Les points névralgiques de la guerre mondiale maritime
Mais les paradigmes juridiques étant différents selon l’environnement, il convient de traiter en préambule du droit de la mer en général (1).
Le droit de la mer est fixé pour la première fois en 1958, sous le nom de “Convention de Genève sur le droit de la mer”, mais celle-ci est rapidement jugée “obsolète” par l’ONU elle-même en raison de son insuffisance à répondre aux réalités maritimes.
C’est la Convention de Montego-Bay en 1982 qui va durablement déterminer le droit de la mer international contemporain. Elle va délimiter l’espace maritime en trois zones principales : les eaux territoriales (12 milles des côtes (2), étant égaux à la portée d’un canon dans les années 1950 (3)), les ZEE (Zone Économique Exclusive) (de 200 milles jusqu’à 350 milles des côtes “en faisant valoir les limites de son plateau continental sous-marin”(4)) et la haute-mer (plus de 200 milles des côtes ou plus en fonction de la taille des ZEE).
L’originalité particulière de cette convention réside, en fait, dans la création des ZEE, couvrant aujourd’hui 40% des mers, qui consistent comme suit :
“Dès lors, l’État côtier détient les droits d’exploitation des ressources présentes sur la zone entre 24 et 200 milles marins (39 et 370 km) de sa ligne de base. Lui revient également des devoirs parmi lesquels la préservation de l’environnement, les opérations de recherche et de secours en mer. La liberté de naviguer est conservée pour tous les navires, y compris dans la mer territoriale, dans le cadre prévu par la convention du « droit de passage inoffensif. » À partir de ces principes, les États sont libres de définir les limites de leurs frontières maritimes. En cas de revendications concurrentes, les délimitations doivent être convenues entre les États concernés”, écrit le gouvernement français (5).
Certains États, comme les États-Unis “réfractaires” (6), ne signent pas la Convention “pour ne pas se fermer d’opportunités commerciales ou stratégiques”, alors même qu’ils prétendent “défendre le droit international en naviguant partout où celui-ci le permet” (7). Cela explique pourquoi, de facto, “le droit de la mer est contesté par la force”, plus que de jure, que le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) est chargé de faire respecter (8).
Mer Baltique, Mer d’Azov et Mer Noire
On l’a compris, il arrive régulièrement que des quiproquos et autres litiges relatifs à l’interprétation de la Convention, surtout quand des pays non-signataires se permettent de la brandir pour défendre leurs intérêts, soient à l’origine d’une pérennisation des conflits en mer. Et encore, c’est sans prendre en compte les autres conventions dites “régionales”, c’est-à-dire “consacrées à la protection du milieu marin et des ressources marines”, les traités locaux ou les revendications historiques.
La Mer Baltique est une petite mer qui connecte le Danemark, la Suède, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, l’Allemagne (tous membres de l’OTAN et de l’UE) et enfin la Russie entre eux. Elle cristallise les mêmes enjeux que ceux engendrés par l’expansion provocatrice de l’OTAN à l’Est depuis la chute de l’URSS (9) malgré les promesses de son non-élargissement. En 2024, la Russie a commis l’affront de revendiquer, en s’appuyant sur des “mesures soviétiques […] de 1985”, une extension de sa ZEE, ce qui a fait pousser des cris d’orfraie dans les pays de la Baltique, bien que la Russie l’ait retiré le lendemain de sa publication (10). Certains, comme le ministre lituanien des Affaires étrangères, ont trouvé qu’il s’agissait “d’une escalade évidente contre l’OTAN et l’UE”, qui devait “être combattue avec une fermeté appropriée” (11). Néanmoins, personne ne s’est levé pour protester contre l’intégration en 2023 et en 2024, de la Suède et de la Finlande dans l’alliance militaire atlantique, accentuant ainsi l’atmosphère belliciste qui régnait déjà en Baltique.
C’est le contexte de la guerre en Ukraine et l’ignition des contradictions au niveau mondial qui a mené les deux pays à se soumettre à l’OTAN. Comme l’a dit le chef d’état-major de la Marine nationale, Nicolas Vaujour, “[La Mer Baltique] est devenue otanienne” (12). De nombreuses opérations de l’OTAN s’y déroulent :
“Au cours de la dernière décennie, l’OTAN a renforcé sa présence militaire le long des frontières de la Russie. Lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles (septembre 2014), l’OTAN a mis en œuvre son plan d’action rapide (Readiness Action Plan – RAP). Ce plan a été conçu pour augmenter les forces militaires de l’OTAN en Europe de l’Est « de la mer Baltique au nord à la mer Noire au sud ». Deux ans plus tard, à Varsovie, l’OTAN a décidé de développer une présence avancée renforcée (eFP) dans la région de la mer Baltique avec des « groupements tactiques stationnés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne » écrit l’intellectuel marxiste Vijay Prashad (13).
Effectivement, “depuis février 2022, l’OTAN a intensifié ses activités de veille, notamment par la présence accrue de porte-avions alliés dans la Baltique” (14), dont se vante particulièrement l’amiral. “Le Danemark […] a fait part de son projet d’acquérir plusieurs dizaines de navires supplémentaires en réponse à la montée des menaces en mer Baltique et dans l’Arctique. Dans le même temps, la Lituanie […] a annoncé l’achat de deux navires d’attaque”, lit-on sur Slate (15). Quant à la Suède, “le pays a annoncé sa volonté d’acheter quatre nouveaux navires militaires. L’essentiel de l’armée suédoise a été pensée en vue d’un affrontement avec la Russie, au point que le pays a distribué à ses citoyens une brochure les préparant à un éventuel conflit”.
Car la Baltique, en plus de donner accès à la Russie, est une zone éminemment sensible pour le commerce Russe. Comme le dit l’amiral, “[elle] exporte 80% de son pétrole par la mer, par la Baltique […]. Saint-Pétersbourg représente 30 à 35% des échanges commerciaux de la Russie aujourd’hui, import-export […]. Si on le souhaitait, on pourrait mener des actions beaucoup plus dures vis-à-vis de cet adversaire [la Russie]” (16). Raison pour laquelle la CIA a jugé bon de saboter les gazoducs Nord Stream (17) en 2022, décrite comme “l’attaque la plus importante contre les infrastructures européennes depuis la Seconde Guerre mondiale” (18). “Une occasion formidable [dixit Blinken, l’ex-Secrétaire d’État des États-Unis] pour éliminer une fois pour toutes la dépendance à l’égard de l’énergie russe et, par conséquent, pour priver Vladimir Poutine de l’arme de l’énergie comme moyen de faire avancer ses desseins impériaux” (19). Quelle ironie, quand on pense aux impérialistes parlant de “menace existentielle” russe “impérialiste” (20) (21), !
Plus au sud, en Mer d’Azov et en Mer Noire (qui regroupent la Russie, l’Ukraine, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie) c’est la même chanson, là où “environ 90 % des exportations maritimes de céréales russes, qui ont totalisé 62,4 millions de tonnes pour la saison 2023/2024, transitent par ses ports du sud de la mer Noire” selon Reuters (22). Les forces navales permanentes de l’OTAN (SNF) y patrouillent, “couvrant l’intégralité de la zone de responsabilité maritime de l’OTAN”, autrement dit toute la zone, puisque hormis la Russie, tous sont membres ou aspirant à devenir membres de l’OTAN et de l’UE (même si le cas de la Turquie est un peu plus complexe vis-à-vis de l’UE (23)), et multiplient les exercices militaires, comme un avertissement direct lancé à la Russie (24).

Mer Rouge, Canal de Suez et Méditérranée
Je me souviens avoir été particulièrement choqué par les propos liminaires d’Hervé Berville, ex-Secrétaire d’État français chargé de la mer, lors de son intervention à l’Institut Catholique de Paris, en octobre 2023. Il rappelle “au nom du gouvernement” que la France soutient “le peuple israélien […], sans “mais”” (25) – qu’est-ce que cela veut dire ? Dans la bouche des impérialistes, nous le savons : c’est le signe d’un zèle sans faille pour la poursuite effrénée du génocide en Palestine. Et pendant ce temps-là, que se passe-t-il en Mer Rouge ?
Voie maritime stratégique reliant la Méditerranée à l’Océan Indien, la Mer Rouge comprend le célèbre Canal de Suez (que Nasser a nationalisé jadis, ce qui lui avait attiré les foudres des impérialistes français et britanniques) et le détroit de Bab-el-Mandeb, et borde les côtes de l’Arabie Saoudite, du Yémen, de l’Egypte, de l’Erythrée, du Soudan et de Djibouti. Le Canal de Suez est décrit par Richard Labévière comme “l’une des articulations majeures des Routes de la soie maritimes” chinoise (26).
La principale menace que rencontrent les navires commerciaux occidentaux en Mer Rouge sont les Houthis, un groupe chiite zaydite yéménite armés notamment de missiles de croisière, de missiles balistiques et de drones (27), opposés farouchement au génocide en Palestine financé par ces mêmes occidentaux. Ils travaillent depuis plusieurs années à la construction d’un blocus des ports d’Israël, dont la colonie dépend fortement (“99 % de son volume d’importations et d’exportations transite par les ports maritimes” (28)). Par exemple, en janvier 2024 “le port d’Eilat, point d’ancrage d’Israël sur la mer Rouge, a enregistré une baisse de 85 % de son activité maritime” selon Reuters (29). En outre, “conséquence directe, le trafic en mer Rouge, qui représentait 13 % du trafic mondial, 30 % du trafic de conteneurs et 21 % du trafic énergétique, a été divisé par deux [en 2024]” (30). “Le nombre de navires traversant le canal a diminué de 51 % [en 2024]” (31). Une des raisons pour laquelle le prix du pétrole et du gaz augmente en Europe, car les Houthis effraient “certaines des plus grandes compagnies maritimes et géants pétroliers du monde”, lit-on dans l’Associated Press News (32). Le contournement de l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance induit en effet une hausse du temps de trajet et des frais de transport (“les expéditions via le cap de Bonne-Espérance ont augmenté de 89% à mi-2024” (33)). Afin de les contenir, les impérialistes font donc feu de tout bois. Julia Tasse l’explique,
“Une opération européenne a été lancée en 2024 ; elle vient se superposer à deux autres opérations qui impliquent plusieurs pays européens dans la zone ; elle se différencie clairement de l’opération britano-américaine […] qui s’appelle d’ailleurs “Gardiens de la prospérité” […]. Elle a pour objectif de protéger les bateaux, mais aussi de viser les structures Houthis si nécessaire, tandis que l’opération européenne, elle déclare clairement qu’elle est là pour protéger les bateaux européens et les bateaux qui circulent dans la Mer Rouge” (34).
L’armée yéménité l’avait avertit : “[elle] continuera à mener des frappes qualitatives à l’aide de missiles et de drones jusqu’à ce que l’agression israélienne s’arrête” (35). “Le Yémen [est] un pays déjà ravagé par près d’une décennie de bombardements et de blocus saoudo-émiratis soutenus par les États-Unis” ajoute le journaliste Khalil Nasrallah. Ce dernier rappelle aux têtes en l’air que depuis 2015, le blocus contre le Yémen a placé “14 millions de personnes en situation de pré-famine” et conduit à la mort “85 000 enfants […] des suites de la faim ou de maladies”. Il est décrit en 2019 comme la “pire crise humaine du monde selon l’ONU” (36). Autant dire que le Yémen ne porte pas dans le cœur des bourgeoisies qui les affament, les bombardent, en plus de génocider une population voisine.
Pour boucler sur les derniers événements, pendant que le conflit Iran-Israël-Etats-Unis se poursuit, le Wall Street Journal nous dit que “les États-Unis s’empressent de renforcer les défenses d’Israël, en envoyant davantage de navires de guerre capables d’abattre des missiles balistiques dans la région, tandis que les attaques iraniennes épuisent les stocks d’intercepteurs d’Israël” (37). On assiste ainsi, comme depuis des décennies, au schéma classique du grand frère qui vole à la rescousse du petit frère.
Canal de Panama
Depuis le début de son nouveau mandat, Trump a répété de nombreuses fois qu’il souhaitait “reprendre” en main le canal du Panama, où passe 5% du commerce maritime mondial (38)(39),, en prétextant l’influence de la Chine croissante dans la région (connectant l’Atlantique avec le Pacifique, le canal est une voie de passage des Nouvelles Routes de la Soie) : “la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre” (40).
Historiquement, le canal est resté sous domination étasunienne pendant 86 ans (jusqu’en 1999), officiellement et officieusement (avec des pions au pouvoir du Panama, souvent formés à la fameuse École des Amériques (41)), et c’est pourquoi aujourd’hui “les États-Unis demeurent le principal client du canal de Panama, avec 74 % de la cargaison totale transportée”, et que “plus de 40 % du trafic de conteneurs des États-Unis, d’une valeur d’environ 270 milliards de dollars par an, transitent par cette voie maritime” (42). Les chiffres d’affaires réalisés par le canal sont vertigineux.
Enfin, si les prétentions étasuniennes ne se réduisent pas au bluff, les Panaméens ont de quoi sérieusement s’inquiéter : le Panama avait déjà été, en 1989, le théâtre d’une invasion militaire étasunienne (Just Cause), ayant pour but de renverser le gouvernement en place anciennement allié à la CIA et sur le tard, représentant une “menace” pour la rétrocession du canal au Panama (signée en 1977) (43), rasant des quartiers entiers et faisant des centaines de morts (44).
Mer de Chine méridionale
S’il y a bien un endroit sur lequel nous devrions porter une attention particulière, c’est celui-ci. On lit, dans un récent mémo (2023) interne du général étasunien Michael Minihan : “J’espère que je me trompe. Mon instinct me dit que nous allons nous battre en 2025 [en mer de Chine méridionale]” (45). “Dès mars 2021, le chef du commandement indo-pacifique, l’amiral Philip Davidson, a prévenu le Congrès de l’intention de la Chine d’envahir [Taïwan] avant 2027 : « Taïwan est manifestement une de leurs priorités [à la Chine]… Et je pense que la menace se concrétisera au cours de cette décennie, en fait, dans les six prochaines années. »”(46). Pour le Premier ministre japonais Fumio Kishida, (qui “double les dépenses de défense de son pays afin de devenir, en 2027, la troisième armée mondiale”, lit-on dans l’Humanité) comme pour beaucoup d’analystes, “l’Asie de l’Est pourrait être la prochaine Ukraine”(47). L’ancien secrétaire général de l’OTAN le rappelait en 2023 : “le Japon est le plus proche partenaire de l’Otan et le plus performant en termes de capacités”.
En effet, les revendications territoriales des différents pays de la Mer de Chine méridionale (Chine, Vietnam, Brunei, Singapour, Indonésie, Malaisie, Philippines et la région de Taïwan) font constamment l’objet de confrontations, de menaces, d’attaques parfois, surtout quand des navires d’origine étrangères comme les États-Unis viennent mettre leur nez dedans, et participent ainsi à l’augmentation de la probabilité d’une guerre entre la Chine et les États-Unis dans la zone.
Le Détroit de Malacca, situé entre la Malaisie et l’Indonésie, liant la Mer de Chine méridionale, l’Océan Pacifique et l’Océan Indien (l’Indo-Pacifique), est un atout remarquable pour les pays voisins, et surtout pour la Chine : “un peu plus de deux tiers des flux de pétrole et de gaz y transitent, soit trois fois plus que par le canal de Suez et quinze fois plus que par le canal de Panama” (48). En 2013, “Chen Shaofeng estime que près de 60 % des navires en transit dans le détroit de Malacca sont chinois”. En 2024, 80% des importations énergétiques chinoises “passent par cet étroit passage” (49). “« Les points de passage obligés estimés comme étant les plus importants pour les échanges commerciaux, tant en valeur qu’en poids total, sont le détroit de Malacca et la mer de Chine méridionale », écrit Pratson [en 2024]. La mer de Chine méridionale à elle seule représente un commerce équivalant à 5 % du PIB mondial, ce qui en ferait la quatrième économie mondiale” (50).
Une telle dépendance conduit logiquement la Chine à parler de leur position sur le sujet comme du “dilemme de Malacca” (Hu Jintao), une expression signifiant la dangerosité pour l’économie du pays d’une instabilité dans la région. Les États-Unis profitent de cet état de fait pour maintenir une présence militaire forte, en se justifiant notamment par la lutte qu’ils mèneraient contre le brigandage, car “après le 11 septembre 2001, la menace terroriste a provoqué un réengagement des États-Unis en Asie du Sud-est, qualifié de « second front » dans la « guerre globale » contre le terrorisme” (51).
Pour lutter contre la Chine, les États-Unis comptent notamment sur Taïwan, son satellite asiatique. Reconnu officiellement par les États-Unis comme appartenant à la Chine (un pays, deux systèmes) (52), on assiste cependant, depuis quelques années, à une montée en force de la propagande pro-Taïwan (53), et à des extravagances toujours plus dangereuses les unes que les autres de la part des politiques étasuniens, comme la visite provocatrice de la Présidente de la Chambre des Représentants des États-Unis, Nancy Pelosi (54). Si l’île est aussi centrale, c’est parce qu’elle est la première productrice de semi-conducteurs dans le monde, largement devant d’autres puissances comme la Corée du Sud, avec la marque TSMC qui capte près de 67,6 % du marché foundry (fonderie de semi-conducteurs) en 2025 (55). Les dernières sanctions économiques de l’administration Trump à l’égard de Taïwan (32%) sont donc peu rassurantes pour l’île, et peu compréhensible d’un point de vue capitaliste-impérialiste. “Les économistes […] rappellent que ces sanctions pourraient affecter jusqu’à 20 % du PIB taïwanais, en raison de la forte dépendance du pays au marché américain, qui est devenu début 2025 le premier partenaire commercial de Taïwan” (56). Sans doute pour amadouer Trump et le faire revenir sur sa décision, “TSMC a récemment annoncé un investissement de 100 milliards de dollars dans des usines de puces, des usines de conditionnement avancé et un centre de recherche et développement (R&D) en IA en Arizona, s’ajoutant à son investissement existant de 65 milliards de dollars” (57).
L’intérêt pour Taïwan est aussi militaire pour les Etats-Unis, du fait qu’elle est située à environ 180 km des côtes chinoises, et qu’historiquement, c’est là où se sont réfugiés les fascistes de Tchang Kaï-Chek (leader du Kuomintang) soutenus financièrement par les États-Unis (58), suite à leur défaite contre les armées de Mao en 1949, contribuant à entretenir un sentiment anti-chinois très puissant sur l’île. En réalité, selon l’historienne Jude Woodward,
“sans l’intervention étasunienne – et la diversion de la Chine vers la guerre de Corée – l’armée de la RPC aurait sans aucun doute poursuivi la lutte contre le GMD [Kuomintang] en 1950 et chassé Tchang Kaï-Chek hors de l’île. La position de la Chine à propos de Taïwan est immuable depuis 1949 : le GMD s’est emparé d’une partie du territoire chinois reconnu internationalement et, finalement, la Chine le récupérera. […] En 1950, la proposition de Mao de chasser le GMD de Taïwan fut bloquée par les États-Unis qui transférèrent leur 7e Flotte au large des côtes de Taïwan. Plus tard, dans la même décennie, la tentative de la Chine de déloger le GMD de ses avant-postes sur l’île proche de la côte du Fujian résulta en la première (1954-1955) et la deuxième (1957-1958) crises du détroit, quand les États-Unis menacèrent de recourir aux armes nucléaires contre la Chine pour « défendre » Taïwan” (59).
Sur l’île, le Kuomintang est parvenu à se maintenir longtemps au pouvoir grâce à l’instauration d’une dictature fasciste, reposant en partie sur sa loi martiale prenant fin en 1987 (60), sur l’absence d’élections présidentielles (la première élection au suffrage universel direct se déroule en 1996 (61)), et sur l’interdiction du Parti Communiste jusqu’en 2008 (62). Après 1996, le pouvoir est majoritairement resté dans les mains du parti, offrant seulement trois mandats consécutifs au parti idéologiquement proche du Kuomintang, le DPP (Democratic Progressive Party) néo-libéral, indépendantiste, nationaliste et anti-communiste (63) (aujourd’hui le Kuomintang souhaite “plus ou moins” la réunification avec la Chine (64)).
Donc si Taïwan peut aussi librement manifester son attitude agressive, c’est grâce au soutien militaire des Etats-Unis, également incarné par le Taiwan Relations Act de 1979. Cette loi du Congrès américain dispose que “c’est la politique des États-Unis de fournir à Taïwan des armes à caractère défensif” (Art. 1, Section 2. 2.e) ou encore que “dans le cadre de la politique énoncée à l’article 2 de la présente loi, les États-Unis mettront à la disposition de Taïwan les articles et services de défense en quantité nécessaire pour permettre à Taïwan de maintenir une capacité d’autodéfense suffisante” (Art. 1, Section 3. 1.) (65). Le 18 juin dernier, le Guardian nous apprend que “d’anciens hauts responsables militaires et membres du gouvernement des États-Unis, du Japon et de Taïwan se sont réunis à Taipei pour un exercice de simulation [militaire] […] visant à se tester face à une hypothétique tentative d’annexion du territoire par la Chine” (66). Soit dit en passant, le scénario de l’exercice militaire se produit en 2030, soit l’année que les pays occidentaux pensent être celle du commencement de la guerre contre la Russie et la Chine…
Les exercices militaires des États-Unis dans la région sont nombreux : les opérations FONOPS (Freedom Of Navigation OPerationS) auxquelles s’oppose la Chine, “reflet de la vision américaine de l’hégémonie maritime”, se démarquent des autres par leur caractère grandiloquent (67). “Les opérations FONOPS commencent en mer de Chine méridionale à partir de 2015, avec le passage, le 26 octobre, du destroyer de la marine américaine USS Lassen (DDG-82) qui traverse les îles Spratleys à moins de 12 milles marins des récifs Mischief et Subi. Subi Reef est un récif initialement immergé à marée haute et sur lequel la Chine a bâti une île artificielle” précise le chercheur Laurent Gédéon (68). Depuis 2015, elles se multiplient d’année en année (8 FONOPS en 2020). En effet, “en 2017, le Pentagone a déclaré son intention d’augmenter les FONOPS maritimes dans la région” grâce à l’aide de ses alliés de l’OTAN “tels que l’Australie, la France et le Royaume-Uni [qui] partagent les préoccupations des États-Unis et sont politiquement et militairement alignés dans leur soutien aux FONOPS (69).
Par ailleurs, les Etats-Unis peuvent également compter sur les Philippines pour la rotation de ses troupes et l’installation d’infrastructures étasuniennes dans sa stratégie impérialiste d’encerclement militaire de la Chine (70). Dès 2013, Nathalie Fau indique que “tous les pays riverains, Singapour en tête, se sont rapprochés des États-Unis. La cité-État a agrandi la base navale de Changi afin de faciliter les escales des navires de l’US PACOM et elle abrite l’unité américaine de coordination stratégique COMLOG WestPac. L’Indonésie a accepté pour la première fois l’aide d’une puissance extrarégionale pour sécuriser le détroit : les États-Unis y ont financé l’installation d’une douzaine de stations de surveillance équipées de radars, de systèmes d’identification des navires, d’infrastructures de communications et ont même donné des patrouilleurs. Quant à la Malaisie, si sa coopération avec les États-Unis n’est pas nouvelle, elle s’est discrètement intensifiée (main d’œuvre commune, ouverture de port aux flottes navales américaines, autorisation pour des douaniers américains d’inspecter les conteneurs en partance vers les États-Unis, formation de la police maritime malaisienne par des officiers américains, etc.). Outre ces coopérations bilatérales, les trois États riverains participent à des opérations multilatérales organisées par la marine américaine dans la région. Singapour, l’Indonésie et la Malaisie prennent ainsi part, respectivement depuis 2000, 2010 et 2011 aux exercices militaires Cobra Gold qui étaient à l’origine uniquement américano-thaïs” (71). On pense aussi au Japon qui accueille pas moins de 50 000 soldats étasuniens (72).
Voici donc dans quel paradigme évoluent les revendications territoriales en Mer de Chine méridionale ! Une présence militaire accrue d’un pays étranger de la zone, qui considère la Chine comme son ennemi principal, et qui enchaîne les menaces à son encontre. Sans compter l’“ambiguïté” stratégique des États-Unis à propos du statut de Taïwan, qui ne fait qu’alimenter les frictions. Imaginez un instant la Chine faire des exercices militaires dans la ZEE étasunienne ! Le monde entier crierait au scandale. Alors, pour faire porter le chapeau de la militarisation de la région à son adversaire, les médias alignés sur la politique de l’OTAN et de l’UE reprennent en cœur le narratif d’une Chine agressive, sournoise, fomentatrice, etc, en se basant la plupart du temps sur des manœuvres de navires chinois en réalité communes à tous les pays de la Mer de Chine méridionale, concentrant un nœud de contradictions impressionnant.
C’est pour cela que la Chine peine à faire valoir ses revendications, surtout quand elles sont aussi gourmandes que les siennes. Et pour cause, la “ligne des neufs traits” (le nom donné à ses revendications), englobe 90% de la Mer de Chine méridionale (73). Mais la Cour permanente d’arbitrage de la Haye rend son verdict en 2016 : les prétentions chinoises sont refusées. Et ça, la Chine ne l’accepte pas. Dans son livre La Fabrique de la Chine, Mobo Gao entend démêler la situation. Nous restituons ainsi ici une partie importante de son analyse, que nous jugeons la mieux à même d’expliquer la situation :
“Comme le montre clairement Hyer (2015), la revendication de la RPC [Chine] sur la MCM [Mer de Chine méridionale] ne révèle pas un expansionnisme de la RPC, ni une Chine se faisant plus agressive parce qu’elle est déjà devenue puissante sur les plans économique et militaire. Le Premier ministre chinois, Zhou Enlai, a déclaré la souveraineté de la RPC sur la MCM dès août 1951, héritant des revendications antérieures de la République de Chine (RdC). En fait, l’intensification des tensions qui ont conduit à la décision de La Haye avait beaucoup à voir avec la géopolitique internationale en général et avec le “pivotement vers l’Asie” des États-Unis en particulier. […] La MCM est devenue une zone sensible, non seulement en raison de la richesse potentielle des ressources énergétiques [“certaines études chinoises mentionnent que les réserves autour des îles Spratleys pourraient comprendre un peu plus de 100 milliards de barils de pétrole ainsi que 25 milliards de m3 de gaz naturel (74)], mais également à cause de l’inquiétude engendrée par l’essor de la Chine”.
“[…] Pour d’autres observateurs, “les revendications de la Chine semblent tout aussi justifiées – si ce n’est davantage – que celles de la plupart des autres États” (Blaxland, 2016). En fait, le jugement de La Haye de 2016 a placé les autorités de Taïwan dans une position très délicate, en particulier pour la fraction politique qui milite en faveur de l’indépendance de Taïwan. En vertu du Traité de paix signé entre le Japon et la RdC le 28 avril 1952, les îles Spratleys et Paracels ont été restituées à la RdC et par extension, la Chine en est la propriétaire légitime, quelle que soit la Chine, puisque les États-Unis, le Japon, l’Australie et les dix pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est adhèrent à la politique d’une seule Chine : Taïwan fait partie de la Chine. Si Taïwan se sépare de la Chine – pas seulement de la RdC mais y compris de la Chine dans l’abstrait -, cela affaiblit sa revendication sur la souveraineté de la MCM, une position difficile à considérer comme légitime par les citoyens d’un État-nation. Dans de telles circonstances, la Chine est toujours disposée à négocier avec chaque demandeur de manière pacifique. “Qu’est-ce qui s’est produit en premier : (a) le “pivotement américain vers l’Asie” (autrement dit, “l’encerclement de la Chine”) ; ou (b) le renforcement par la Chine de sa position de défense avancée dans la mer de Chine méridionale en construisant des îles artificielles ?” Selon Pascoe, la réponse est (a).”
“Pour les Chinois, tout l’épisode de la décision de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye sur la MCM a été le résultat d’un programme conçu et parrainé par les États-Unis pour “basculer vers l’Asie”, visant la Chine émergente […]. Que les États-Unis soient, en quelque sorte, derrière la CPA [Cour permanente d’arbitrage] est admis par Micheal McDevitt, directeur d’études stratégiques à la CNA Corporation, par exemple, qui déclare que les États-Unis ont fixé non seulement l’ordre du jour pour condamner les actions de la Chine dans la MCM, mais ont également été “indirectement” responsables de “la décision de Manille d’aller devant la Cour permanente d’arbitrage contre les demandes et actions chinoises dans la MCM” (McDevitt, 2017)[…]”.
“[…] Ce sont les États-Unis qui ont attisé les tensions en apportant aux autres nations, situées autour de la Chine, le soutien dont elle ont besoin pour défendre avec vigueur leurs intérêts territoriaux. Ce sont les États-Unis qui ont maintenu des bases et des moyens militaires dotés d’une capacité de frappe nucléaire à proximité de centres civils chinois. Ce sont eux aussi qui ont lancé un “pivotement vers l’Asie” par lequel 60% des unités navales et aériennes américaines seront positionnés sur le théâtre de l’Asie-Pacifique d’ici la fin de la décennie [Gao écrit en 2018]”(75).
Maxime-JRCF
1) https://legal.un.org/avl///ha/gclos/gclos.html
2) Pour rappel, 1 mille = 1 852 mètres.
3) https://www.youtube.com/watch?v=U6XrcXcfyuY Les enjeux de la Marine nationale aujourd’hui Op. Cité.
4) https://www.legrandsoir.info/la-france-une-puissance-coloniale-maritime-a-la-faveur-de-la-violation-du-droit-international-cas-des-iles-eparses.html
5) https://www.defense.gouv.fr/actualites/droit-mer-il-y-a-40-ans-convention-montego-bay
6) Auxquels vient s’ajouter, entre autres, son satellite au Moyen-Orient.
7) Detry, C.-E. (2018). Op. Cité.
8) https://www.vie-publique.fr/fiches/269894-tribunal-international-du-droit-de-la-mer-montego-bay-1982
9) Voir https://www.les-crises.fr/dossier/expansion-de-l-otan/
10) https://www.reuters.com/world/europe/russian-ministry-proposes-revising-baltic-sea-border-2024-05-22
11) https://www.themoscowtimes.com/2024/05/22/russias-proposal-to-redraw-baltic-sea-borders-sparks-concern-from-neighbors-a85190
12) https://www.youtube.com/watch?v=6WlAkosQXIQ L’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine, est auditionné à l’Assemblée nationale Op. Cité.
13) https://www.legrandsoir.info/l-otan-accelere-son-conflit-avec-la-chine.html
14) https://www.nato.int/cps/fr/natohq/70759.htm#:~:text=L’OTAN%20dirige%20actuellement%20l,contre%20le%20terrorisme%20en%20mer.
15) https://www.slate.fr/monde/mer-baltique-otan-russie-guerre-ukraine-invasion-navire-suede-estonie-sous-marin
16) https://www.youtube.com/watch?v=6WlAkosQXIQ L’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine, est auditionné à l’Assemblée nationale Op. Cité.
17) https://investigaction.net/comment-les-etats-unis-ont-mis-hors-service-le-gazoduc-nord-stream/
18) https://fr.wikipedia.org/wiki/Sabotage_des_gazoducs_Nord_Stream
19) https://investigaction.net/comment-les-etats-unis-ont-mis-hors-service-le-gazoduc-nord-stream/ Op. Cité.
20) https://www.youtube.com/watch?v=zHPRmqA8oBE « La Russie est une menace existentielle » (Macron) |LCI
21) https://www.youtube.com/watch?v=aCH5jrhWa1k Macron : La Russie, « impérialisme et révisionniste »
22) [Je traduis] “Around 90% of Russia’s seaborne grain exports, which totalled 62.4 million metric tons in the 2023/2024 season, are routed through its southern Black Sea ports”. In https://www.reuters.com/markets/commodities/russias-seaborne-grain-exports-look-main-terminals-planned-expansions-2024-09-26
23) https://www.nato.int/cps/fr/natohq/70759.htm#:~:text=L’OTAN%20dirige%20actuellement%20l,contre%20le%20terrorisme%20en%20mer. Op. Cité.
24) https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_185879.htm
25) https://www.youtube.com/watch?v=Php3a5tiEKc La politique maritime de la France
26) https://www.les-crises.fr/routes-de-la-soie-maritimes-et-armees-par-richard-labeviere/ Op. Cité.
27) https://investigaction.net/lescalade-strategique-du-yemen-en-mediterranee/
28) [Je traduis] “99% of its import and export volume passes through seaports.” https://en.port2port.co.il/article/Sea-Transport/Ports/Major-Reform-in-Israel-s-Seaports-to-Improve-Service-and-Boost-Economy
29) [Je traduis] “The Port of Eilat, Israel’s toehold on the Red Sea, has seen an 85 percent drop in shipping activity” In https://www.washingtonpost.com/world/2024/01/20/israel-economy-red-sea-houthis
30) https://www.defense.gouv.fr/actualites/enjeux-maritimes-tensions-oceans
31) https://www.qualitairsea.com/newsroom/fret-maritime/articles/attaques-de-navires-marchands-en-mer-rouge-quels-impacts-sur-le-fret-maritime-en-2025
32) https://apnews.com/article/red-sea-ship-attacks-bp-yemen-houthis-dcece18717aa59648ff9a6b04fbc798c
33) https://www.qualitairsea.com/newsroom/fret-maritime/articles/attaques-de-navires-marchands-en-mer-rouge-quels-impacts-sur-le-fret-maritime-en-2025 Op. Cité.
34) https://www.youtube.com/watch?v=5Y94iHmWsrg Géopolitique des océans. Avec Julia Tasse | Entretiens géopo Op. Cité.
35) https://investigaction.net/lescalade-strategique-du-yemen-en-mediterranee/ Op. Cité.
36) https://www.les-crises.fr/blocus-maritime-au-yemen-les-preuves-de-la-complicite-de-la-france-par-disclose/
37) [Je traduis] “The U.S. is racing to reinforce Israel’s defenses, sending more warships capable of shooting down ballistic missiles to the region as Iranian attacks drain Israel’s stocks of interceptors.” https://www.wsj.com/world/middle-east/u-s-races-to-defend-israel-as-it-burns-through-missile-interceptors-2909e49d
38) https://pancanal.com/en/connectivity/
39) https://www.20minutes.fr/monde/etats-unis/4134671-20250120-investiture-trump-allons-reprendre-canal-panama-affirme-donald-trump?
40) https://www.franceinfo.fr/monde/usa/cinq-chiffres-pour-comprendre-pourquoi-le-canal-de-panama-interesse-autant-les-les-etats-unis_7060718.html
41) https://investigaction.net/le-mythe-des-armes-de-destructions/
42) https://www.franceinfo.fr/monde/usa/cinq-chiffres-pour-comprendre-pourquoi-le-canal-de-panama-interesse-autant-les-les-etats-unis_7060718.html Op. Cité.
43) Par peur de vouloir concéder des parts importantes du canal au bloc soviétique.
44) https://www.britannica.com/topic/United-States-invasion-of-Panama
45) https://www.humanite.fr/monde/philippines/pourquoi-les-etats-unis-veulent-installer-quatre-bases-militaires-aux-philippines-781065
46) https://www.les-crises.fr/sommes-nous-proches-d-une-guerre-dans-le-pacifique-entre-les-etats-unis-et-la-chine/
47) https://www.humanite.fr/monde/philippines/pourquoi-les-etats-unis-veulent-installer-quatre-bases-militaires-aux-philippines-781065 Op. Cité.
48) Fau, N. (2013). Les enjeux économiques et géostratégiques du détroit de Malacca. Géoéconomie, 67(4), 123-140. https://doi.org/10.3917/geoec.067.0123.
49) https://info.oceania.kln.com/knowledgehub/maritime-trade-chokepoints
50) [Je traduis] ““The chokepoints estimated to carry the most trade in terms of both total value and total weight are the Malacca Strait and South China Sea,” Pratson writes. The South China Sea alone carries trade equivalent to 5% of global GDP, which would make it the fourth-largest economy in the world.” In https://infra.economictimes.indiatimes.com/news/ports-shipping/canals-arent-even-the-worlds-biggest-shipping-chokepoints/106865091
51) Fau, N. (2013). Op. Cité.
52) https://www.les-crises.fr/sommes-nous-proches-d-une-guerre-dans-le-pacifique-entre-les-etats-unis-et-la-chine/ Op. Cité.
53) Il suffit de voir les documentaires d’Arte sur le sujet pour se faire une idée.
54) https://investigaction.net/taiwan-une-ile-strategique-dans-la-bataille-des-etats-unis-contre-la-chine/
55) https://www.taipeitimes.com/News/biz/archives/2025/06/10/2003838326
56) https://insidetaiwan.net/business/reactions-taiwan-droits-de-douanes-etats-unis-2025
57) [En anglais] “(TSMC, 台灣積體電路製造股份有限公司) recently announced a USD 100 billion investment in chip plants, advanced packaging plants, and an AI research and development (R&D) facility in Arizona, adding to its existing investment of USD 65 billion.” In https://globaltaiwan.org/2025/05/the-ramifications-of-the-us-china-trade/
58) Li, Xiaobing (2018). The Cold War in East Asia. Abingdon, Oxon: Routledge. ISBN 978-1-138-65179-1.
59) https://investigaction.net/taiwan-une-ile-strategique-dans-la-bataille-des-etats-unis-contre-la-chine/ Op. Cité.
60) https://oftaiwan.org/history/white-terror/martial-law/
62) https://en.wikipedia.org/wiki/Taiwan_Communist_Party
61) https://www.sciencespo.fr/ceri/fr/content/les-elections-presidentielle-et-legislatives-du-13-janvier-2024-taiwan
63) https://en.wikipedia.org/wiki/Democratic_Progressive_Party
64) https://www.youtube.com/watch?v=xQ4ryIIbDcM&t=4827s CHINE VS ÉTATS-UNIS : LA GUERRE QUI VIENT (Inde, Sri Lanka, Corée, Taïwan) – avec Jean-Pierre PAGE
65) [Je traduis] “It is the policy of the United States to provide Taiwan with arms of a defensive character” ; “In furtherance of the policy set forth in section 2 of this Act, the United States will make available to Taiwan such defense articles and defense services in such quantity as may be necessary to enable Taiwan to maintain a sufficient self-defense capability.” In https://www.ait.org.tw/policy-history/taiwan-relations-act/
66) [Je traduis] “Last week former senior military and government officials from the US, Japan, and Taiwan convened in Taipei for a tabletop exercise […] testing responses to a hypothetical attempt by China to annex the territory.” In https://www.theguardian.com/world/2025/jun/18/taiwan-war-games-china-attack
67) Laurent Gédéon (2 décembre 2022). Les opérations FONOPS. Geopole. Consulté le 20 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/p043
68) Ibid.
69) Larter, M. (2022). Mer de Chine méridionale : enjeux, menaces et choix stratégiques pour l’Australie et la communauté internationale. Revue Défense Nationale, Hors-série(HS3), 210-230. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/rdna.hs09.0210.
70) https://www.sass.org.cn/2016/0529/c1201a27988/page.htm
71) Fau, N. (2013). Op. Cité.
72) https://www.youtube.com/watch?v=KMkQkOKPCJ0 Chine : la mer, la puissance et le (non) droit – Le Dessous des cartes | ARTE
73) https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/ligne-neuf-traits-dix-tirets
74) Colin, S. (2016). Chapitre 18. Litiges insulaires et enjeux géopolitiques en mer de Chine du Sud. Dans B. Giblin Les conflits dans le monde : Approche géopolitique (p. 263-276). Armand Colin. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/arco.gibli.2016.01.0263.
75) GAO, Mobo. La Fabrique de la Chine, Éditions Critiques, 2021. p.333, 334, 336, 340, 346.
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