Alors que des manifestations de joie éclatent dans les rangs des militants pro-palestiniens, célébrant ce qu’ils perçoivent comme la fin d’un régime autoritaire en Syrie préparant la libération de la Palestine, la JRCF appelle à une analyse lucide de la situation. La chute de l’État national syrien ne représente en aucun cas une victoire décisive pour les forces de libération dans la région et encore moins pour la cause palestinienne. Au contraire, elle consacre une avancée majeure de l’impérialisme hégémonique et de ses alliés, affaiblissant durablement la résistance populaire contre l’expansionnisme israélien et l’ordre néocolonial imposé par l’impérialisme UE-OTAN.
L’État syrien a pu être responsable de nombreuses violences inutiles mais son effondrement marque avant tout la disparition d’un adversaire historique et structuré d’Israël dans la région et brise effectivement le couloir militaire reliant l’Iran et le Liban, qui constituait une ligne de défense essentielle pour les forces de la résistance palestinienne. En détruisant ce lien stratégique, cette offensive affaiblit durablement les capacités des forces anti-hégémoniques dans leur lutte contre l’occupation israélienne et fragilise les forces progressistes dans tout le Moyen-Orient. La position d’Israël se retrouve renforcée et lui permet de préparer ses futures agressions et annexions sans craindre une opposition coordonnée dans la région.
La Turquie, en soutenant des factions armées largement issues d’Al Qaïda, consolide son rôle dans le démembrement des souverainetés nationales, tandis qu’Israël profite directement de la disparition d’un adversaire historique. Dans ce contexte, Ankara intensifie également son offensive contre les populations kurdes via les milices islamistes d’HTS pour accomplir ses objectifs expansionnistes au prix d’un lourd tribut pour les civils. Ce démantèlement de la Syrie indépendante s’inscrit dans une stratégie atlantiste visant à remodeler la région selon les intérêts des grands monopoles et à éliminer toutes les forces susceptibles de défier l’hégémonie impérialiste du bloc de l’UE-OTAN. Il apparaît donc que la chute de l’État syrien constitue en réalité une avancée majeure pour les puissances impérialistes et leurs relais régionaux.
Pour la jeunesse syrienne, c’est une tragédie supplémentaire. Épuisée par une guerre civile interminable, un séisme meurtrier, des sanctions criminelles et une émigration massive, elle voit disparaître ce qu’il restait d’un État garantissant un minimum de stabilité et de souveraineté. Cette génération, prise entre répression, morcellement national, exil et misère, est aujourd’hui sacrifiée sur l’autel des intérêts impérialistes. Pourtant, cette jeunesse porte toujours en elle l’espoir de reconstruire un avenir pour une Syrie libre, souveraine et en paix.
La situation syrienne illustre la contradiction principale de notre époque : la confrontation entre l’impérialisme hégémonique qui cherche à assurer sa domination politique, économique et militaire, et l’ensemble des peuples/pays/forces qui osent lutter pour leur souveraineté nationale. De l’Iran à la Palestine, les forces de résistance font face à des attaques coordonnées pour briser leur indépendance. La chute de la Syrie n’est pas une victoire de la paix, mais une étape vers une militarisation accrue et une intensification des tensions régionales et mondiales.
Refuser cette logique de prédation impérialiste étrangère aux intérêts des classes travailleuses, c’est refuser l’austérité, les divisions et la misère qu’elles imposent. La jeunesse du monde doit comprendre que seule la lutte pour la défense de la souveraineté de tous les peuples constitue un chemin vers la paix durable. Nous appelons les jeunes de France et d’Europe à se mobiliser contre toutes les manœuvres impérialistes, à affirmer leur pleine solidarité avec la jeunesse syrienne et à construire un front de paix et de justice pour un avenir libéré des chaînes de l’impérialisme.
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