Militant communiste engagé dès l’âge de 16 ans dans la lutte antinazie aux côtés de mon frère Roger, ancien combattant de choc puis officier de ces F.T.P.-M.O.I. qui furent constamment aux premiers rangs de la Résistance armée française, j’ai combattu aux côtés de nombreux jeunes militants juifs héroïques comme Simon Fried ou Jeannine Sontag. Une fois la paix revenue, j’ai fait l’impossible pour faire connaître et faire honorer le nom de Joseph Epstein, militant communiste et juif d’origine polonaise mort pour la France, principal dirigeant politique du groupe de l’Affiche rouge et qui n’a pas moins mérité de la patrie que son héroïque camarade Missak Michel Manouchian.
Toute ma vie, j’ai combattu l’antisémitisme et j’ai passé des milliers d’heures sur les routes de France et dans les écoles de la République pour dénoncer la barbarie nazie, ce mélange infect d’antisémitisme, d’anticommunisme, d’antisoviétisme, de servilité patronale et de xénophobie raciste.
C’est pourquoi je ne peux voir sans m’indigner Netanyahou usurper le combat de tous ces héros, juifs et non juifs, qui risquèrent leur peau pour abattre le monstrueux Hitler, tout cela dans le but de commettre à Gaza, avec l’aide massive des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union européenne, un véritable carnage à l’encontre des populations civiles, notamment des enfants palestiniens. Un carnage que la Cour Internationale de Justice a bien fait de nommer un génocide. Comment en effet nommer autrement cette boucherie perpétrée de sang-froid et qui a déjà provoqué 200 000 tués palestiniens (tels sont les chiffres de la très réputée revue scientifique et médicale anglaise The Lancet) dans une enclave affamée et privée de ravitaillement médical ? Une enclave exiguë où l’assiégeant israélien enferme en permanence deux millions de personnes, majoritairement des femmes et des enfants, dans une prison à ciel ouvert, mais où l’état-major israélien se glorifie de bombarder « courageusement » et à sa guise les écoles et les hôpitaux en prétextant à chaque fois qu’il y avait là des « terroristes ». Et comment vérifier ou contester cela quand déjà, deux cents journalistes tentant de couvrir honnêtement ce conflit ont été assassinés par l’armée israélienne, sans que cela suscite la moindre indignation des médias occidentaux si prompts d’ordinaire à condamner ces crimes de guerre caractérisés dès lors qu’ils sont imputés à tel pays n’ayant pas l’heur de plaire aux Américains ?
Ce n’est pas tout : le régime Netanyahou, cette « théocratie fasciste » d’apartheid (comme l’a affirmé le maire de Tel-Aviv Ron Huldai dans Times of Israël le 4 décembre 2022) qui n’accorde de droits civiques complets qu’aux gens qui parlent la bonne langue et pratiquent la bonne religion, n’en finit pas de coloniser illégalement la Cisjordanie en persécutant les habitants arabes de ce territoire palestinien, en les laissant se faire lyncher par les colons, en les torturant et en installant à leur place des colons protégés par l’armée.
Enfin, pour se sortir d’un conflit qui ne peut avoir d’autre issue humaine que la reconnaissance de l’Etat palestinien exigée par l’ONU, Netanyahou ne cesse d’agresser ses voisins libanais, syrien et iranien,au risque de provoquer un conflit régional pouvant se muer en guerre mondiale entre, d’une part, Washington, d’autre part, l’Iran et ses alliés. De plus en plus, le carnage organisé à Gaza menace donc de se muer en un conflit MONDIAL pire encore que la guerre de 1939/45. En effet, les principaux Etats de la planète sont désormais dotés de missiles nucléaires plus puissants que la bombe utilisée par les Américains pour massacrer les civils d’Hiroshima en 1945. Si un tel conflit éclate, ce serait presque à coup sûr la fin de l’humanité! Quelle cause peut valoir ce risque froidement assumé par Netanyahou avec le double soutien de Trump et de Kamala Harris?
C’est pourquoi, je récuse l’amalgame odieux pratiqué par Netanyahou entre l’antisémitisme, cette abomination que je combattrai jusqu’à mon dernier souffle comme je l’ai toujours fait, et la critique hautement légitime du sanglant colonialisme israélien.
Il vaudrait mieux du reste à ce sujet que les dirigeants occidentaux prennent enfin leurs distances avec les vrais nazis. Par exemple les fanatiques du régiment ukrainien pro-Bandera qui ont tout fait depuis 2004, avec l’aide de l’OTAN et de l’Union européenne, pour martyriser les ouvriers russophones du Donbass en attisant la guerre latente entre l’OTAN et ce peuple russe qui, de Stalingrad à Berlin en passant par Koursk, a « joué le rôle principal dans notre libération » comme l’avait reconnu le Général de Gaulle en 1944.
C’est pourquoi, en tant qu’ancien Résistant, mais aussi en tant que président du valeureux Pôle de Renaissance Communiste en France, je m’adresse à la jeunesse qui s’engage aux Etats-Unis, en Allemagne, voire en Israël, pour la reconnaissance de l’Etat palestinien. Jeunes camarades, c’est un seul combat que la défense du peuple palestinien, que la sécurité des habitants d’Israël et que la défense de la paix mondiale menacée par un impérialisme américain et par un colonialisme israélien qui piétinent toutes les résolutions de l’ONU.
Les héritiers des juifs héroïques qui combattirent les nazis dans les rangs des FTP-MOI ne sont pas les tortionnaires Sharon ou Netanyahou. Dans la lignée des juifs internationalistes qu’étaient Marx ou Einstein, les vrais héritiers d’Epstein ou de Jeannine Sontag sont ceux qui, juifs ou musulmans, chrétiens ou athées, ou de n’importe quelle autre confession religieuse, portent dans leur coeur les valeurs de l’internationalisme prolétarien, du patriotisme républicain et de la paix mondiale, sans laquelle la vie sur Terre s’arrêtera.
Halte au carnage à Gaza ! Sur tous les fronts et contre tous les bellicistes, luttons pour la désescalade militaire et pour le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes ! Evitons à tout prix que, par notre tolérance aux mensonges médiatiques, le massacre de Gaza ne se mue en massacre mondial comme le massacre hitlérien perpétré en 1937 à Guernica, et que tolérèrent les prétendues démocraties occidentales, s’est traduit par la suite par les 50 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale !
C’est le message que le Résistant que je reste, jadis torturé par Barbie aux cris de « sale terroriste ! » et de « judéo-bolchevik !« , voulait adresser aux jeunes. Âgé de 98 ans, je serai resté fidèle jusqu’au bout à mes 52 camarades du Bataillon FTP-MOI Carmagnole-Liberté morts pour que renaisse une France libre, forte et heureuse dans un monde de paix, de liberté, d’égalité et de fraternité pour tous, juifs et musulmans, chrétiens et libres penseurs, communistes et non-communistes.
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