A l’heure où ces lignes paraîtront, il y a de forts risques que le Macronat, ce mixte infect de défaisance euro-atlantique de la France, de collusion avec les massacreurs israéliens de Gaza, de fascisation politique travestie en « barrage au lepénisme », d’arasement néo-thatchérien des acquis sociaux et de « réarmement » opéré en vue du « conflit global de haute intensité » voulu par Washington, se dise qu’après le lancement à son de trompe du « nouveau » gouvernement et le lâchage honteux par la FNSEA du soulèvement paysan, la voie est libre pour le « saut fédéral européen » qui, une fois passées les européennes destinées à le valider, permettra à l’oligarchie et à ses petits suiveurs beaufs ou bobos d’en finir totalement, en destituant l’Etat-Nation républicain, avec l’héritage encombrant de la Révolution jacobine, du mouvement ouvrier et des luttes laïques, antifascistes et anti-impérialistes du XXème siècle.
Pourtant le Macronat minoritaire, illégitime de tous points de vue et socialement usé jusqu’à la corde, est d’une insigne faiblesse politique et son ancrage populaire est encore plus faible que n’étaient ceux du chiraquisme finissant, de la Sarkozie à la ramasse ou de la Hollandie faillie. En effet, depuis des décennies, « Marianne », c’est-à-dire la figure allégorique du peuple français insurgé telle que l’a immortalisée Delacroix, consent de moins en moins aux violations répétées de sa dignité par les tenants de l’ « ordre » maastrichtien: on l’a vu avec le Non éclatant du peuple français, classe ouvrière en tête, à la Constitution européenne, avec l’insurrection brutalement réprimée des Gilets jaunes, avec le grand mouvement pour les retraites (trahi par l’euro-syndicalisme rassemblé) et tout récemment par l’immense jacquerie qui a secoué le pays et pour laquelle rien n’aura été tenté par la gauche établie et par les confédérations syndicales euro-formatées pour solidariser les travailleurs des villes et les travailleurs des champs.
Dès lors il est clair que la force du Macronat et de sa réserve de classe n°1, le bloc idéologique ultraréactionnaire formé par les Le Pen, Ciotti, Zemmour et autre Marion Maréchal, tient avant tout à la faiblesse du bloc populaire qui perd l’une après l’autre des batailles imperdables alors que 80% des ouvriers vomissent la « construction » européenne, que 90% des Français ont sympathisé avec le refus paysan de l’euro-libre-échangisme, que l’écrasante majorité du peuple a refusé la contre-réforme des retraites imposée avec violence par Macron et par ses sbires gouvernementaux…
Plus que jamais, il faut donc construire l’unité de combat du peuple travailleur et ce sera impossible tant que les militants populaires continueront, par loyalisme mal compris, à accompagner avec résignation la tactique de saucissonnage des luttes et des grandes problématiques politiques pratiquée par les dirigeants de la fausse gauche et de l’euro-syndicalisme rassemblé derrière la CFDT. Tantôt ces dirigeants incapables ou corrompus lancent un semi-assaut contre telle contre-réforme dictée par Bruxelles, mais sans jamais accuser la sacro-sainte UE qui finance l’euro-syndicalisme via la jaunâtre Confédération européenne des syndicats et sans jamais appeler à construire le blocage de l’exploitation capitaliste. Tantôt les dirigeants politique de la gauche établie, qui ont mis des lustres à voir venir la fascisation, la dénoncent abstraitement et sans faire de lien entre elle, la marche à la guerre euro-atlantique, la casse définitive des conquêtes de 45, l’euro-défaisance systématique de la France, de la République une et indivisible, voire celle de la langue française méthodiquement évincée par Bruxelles et Paris au profit du tout-anglais des Traités transatlantiques.
Bref, on a affaire à un saucissonnage systématique des luttes, enseignants, électriciens, paysans, etc. allant chacun séparément au casse-pipe, et tout cela parce que, d’une part, la direction des ex-confédés de lutte a dès longtemps renoncé à l’idée d’un affrontement global avec le capital, et que, d’autre part, les dirigeants de la gauche établie – ne parlons même pas du PS et des Euro-Ecologistes depuis longtemps asservis de l’ordre atlantique – , y compris hélas ceux du PCF et de LFI ne veulent à aucun prix remettre en cause la « construction » européenne, parce qu’ils abandonnent la défense de la nation au RN qui la dévoie vers la xénophobie. D’autant qu’ils ont également perdu de vue la nécessité – y compris pour défendre les plus élémentaires acquis sociaux – de proposer à notre peuple l’alternative globale, la contre-logique anticapitaliste de la révolution socialiste, c’est-à-dire notamment de l’expropriation du grand capital et de la conquête du pouvoir d’Etat par la classe ouvrière et ses alliés.
La tâche des militants communistes? dont le PRCF se veut l’expression la plus conséquente mais non unique, mais aussi celle des syndicalistes de lutte, des patriotes antifascistes, des militants de la paix, est on ne peut plus claire et la seule question qui leur est posée est celle de leur volonté politique et de la capacité qu’ils auront ou pas de préférer à temps la paix mondiale, l’indépendance de leur pays, le sauvetage des acquis et des libertés, au loyalisme malvenu à l’égard d’appareils politiques qui les mènent de défaites en déroutes depuis tant d’années.
L’alternative politique est de plus en plus claire: soit le « paquet » mortifère des politiques de guerre, de fascisation, de démontage national et social et leur accompagnement « de gauche » au nom de l’invraisemblable « réorientation progressiste de l’UE » verrouillant toute issue socialiste en France et en Europe, soit la logique non moins globale de la reconstruction communiste (en renonçant aux pudeurs ridicules à l’encontre du parti d’avant-garde, de la « forme-parti », du centralisme démocratique, de la défense décomplexée du léninisme et de son héritage, de la centralité du prolétariat dans la transformation sociale), de la reconstruction française et républicaine et de la marche révolutionnaire au socialisme dont seuls des benêts politiques incurables ou des aigrefins carriéristes peuvent encore penser qu’elle peut s’accomplir dans le cadre de l’euro, de l’UE et de l’OTAN.
La première voie est celle de la mort assurée de notre pays et des conquêtes démocratiques qui ont ponctué son histoire. Elle est aussi celle de la fascisation et de la marche à une guerre mondiale potentiellement exterminatrice.
La seconde dessine un nouveau Chemin de l’honneur visant à fédérer les résistances autour d’une alternative sociopolitique à la fois patriotique, antifasciste et antiimpérialiste sans crainte d’affronter centralement l’UE-OTAN et ses proconsuls fascisants du Parti Maastrichtien Unique, quelles qu’en fussent les couleurs diverses et variées.
A chacun de choisir à temps son camp, car il n’y aura pas, il n’y a déjà pas de « troisième voie »
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