Aujourd’hui, plusieurs puissances, la plupart de la périphérie capitaliste et dominées par l’impérialisme jusqu’à peu, se développent et progressent économiquement et politiquement dans le monde, en opposition avec l’hégémonie de l’impérialisme américain et de ses provinces. Ce sont les puissances qui composent les BRICS (et leurs alliés), et parmi elles, la Fédération de Russie.
Actuellement, cela fait plus de 30 ans que le prolétariat russe subit les conséquences de la contre-révolution capitaliste, initiée par Gorbatchev, poursuivie par Yeltsine, et aboutie par Poutine. Le régime russe est un régime de capitalisme monopoliste d’État, dans lequel les monopoles capitalistes utilisent l’État non seulement (évidemment) comme appareil de domination de classe sur le prolétariat, mais aussi pour gérer leurs affaires économiques. Le régime de Poutine peut parfois, notamment les 9 Mai, s’appuyer de manière hypocrite sur l’héritage soviétique pour se garantir une légitimité au près du peuple, mais il se réfère d’avantage, et de manière beaucoup moins hypocrite, à l’atroce passé tsariste, à une Russie dont la “grandeur” se mesurait par la quantité de sang versé par le peuple sous la mitraille et les coups de sabre, par la quantité d’heures de travail aux conditions terribles durant lesquelles les travailleurs étaient exploités, par la quantité de peuples colonisés, martyrisés et russifiés de force (à l’instar des Ukrainiens, Biélorusses, Polonais, Kazakhs, Tatars, etc.), et par le niveau d’obscurantisme qu’atteignait l’iconodulie chrétienne orthodoxe et le culte des bourreaux du peuple : les Romanovs, leurs capitalistes bureaucrates et leurs propriétaires fonciers. En effet, le nationalisme réactionnaire poutinien doit se référer surtout à ce dont il est l’héritier objectif, plus qu’à ce dont il est le liquidateur (à savoir le passé soviétique).
Dans cet article, nous allons passer en revue, car cela est important pour comprendre la Russie actuelle, les grandes étapes de la contre-révolution russe, des mouvements blancs de la guerre civile à la contre-révolution gorbatchévienne et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui.
Il y a 107 ans, du 6 au 8 novembre 1917, se déroulait un événement qui allait marquer à jamais l’Histoire non seulement de la Russie, le plus vaste pays du monde, mais de l’Humanité tout entière : la Révolution d’Octobre. Elle fut à la base de la première et plus illustrative (tant par ses réussites que ses erreurs) expérience socialiste de l’Histoire. Les bolchéviks, arrivés au pouvoir, travaillaient à l’instauration de la dictature du prolétariat, au partage des terres entre les paysans, et au retour à la paix avec l’Allemagne. De leur côté, la bourgeoisie, l’ancienne aristocratie tsariste, les propriétaires fonciers (Koulaks) et les fanatiques de l’Église orthodoxe, désormais tous détrônés, prenaient les armes contre le prolétariat, et ce avec le soutien du bloc impérialiste de l’Entente. Ces contre-révolutionnaires étaient appelés les “Blancs”, couleur de la royauté, et donc du tsarisme. En Décembre 1917, le Général blanc Lavr Kornilov, 4 mois après avoir tenté un coup d’Etat militaire contre les menchéviks pour poursuivre la contre-révolution lancée par ces derniers en Juillet, déclenchait la “Terreur blanche” (à laquelle les bolchéviks répondront à l’Eté 1918 par la “Terreur rouge”), dont le but était de soumettre par une violence terroriste (massacres (dont Pogroms), tortures, viols, pillage, actes de barbarie, etc.) le peuple à la réaction voulant maintenir le capitalisme et la domination occidentale sur le pays, et restaurer le pouvoir du Tsar. Kornilov déclarait en décembre 1917 qu’il ne fallait pas reculer devant l’anéantissement des trois-quarts de la Russie et l’extermination de la moitié de son peuple, si c’était le prix à payer pour vaincre les bolchéviks. D’autres généraux rejoignirent la contre-révolution : Alexandre Koltchak, Anton Dénikine, Piotr Wrangel, Piotr Krasnov (futur collabo d’Hitler), etc. Jusqu’à leur défaite en 1921, au terme d’une atroce guerre civile (avec intervention des puissances impérialistes) dont ils sont les uniques déclencheurs, ils commettront crimes contre l’Humanité sur crimes contre l’Humanité pour défendre et venger le Tsar Nicolas II (exécuté par les bolchéviks en juillet 1918) et les structures qui le maintenaient au pouvoir. Les Blancs, qui s’exileront ou entreront en clandestinité à l’intérieur de l’URSS, deviendront pour certains des fondateurs et militants du fascisme russe, ainsi que des collabos d’Hitler durant la guerre mondiale suivante. Ils garderont des nostalgiques en URSS durant toute l’existence de cette dernière, dont le propagandiste Alexandre Soljenitsyne, connu pour sa virulence et ses œuvres mensongères (comme l’Archipel du Goulag). Enfin, avec la contre-révolution gorbatchévienne, qui liquida le socialisme, le pouvoir des Soviets et l’Union soviétique, et restaura le capitalisme, les mouvements nationalistes d’extrême-droite renaîtront.
La seconde contre-révolution, à partir de 1985 et de la “perestroïka” (qui se nourrissait des erreurs commises par les communistes soviétiques tout au long de l’histoire de l’URSS, du pouvoir bureaucratique et des problèmes structurels, et s’appuyant sur les restes de l’économie capitaliste existants en parallèle du socialisme et dont les représentants avaient noyauté une partie de l’appareil d’État) a quant à elle malheureusement réussi. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev proclamait la fin de l’URSS en plus de sa démission. La Fédération de Russie est née en avril 1992, et sa constitution a été imposée à coup de tirs d’obus contre la Douma durant la crise de septembre-octobre 1993. Le nouveau président, qui était l’un des représentants de la contre-révolution gorbatchévienne, Boris Yeltsine, transforma, avec l’aide de sa gigantesque bureaucratie corrompue et de ses “Oligarques” (c’est-à-dire les nouveaux directeurs et actionnaires des nouveaux monopoles capitalistes russes, nés des anciens monopoles socialistes), la Russie en une semi-colonie sous perfusion de l’impérialisme américain (qui, quant à lui, voulait démanteler ce pays pour s’en accaparer les ressources). Il n’hésita pas, tout comme les autres nouvelles cliques arrivées au pouvoir après les diverses contre-révolutions dans les différents pays de l’URSS, à jouer sur le nationalisme pour monter les peuples les uns contre les autres et ainsi mieux les soumettre au capitalisme destructeur.
La restauration du capitalisme eut des conséquences terribles sur les populations, et en particulier la jeunesse : l’espérance de vie baissa de plusieurs années, le taux de chômage augmenta drastiquement, des fois à plus de 50%, les salaires s’effondrèrent, le taux d’accès aux soins également, les magasins étaient vides, les loyers augmentaient, la sécurité disparaissait, les vices de la société (alcoolisme, criminalité, etc.) refaisaient surface bien plus qu’en URSS, la culture s’américanisait, etc.
De leur côté, pendant ce temps, les “Oligarques” s’en mettaient plein les fouilles sur le dos des prolétaires. Par l’explosion du chômage, ils avaient désormais à leur disposition une vaste armée industrielle de réserve ajustable aux besoins du capital. La jeunesse se retrouvait sans avenir, sans objectifs, sans foi, et à la merci d’une exploitation capitaliste débridée. En 1996, avec l’aide des USA, Yelstine gagnait les élections présidentielles par trucage des résultats contre le candidat communiste et véritable vainqueur de l’élection, Guennadi Ziouganov.
En 1999, Vladimir Poutine, ancien agent du KGB devenu sous Yeltsine un acteur de l’ombre de la restauration capitaliste, devint président par intérim, puis en 2000, fut « élu » président. Pendant plusieurs années, il restera plus ou moins à la botte de l’Occident, demandera à ce que la Russie rejoigne l’OTAN et expliquera même en 2005 lors d’une entrevue que la coopération de la Russie avec l’UE avait pour but de se transformer en “une forme d’adhésion” à celle-ci. Ce nouveau président ne cachait pas (et ne le fait toujours pas) sa nostalgie à l’égard de l’époque tsariste, dont nous avons parlé plus haut, et donc aussi des premiers contre-révolutionnaires 80 ans plus tôt. Sous son pouvoir, il y eut une “mise au pas des Oligarques”, dans le but de permettre à la bourgeoisie nationale (à l’opposé de la bourgeoisie compradore) de garder le pouvoir pour elle, résultant en une hostilité progressive de l’impérialisme occidental à l’égard de la Russie. Cela permettra malgré tout à la condition des travailleurs de s’améliorer un petit peu. En effet, le retour progressif à l’indépendance nationale et la fin de la crise nommée “thérapie de choc” ont permis un retour à une vie “normale” (nous sommes sortis du “sauve-qui-peut” dont à déjà parlé le camarade Bruno Drewski). Bien évidemment, l’exploitation du prolétariat russe par les monopoles demeure quand même. Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler que le régime de Poutine ne rechigne pas aux méthodes de répression, en emprisonnant et pourchassant les camarades du KPRF et du Levy Front (“Front de Gauche”), premières forces d’opposition dont les médias occidentaux refusent de parler (ou présentent à tort comme une opposition contrôlée au moment des mascarades électorales de Russie). Nous pouvons prendre pour exemple le camarade Vladimir Bessonov, ancien député KPRF à la Douma (et représentant du KPRF auprès du PRCF) vivant aujourd’hui en exil en Angleterre, ou encore Sergueï Oudaltsov, militant du LF emprisonné entre-autres pour soi-disante “apologie du terrorisme” pour avoir participé à un cercle marxiste (ces méthodes de disqualification sont proches de celles du gouvernement fascisant Macron-Barnier voulu par Le Pen pour l’impérialisme français).
Dans ces conditions, et nous n’avons cité que peu de choses concernant tout ce que l’on se doit de reprocher à Vladimir Poutine et son régime (le but de cet article étant de faire quelques rappels), il est nécessaire d’appuyer les camarades progressistes et communistes russes, et la jeunesse de ce pays, dans leur lutte pour retrouver la voie du socialisme soviétique, de l’émancipation et de la liberté, tout comme leur lutte pour sauvegarder l’indépendance nationale. Ces deux luttes étant en réalité indissociables. Soutenons-les dans leur quête d’un avenir meilleur et d’une vie digne de ce nom contre le capitalisme destructeur.
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