Bien loin de la métropole et alors que partout dans le monde nous atteignons un record de chaleur, Mayotte subit une forte sécheresse et les réservoirs d’eau sont bientôt en manque. Le niveau des deux retenues collinaires qui assurent 80 % de l’approvisionnement de l’île reste bas : le plan d’eau de Combani est vide à 59 % et celui de Dzoumogné à 78 %. En cause, la vétusté du système d’eau jamais amélioré depuis des années, malgré des nombreuses demandes et des promesses de l’État en ce sens, ce que ne manque pas de souligner certains députés (1). Surtout que depuis 1997, le problème des coupures d’eau revient régulièrement.
Suite à cette crise, il a été décidé le 17 juillet que les communes de Mamoudzou, Koungou, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi subiront sept coupures « nocturnes » par semaine, de 16 heures à 8 heures le lendemain matin. Les treize autres villes du département devront faire face à trois « tours d’eau » de 24 heures par semaine, de 16 heures à 16 heures le lendemain. Le problème (en plus de la simple privation) : les horaires où l’eau est accessible et où elle peut être stockée en prévision des coupures, sont celles où la grande majorité des mahorais travaillent, ce qui empêche concrètement la possibilité d’en faire des réserves. Pour faire simple, les mahorais sont privés de l’accès gratuit à l’eau !
La Préfecture de Mayotte a annoncé le 19 juillet une mesure de gel des prix de vente des bouteilles d’eau sur l’ensemble du territoire, ce qui interdit aux commerces de fixer un prix supérieur à celui pratiqué le 3 juillet 2023.
Les réservoirs se rempliront sans doute à la prochaine saison de pluie, mais celle-ci n’aura pas lieu avant le mois de novembre…
Cela fait plus d’une décennie que les élus locaux demandent de vrais travaux pour agrandir les bassins et permettre un accès à l’eau aux habitants de Mayotte. Le gouvernement vient tout récemment encore d’annoncer s’en occuper sérieusement. Cependant, nous pouvons légitimement en douter connaissant les macronistes. Mayotte est, comme à chaque crise, dans une situation d’un pays du Tiers monde n’ayant pas accès (ou difficilement) aux services publics, à un habitat décent, etc…
Nous ironisions dans notre précédent article sur Mayotte à propos de l’opération Wuambushu (2). Nous disions alors que cette opération n’était, en enlevant l’aspect purement inhumain de raser et d’expulser de manière violente des familles entières, qu’une opération de propagande, celle que la droite aime tant, celle où elle fait semblant de taper du poing sur la table (ici l’immigration et la délinquance) tout en ne cherchant absolument pas à régler les problèmes structurels.
Tant qu’il n’y aura pas une véritable politique publique de développement dans l’île adaptée aux besoins et au travail, rien ne marchera. Nous pouvons nous plaindre de l’abandon du département, nous gargariser d’une énième descente de police, tout ceci sera un coup d’épée dans l’eau concernant l’avenir des mahorais. Tant qu’il n’y aura pas ça, la jeunesse continuera à être livrée à elle-même. Cette jeunesse qui ne demande qu’à vivre dignement, être respectée, à pouvoir travailler sans exploitation. C’est vers eux que nous nous tournons et auxquels nous pensons. Cessons de promettre à Mayotte, faisons !
Ambroise-JRCF
(2) « Opération propagande sous le soleil de Mayotte », JRCF, 14/04/2023
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