Au XXIe siècle, nous vivons dans une situation de plus en plus tendue, exacerbée par la chute de la majeure partie du camp socialiste à la fin du XXe siècle. Tout d’abord, la situation internationale se détériore : l’impérialisme américain, devenu hégémonique après la Seconde Guerre mondiale et élevé au rang d’« hyperpuissance » après l’effondrement du bloc socialiste, poursuit sa politique agressive avec peu de résistance en face de lui. Il met le monde à feu et à sang, notamment au Moyen-Orient, s’accapare de nouveaux marchés et impose son hégémonie culturelle. À partir des années 2010, certains pays en développement se sont unis au sein de la structure instable mais multipolaire des BRICS afin de contester cette domination, qui entrave la souveraineté des nations cherchant à suivre leur propre voie de développement. Face à cette remise en question de leur hégémonie, les États-Unis et leur bloc euro-atlantique encouragent désormais des conflits contre la Russie, la Biélorussie, l’Iran, la Chine et la RPDC, formant ainsi un vaste front mondial. À cela s’ajoute le soutien occidental au régime de Netanyahu, qualifié de criminel de guerre, dans les massacres perpétrés contre les civils sans défense à Gaza.
En nous recentrant sur la situation intérieure de la France, nous constatons une dégradation continue des conditions de vie du prolétariat. La bourgeoisie impérialiste, représentée actuellement par Emmanuel Macron, poursuit, sous l’impulsion de l’Union européenne capitaliste supranationale et du MEDEF, la destruction des acquis sociaux issus de la Libération, largement obtenus grâce à la Résistance communiste. La privatisation des services publics s’intensifie, jetant de nombreux travailleurs dans la précarité, le chômage et l’exclusion sociale, tandis que l’inflation accentue la paupérisation des classes populaires. Parallèlement, la répression politique contre les mouvements sociaux se durcit. Dans ce contexte, la jeunesse est la première victime : confrontée à un avenir incertain, elle subit une militarisation croissante, un chômage endémique et des conditions d’études de plus en plus précaires, notamment pour les étudiants salariés.
Face à cette situation, il est plus que jamais nécessaire de défendre le marxisme-léninisme. Cette doctrine scientifique, élaborée par Marx, Engels et développée par Lénine, permet de comprendre les lois historiques et les contradictions qui régissent l’évolution des modes de production. Le capitalisme, arrivé à son stade impérialiste à la fin du XIXe siècle, obéit à des dynamiques que le léninisme a précisément analysées.
Dans cet article, nous examinerons les caractéristiques principales du léninisme et la manière dont il peut être adapté à la situation actuelle.
Lénine et l’analyse de l’impérialisme
Le léninisme constitue le développement du marxisme dans le contexte du passage du capitalisme de libre concurrence au capitalisme monopoliste et impérialiste. Ce saut qualitatif historique a modifié les rapports de forces et les stratégies possibles pour le prolétariat international.
Dans son ouvrage L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), Lénine a démontré que l’essor du machinisme et de la grande industrie conduisait inéluctablement à la concentration du capital et à l’émergence des monopoles. En effet, la libre concurrence tend à éliminer les entreprises les plus faibles en raison de la baisse tendancielle du taux de profit, entraînant ainsi la domination de certaines branches industrielles par quelques grandes entreprises. Ce phénomène touche également le secteur bancaire, où la concentration du capital favorise la fusion entre le capital bancaire et industriel, donnant naissance à un capital financier puissant.
Lénine met en évidence que, pour contrer la baisse tendancielle du taux de profit, les monopoles exportent leurs capitaux vers des pays économiquement plus faibles, où les ressources naturelles et la main-d’œuvre sont moins coûteuses. Ce processus transforme les nations impérialistes en véritables parasites économiques, vivant de l’exploitation des pays dominés, dont ils pillent les matières premières et exploitent les travailleurs. Cette domination leur permet également de corrompre une fraction du prolétariat, notamment les ouvriers les plus qualifiés et les dirigeants syndicaux les moins combattifs et les plus enclins à ce que nous appelons aujourd’hui le « dialogue social », afin de s’assurer leur soutien, leur neutralité, ou tout du moins leur inaction.
L’impérialisme, selon Lénine, est donc une « réaction sur toute la ligne » : il ne s’agit plus du capitalisme progressiste de l’époque de Marx, qui brisait les structures féodales et stimulait le développement des forces productives, mais d’un capitalisme décadent et parasitaire, fondé sur l’exploitation mondiale et la concurrence inter-impérialiste pour le repartage des marchés. Dans Sur l’infantilisme de gauche et les idées petites bourgeoises, Lénine qualifiait néanmoins le capitalisme monopoliste d’État d’« antichambre du socialisme », car il socialise déjà, en pratique, la production, ce qui facilite par la suite sa mise sous contrôle par le prolétariat une fois le pouvoir conquis.

Lénine et la question de l’organisation révolutionnaire
Lénine a également approfondi la question de l’organisation politique du prolétariat. Il a tiré les leçons des expériences du mouvement ouvrier du XIXe siècle pour démontrer que la victoire révolutionnaire exige un parti politique centralisé, discipliné et ancré dans les masses. Ce parti d’avant-garde doit être structuré selon le principe du centralisme démocratique, qui repose sur la liberté de discussion et l’unité d’action. Ce mode d’organisation permet à la fois un débat interne démocratique et une cohésion indispensable à l’efficacité de la lutte.
Lénine a mené une lutte sur deux fronts au sein du mouvement communiste : contre les tendances opportunistes droitières, qui révisaient les fondements du marxisme, et contre les tendances gauchistes, dogmatiques et sectaires. Les opportunistes remettaient en cause la nécessité de la dictature du prolétariat, prônant une transition pacifique vers le socialisme par le biais des institutions bourgeoises. Lénine a dénoncé cette illusion dans La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, soulignant que l’État est un instrument de domination de classe et que la bourgeoisie ne cédera jamais volontairement son pouvoir.
À l’inverse, les gauchistes rejetaient toute forme de compromis et prônaient une radicalité déconnectée des réalités concrètes. C’est le cas notamment de la question des libérations nationales. Dans un pays dominé par l’impérialisme, la contradiction principale se situe entre la « bourgeoisie compradore », alliée à l’impérialisme, et les masses populaires, qui désirent un développement économique indépendant. La « bourgeoisie nationale », cherchant à renverser la bourgeoisie compradore, et le prolétariat, qui veut un développement autonome, marchent donc objectivement, fut-ce un temps, dans le même sens, contre l’impérialisme.Lénine les a critiqués dans La maladie infantile du communisme, démontrant que le refus gauchisant et radical de participer aux élections « bourgeoises » ou, surtout, de conclure des alliances tactiques — électorale mais surtout de classe — les condamnait à l’isolement et à l’impuissance. Il a ainsi souligné que le marxisme en politique est un « art du compromis », adapté aux conditions concrètes de la lutte des classes.
Pourquoi défendre le léninisme aujourd’hui ?
À la lumière de ces éléments, il apparaît clairement que le léninisme conserve toute sa pertinence au XXIe siècle. Contrairement aux discours dominants qui le qualifient de doctrine dépassée ou dogmatique, nous démontrons qu’il constitue une approche scientifique et dialectique permettant de comprendre les dynamiques économiques, politiques et sociales à l’œuvre dans le capitalisme contemporain.
Lénine a démontré que l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme, marqué par la concentration du capital, la domination des monopoles et l’exportation des capitaux vers les pays dominés. Or, aujourd’hui, ce schéma est toujours d’actualité : les multinationales et les grandes institutions financières occidentales continuent de piller les ressources du Sud global, d’exploiter une main-d’œuvre bon marché et de maintenir des structures néocoloniales pour préserver leurs profits. L’hégémonie américaine, appuyée par ses vassaux de l’UE et de l’OTAN, illustre cette continuité, notamment par ses interventions militaires, son chantage économique et sa guerre idéologique contre les pays qui osent remettre en cause son ordre mondial.
En ce qui concerne notre pays, la bourgeoisie impérialiste et son État, largement dominés et vassalisés dans le cadre de l’UE-OTAN — voire totalement abandonnés à l’euro-atlantisme et ce jusqu’à y sacrifier la France (ce qui devrait inviter tout marxiste-léniniste conséquent à considérer sérieusement l’absolu nécessité dynamique de prendre à bras le corps, en communiste, en progressiste et en antifasciste, la question de la libération nationale de la France comme une question désormais intimement liée à celle de la construction du socialisme) —, continuent de mener, au service de ses structures capitalistes et supra-nationales, une offensive contre les droits des travailleurs et les conquis sociaux, sapant toujours davantage les conditions de vie du peuple travailleur et renforçant les politiques répressives. La précarisation des travailleurs, la privatisation des services publics, la montée de l’autoritarisme, le démantèlement des protections sociales, du « produire en France » industriel, agricole et halieutique, démontrent que l’État bourgeois reste un instrument de domination de classe — quand bien même cette classe « étouffe » dans les frontières de cet Etat et a « besoin d’airE » (dixit le célèbre manifeste du MEDEF) —, confirmant ainsi l’analyse marxiste-léniniste de l’État comme appareil de coercition au service du capital.
Face à cette situation, quelle doit être notre réponse ? Certainement pas celle des sociaux-démocrates et des réformistes qui, depuis plus d’un siècle, n’ont cessé de trahir les intérêts du prolétariat en capitulant devant la bourgeoisie. L’histoire a montré que les stratégies électoralistes, qui prétendent amener le socialisme par des réformes dans le cadre des institutions bourgeoises, conduisent inévitablement à des échecs et à des reculs. Le cas tragique de Salvador Allende au Chili en est une preuve éclatante, tout comme les renoncements successifs des gouvernements sociaux-démocrates en Europe.
Le marxisme-léninisme nous enseigne que seule une lutte révolutionnaire organisée, structurée autour d’un parti d’avant-garde ancré dans les masses, peut permettre au prolétariat de renverser la domination bourgeoise et d’instaurer la dictature du prolétariat, c’est-à-dire le pouvoir des travailleurs sur la société. Cette perspective nécessite de s’adapter aux conditions contemporaines sans tomber dans les travers du dogmatisme ou du spontanéisme. Il ne s’agit pas de répéter mécaniquement les schémas du passé, mais d’appliquer les principes léninistes aux nouvelles réalités, en prenant en compte les formes modernes du capitalisme et de la lutte des classes.
Loin d’être une idéologie figée, le léninisme est un outil vivant, une boussole pour l’action qui nous permet de comprendre et de transformer le monde. La crise du capitalisme mondial — menaçant même aujourd’hui l’humanité d’une phase « exterministe » par les provocations guerrières de l’UE-OTAN contre le monde ou par la destruction de notre environnement —, l’intensification des contradictions de classe et la montée des luttes populaires nous rappellent que la révolution est non seulement nécessaire, mais surtout vitale. C’est donc à nous, marxistes-léninistes, de nous organiser, d’unir les travailleurs et d’œuvrer à la construction d’un véritable mouvement révolutionnaire capable de renverser ce système.
Plus que jamais, défendre le léninisme, c’est défendre l’avenir de l’humanité.
Afin d’approfondir le sujet nous ne pouvons que conseiller la lecture du « Nouveau défi léniniste » du philosophe et membre du secrétariat national du PRCF Georges Gastaud, ainsi que les différentes vidéos réalisées par ses soins ces dernières années à visionner sur les chaînes Youtube du PRCF et des Cafés marxistes :
« Le nouveau défi léniniste » : https://editionsdelga.fr/produit/le-nouveau-defi-leniniste/
« Qu’est ce que le léninisme ? » : https://www.youtube.com/watch?v=JXh2C6iutdI
« Se défendre avec Lénine » : https://www.youtube.com/watch?v=A-UhdtWdcY4
« Déconfinons le léninisme » : https://www.youtube.com/watch?v=t2vyfWVoXTo
0 commentaires