Des nouvelles sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie

par | Mar 19, 2023 | International | 0 commentaires

Il y a presque un an et demi, nous avions rédigé un long dossier sur le dernier référendum en Nouvelle-Calédonie-Kanaky. Depuis, il est vrai que nous avons peu écrit, comme d’ailleurs les journalistes dans leur majorité, sur l’archipel. Faisons donc un point sur les évènements récents.

Un petit rappel historique s’impose : le 12 décembre 2021, suite aux accords de Nouméa de 1998 et après deux référendums en 2018 et 2020, le dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie donne victoire au NON à l’indépendance avec 96,50% des voix. Véritable adhésion des populations à l’appartenance à la France me direz-vous ? Pas vraiment, l’abstention se portant à 56,13% ! En effet, le dernier référendum, dont la date avait été décidée sans accord des partis indépendantistes, s’est fait sur fond d’appel au boycott de ces mêmes groupes, ceux-ci craignant (à juste titre probablement) une abstention massive à cause de la crise Covid touchant la Nouvelle-Calédonie-Kanaky à ce moment-là. A savoir qu’originellement, les partis indépendantistes avaient demandé à simplement déplacer le référendum avant de le boycotter, le gouvernement ayant refusé toute considération pour leur demande.

Après le référendum, il était prévu dans un document rédigé en 2021 par le ministère de l’Outre-mer sur les conséquences du Oui et du Non au référendum des discussions sur un nouveau statut de l’archipel entre toutes les parties. Début septembre 2022, l’État a indiqué qu’il lancerait un audit sur les avancées de la décolonisation, une vieille revendication du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), avec en vue d’examiner entre autres les inégalités sociales, la répartition des richesses et l’accès aux responsabilités par les Kanaks.

Un semblant d’avancée après de longs mois d’absence de dialogue. Toutefois, lors de la réunion du 27 et 28 octobre 2022 à Matignon entre les partis de Nouvelle-Calédonie pour discuter de l’avenir du caillou, les indépendantistes ont boycotté la réunion. Pourquoi si le gouvernement semble disposé à accéder à leur demande ? Tout simplement, « en même temps » oblige, parce que les discussions sont faussées : on retrouve au gouvernement, précisément en tant que Secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, une certaine Sonia Backès, présidente de l’Assemblée de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie et fermement opposée à l’indépendance. Quel crédit apporter à l’État si le gouvernement comprend une personne partie à la question ?

Mal leur en a pris, car les indépendantistes ont répliqué. Le PALIKA, composante radicale du FLNKS, a déclaré au cours de son 47ème congrès du 11 au 13 novembre le mot d’ordre « 2024 accédons à l’indépendance », avec entre autres une réouverture des négociations à la seule condition de discuter du passage plein et entier à la souveraineté de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie (et il appelle les institutions du caillou à développer de vraies relations extérieures comme un État souverain). L’Union calédonienne, l’autre grande force du FLNKS beaucoup plus modérée, a tenu dans son 53e congrès des propos similaires, mis à part sur la date de l’indépendance qui serait 2025 et non 2024. Assez étonnamment, Darmanin a, durant son voyage en décembre 2022, accepté en partie les revendications des partis indépendantistes, en reconnaissant la possibilité de faire des réunions désormais sur les revendications des membres du FLNKS, mais après le congrès de celui-ci en avril 2023.

Darmanin est finalement retourné en Nouvelle-Calédonie en mars de cette année, pour annoncer que les discussions se feront aussi prochainement avec les partis Loyalistes (anti-indépendance) et que le corps électoral sera modifié, malgré la désapprobation des parties indépendantistes. Mais surtout, le ministre annonce déjà maintenir le cap du maintien français sur l’archipel. Quel étonnement ! Le gouvernement LREM qui ne tient pas ses promesses…

Étant donné que le dernier référendum a été caviardé en grande partie par peur de la Chine, gageons que les discussions au plus haut sommet de l’État, à l’invitation de la première ministre Élisabeth Borne, ne vont rien donner à part du verbiage macronien comme le président jupitérien sait en faire.

Ambroise-JRCF

Sources :

 « Vers l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie : sur le rapport du ministère de l’Outre-mer », JRCF, 27/11/2021.

« Nouvelle-Calédonie : l’État va lancer un audit pour examiner l’avancée de la décolonisation », Le Parisien, 01/09/2022.

 L’autre surnom de la Nouvelle-Calédonie.

« Gerald Darmain : « on doit sortir de l’incertitude » et « garder la Calédonie dans la France puisque ça a été choisi comme ça par les Calédoniens » », Nouvelle-Calédonie 1ère, 05/03/2023.

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