L’affaire Bétharram : un scandale systémique révélateur des violences de classe et de l’hypocrisie bourgeoise

par | Mai 6, 2025 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

L’affaire Bétharram, ce scandale impliquant des décennies de violences physiques et sexuelles au sein d’un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, n’est pas simplement une sombre histoire de pédocriminalité institutionnelle. Elle est le symptôme d’un système bien plus large : celui de l’alliance objective entre l’Église réactionnaire, l’État bourgeois et les structures patriarcales qui perpétuent l’oppression des classes populaires.

1. L’Église, sanctuaire de l’impunité bourgeoise

Notre-Dame de Bétharram, aujourd’hui rebaptisée « Le Beau Rameau », fonctionnait comme une véritable enclave féodale où la violence était institutionnalisée. Les témoignages recueillis par Alain Esquerre dans Le Silence de Bétharram décrivent un système organisé de violences physiques et sexuelles, où les agresseurs – prêtres, surveillants, enseignants – bénéficiaient d’une impunité totale (1).

L’alliance entre l’institution religieuse catholique et les élites politiques locales est flagrante, et François Bayrou, ministre de l’Éducation nationale en 1996, l’incarne. Bien que son épouse ait enseigné dans cet établissement et que ses enfants y aient été scolarisés, il affirme n’avoir jamais été informé des violences. Pourtant, il a rendu visite en prison à Pierre Silviet-Carricart, l’ancien directeur accusé de viol (2). Ce cas démontre comment l’État bourgeois protège ses alliés traditionnels, au mépris des victimes.

2. La famille bourgeoise : instrument de reproduction des rapports de domination

La famille Bayrou incarne parfaitement le modèle familial bourgeois traditionnel, cette cellule fondamentale du système capitaliste où s’opère la transmission des capitaux. Dans cette structure, l’enfant n’est pas considéré comme un individu à part entière, mais comme un vecteur de reproduction des privilèges de classe. Le nom « Bayrou » ne désigne pas simplement une identité familiale, mais un véritable capital social qu’il s’agit de préserver à tout prix.

Cette logique explique pourquoi la fille de François Bayrou, victime de violences à 14 ans, a gardé le silence pendant trois décennies. Son mutisme n’était pas seulement personnel, mais répondait à sa fonction : protéger les intérêts de sa cellule familiale et, par extension, de sa classe sociale. La famille bourgeoise fonctionne comme le premier appareil idéologique où s’inculquent les « valeurs » capitalistes, participant ainsi au maintien de l’ordre social existant.

3. L’État au service de la bourgeoisie : austérité et formatage des consciences

L’inspection lancée en 2025 (3), trente ans après les premiers signalements, est une mascarade. Elle ne concerne que le « fonctionnement actuel » de l’établissement, ignorant délibérément les crimes passés. Cette complaisance étatique n’a rien de surprenant : les ministres de l’Éducation nationale, sous la coupe des gouvernements successifs, d’une euro-austérité laminant ses moyens propres et lourdement bureaucratisée, ont plus que souvent fermé les yeux sur les dérives des établissements privés catholiques, pour bon nombre véritables bastions de la réaction.

L’inaction délibérée de l’État dans l’affaire Bétharram s’inscrit dans une logique plus large de l’État bourgeois, simple courroie de transmission des intérêts du capital. Face aux exigences de rentabilité de la bourgeoisie internationalisée instituée en « Union européenne », l’État bourgeois vassalisé à cette dernière mène une politique de démantèlement des services publics. Les coupes budgétaires dans l’Éducation nationale et la protection de l’enfance ne répondent pas à des « contraintes économiques », mais à une stratégie consciente : diminuer la « dépense publique » pour augmenter les profits, tout en façonnant une main-d’œuvre docile en annihilant notre esprit critique. L’école publique, délibérément affaiblie, devient ainsi l’antichambre de professions elles-mêmes appauvries et odieusement dénigrées, tandis que les établissements privés comme Bétharram bénéficient d’une impunité structurelle, protégés par leurs relais politiques.

4. Le capitalisme, racine des violences systémiques

Comme nous l’avons déjà développé dans La forme néolibérale du modèle familial bourgeois, la source principale de ces violences se trouve dans le mode de production capitaliste. Le modèle familial patriarcal, promu violemment par les réactionnaires religieux en tous genres, par la hiérarchie ecclésiastique de l’Eglise et l’extrême droite, n’a pour ces derniers que la vocation de servir à reproduire la force de travail et à perpétuer l’exploitation. Les violences de Bétharram ne sont pas un accident, mais le produit d’un système qui :

  • Organise les violences de classe, abandonnant une partie de la jeunesse aux institutions réactionnaires, leur imposant l’obéissance et le mutisme.
  • Aliène les travailleurs en nous maintenant dans des conditions d’existence précaires.

Conclusion : briser le silence pour briser le capital

L’affaire Bétharram peut être un électrochoc. Elle révèle l’urgence de :

  1. Retirer leurs privilèges aux grandes écoles privées payantes et aux « universités » confessionnelles et d’engager la nationalisation laïque de l’enseignement privé sous le principe « à fonds publics, école publique ».

2. Démanteler les réseaux réactionnaires (Agenda Europe, La Manif pour tous) qui soutiennent la grande bourgeoisie.

3. Renforcer les services publics (ASE, hôpitaux, écoles) pour en finir avec l’abandon des enfants des classes laborieuses.

4. Condamner les complices, comme Bayrou, qui ont couvert ces crimes.

La lutte contre les violences de Bétharram est une lutte de classe. Elle ne sera gagnée que par l’organisation collective des travailleurs, seuls capables de briser l’alliance mortifère entre le capital, les éléments religieux les plus réactionnaires et l’État bourgeois, si intégré soit-il et vassalisé dans le cadre de l’UE de plus en plus cléricale.

« Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. » (Marx & Engels)

Joanna-JRCF

1. France 3 Nouvelle-Aquitaine [Internet]. 2025 [cité 2 mai 2025]. « Je découvre un continent de violences sexuelles » : Le Silence de Bétharram, le livre choc d’un ancien élève devenu lanceur d’alerte. Disponible sur: https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/je-decouvre-un-continent-de-violences-sexuelles-le-silence-de-betharram-le-livre-choc-d-un-ancien-eleve-devenu-lanceur-d-alerte-3142277.html

2. Moderne LM. Emmanuel Macron ne veut pas que la paix en Ukraine soit une capitulation [Internet]. Le Monde Moderne. 2025 [cité 2 mai 2025]. Disponible sur: https://alexispoulin.substack.com/p/emmanuel-macron-ne-veut-pas-que-la

3. Moderne LM. Apple, grand perdant de la guerre commerciale de Donald Trump [Internet]. Le Monde Moderne. 2025 [cité 2 mai 2025]. Disponible sur: https://alexispoulin.substack.com/p/apple-grand-perdant-de-la-guerre

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