Mercredi 28 juin 2023
Communiqué du Bureau National de la JRCF
A propos du jeune Naël, abattu par un agent de la Police Nationale
« Je vais te mettre une balle dans la tête ! ». C’est à ces mots, prononcés de sang-froid, arme sur le capot, qu’un policier a menacé le jeune Naël M., 17 ans. L’adolescent, livreur au casier judiciaire vierge qui conduisait un véhicule sans permis, s’était d’abord arrêté. Effrayé par ces menaces des agents de police, il avait alors redémarré son véhicule avant d’être fauché par une balle en plein thorax. La jeunesse de France est sous le choc. Il faut dire que cette glaçante bavure n’est pas sans précédents : d’Adama Traoré à Cédric Chouviat en passant par Romain, les violences policières à issue mortelle se sont multipliées ces dernières années. En Ile de France et dans les Bouches du Rhône, elles tendent même à devenir un odieux phénomène de société. L’extrême droite a beau jeu de justifier que certaines de ces victimes ont commis des actes de délinquance : si les actes délictueux ou criminels sont évidemment condamnables sans aucune ambigüité, faut-il rappeler que la peine de mort en temps de paix a été abolie en France depuis plus de 40 ans ? Faut il rappeler qu’il ressort de la procédure la plus élémentaire lorsqu’un délit de fuite se produit de photographier la plaque de son auteur et de l’interpeler à domicile ? Qu’il ne relève pas de la mission de la police de rendre justice elle-même en vertu de la séparation des pouvoirs et des libertés fondamentales, bases d’un Etat de droit ?
La police n’est pas étrangère au respect strict de la procédure. Elle sait l’appliquer quand ceux qui commettent les délits de fuite appartiennent à la bourgeoisie. Le fils d’Éric Zemmour, qui a gravement blessé deux passagers de scooter à Paris sous l’influence de l’alcool, n’a pas été tué d’une balle dans le thorax ; il représentait pourtant un danger plus important puisqu’il était, contrairement à Naël, en possession d’une arme blanche au moment des faits. Jean Sarkozy a lui aussi commis un délit de fuite ; personne ne lui a tiré dessus. Quand un jeune bourgeois de 17 ans commet un délit, on nous explique qu’il faut bien que jeunesse se passe. A l’inverse, les classes populaires, avec ou sans casier, ne semblent pas bénéficier de la même indulgence. Qu’on songe à la mort de Zineb Redouane et aux nombreux gilets jaunes mutilés en 2018-2019. Qu’on songe à la répression de plus en plus brutale des piquets de grève, comme ont pu en faire les frais certains de nos camarades sur le piquet de Verbaudet, ou à tous ces travailleurs réquisitionnés de force à leur domicile pendant la lutte contre la contre-réforme des retraites. Qu’on songe aux images des lycéens de Mantes-La-Jolie, humiliés, terrorisés, forcés de s’agenouiller sous la menace de policiers armés. Qu’on songe à la répression de plus en plus brutale qui s’exerce lors des manifestations, de nombreux travailleurs et sympathisants n’osant plus s’y rendre de peur d’y être blessés. La mort de Naël n’est ni un drame isolé, ni le seul reflet du déchaînement des violences policières contre les jeunes des quartiers populaires. Elle est révélatrice d’une violence de classe s’exerçant de plus en plus impunément contre tous les travailleurs, tous les prolétaires.
Cette violence de plus en plus aveugle est une conséquence de l’état de fascisation de plus en plus avancé de notre pays que la JRCF et le PRCF n’ont de cesse de dénoncer. Dans la période de crise que nous vivons, les condoléances du gouvernement et du ministre de l’Intérieur sont hypocrites dans la mesure où ils en sont directement responsables. Lorsqu’on arme l’Ukraine où les bataillons néo-nazis tels Azov et Aïdar règnent en maître et où tous les fascistes français vont s’entraîner et acquérir des armes, lorsque ces mêmes bandes fascistes, désormais rodées, agressent jeunes des quartiers populaires et militants syndicaux en toute impunité, lorsqu’on limoge un ministre de l’Intérieur pourtant très complaisant parce qu’il ose poser la question des techniques d’interpellations souvent mortelles des policiers, lorsqu’on refuse de s’attaquer au problème de la fascisation de plus en plus vive de nombreux éléments dans la police sur laquelle alertent des syndicats comme VIGI police, on est directement responsable.
La JRCF partage l’émotion nationale face à ce drame. Elle apporte ses condoléances à la famille de Naël et sera présente lors des marches blanches organisées partout en France. Elle considère qu’il s’agit d’un révélateur de fond de la fascisation galopante. Cette fascisation ne se combat pas par des slogans idéalistes, les causes de la mort de Naël ne se résumant pas à de simples pratiques policières. Les capitalistes et les fascistes n’ont que faire des slogans. La fascisation se combat par l’organisation politique rigoureuse et disciplinée des jeunes travailleurs et étudiants aux côtés de leurs aînés, par un antifascisme conséquent qui analyse et lutte contre les responsables directs de la mort de Naël : les éléments fascistes de la police, qui doivent répondre de leurs actes, le gouvernement, de plus en plus fascisant qui laisse ces éléments fascistes jouer aux cowboys en toute impunité, les capitalistes qui se servent de la police comme d’une milice du Capital, l’Union Européenne et l’OTAN, composées d’une quasi-majorité de gouvernements fascistes de plus en plus de gouvernements et d’états dirigés par des réactionnaires, par l’extrême-droite fasciste, par des forces fascisantes, par des anti-communistes, des anti-syndicalistes, qui soutiennent des milices ouvertement fascistes néo-nazis en Ukraine où les milices fascistes de toute l’Europe viennent s’entraîner.
Jeunes travailleurs de France, vous avez raison d’être en colère, il s’agit maintenant de vous organiser pour que ces drames cessent !
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