas près de lâcher volontairement la Nouvelle-Calédonie. En cause la peur montée de toute pièce d’une prétendue mainmise chinoise, qui était déjà la raison du sabotage orchestré du référendum de 2021 (3). Comment penser que sans un rapport de force qui, malgré la prise en main partielle des institutions par le FLNKS, est encore inexistant, le peuple kanak pourra-t-il obtenir l’indépendance et un réel processus de décolonisation et de paix anti-impérialiste dans la région avec un gouvernement prêt à alimenter toutes les peurs sinophobes et l’accroissement des tensions diplomatiques et militaires avec la République Populaire de Chine ?
La Nouvelle-Calédonie c’est aussi un territoire où la jeunesse, en particulier kanak, est en perdition, et même s’ils s’engagent dans les rangs du FLNKS, sont aussi ceux qui vont subir la plupart des inégalités, fournir la plupart des prisonniers, etc. (4) Où même en général l’individualisme, malgré l’aspect communautaire kanak, est entrain de prendre de l’importance, surtout chez les jeunes, comme ailleurs dans le monde et y compris dans l’hexagone. Situation qui pourrait effectivement être réglée par la perspective d’une voie socialiste à la Kanaky.
En attendant, les JRCF comme le PRCF rappellent leur soutien à la décolonisation réelle et concrète de la Nouvelle-Calédonie/Kanaky, quelle qu’en soit la forme : indépendance ou autonomie dans le cadre de la République française, le principe d’autodétermination des peuples est un élément essentiel qui doit être défendu par tous les communistes. Nous dénonçons le référendum truqué de 2021, d’autant plus qu’il fait partie du cadre plus large de l’avancée vers la guerre mondiale que nous dénonçons (5). Le peuple d’Eloi Machoro ne veut certainement pas de cette guerre mondiale que souhaite créer les puissances capitalistes d’Europe.
Ambroise-JRCF
Notes :
(1) https://www.google.com/amp/s/fr.news.yahoo.com/amphtml/nouvelle-cal%25C3%25A9donie-l-%25C3%25A9largissement-corps-130946301.html
(2) http://jrcf.over-blog.org/2023/03/des-nouvelles-sur-l-avenir-de-la-kanaky.html
(3) https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/reflexions-du-prcf-sur-le-devenir-de-la-nouvelle-caledonie/
(4) https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/05/le-spleen-de-la-jeunesse-kanak_1800255_3224.html
(5) http://jrcf.over-blog.org/2021/11/vers-l-independance-de-la-nouvelle-caledonie-sur-le-rapport-du-ministere-de-l-outre-mer.html
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