Odessa 2014-2024 : 10 ans du massacre des syndicalistes par les milices néo-nazies ukrainiennes

par | Mai 2, 2024 | International | 0 commentaires

Parmi les événements importants et marquants de la nouvelle montée du fascisme en Europe (à partir des années 2010), on ne peut oublier le massacre d’Odessa du 2 Mai 2014 en Ukraine, et qui a été perpétré par des milices fascistes ukrainiennes à l’encontre de militants syndicalistes, communistes et antifascistes opposés à l’Euromaïdan. Nous allons donc à l’occasion des 10 ans de ce crime de guerre barbare revenir sur les événements de ce jour et le contexte qui les ont produits, intimement liés à la guerre actuelle.

En Novembre 2013, le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer un accord d’association avec l’UE qui prévoyait de mettre en concurrence des travailleurs de l’UE avec des travailleurs ukrainiens payés en moyenne 4234 Hryvnias (soit 100 Euros). Le mois suivant, des manifestations pro-UE et manipulées par l’Occident collectif commencent Place de l’Indépendance (on y voit les politiciens américains Victoria Nuland et John McCain main dans la main avec le banquier Iatseniouk et le néo-nazi Oleg Tiahnybok, dirigeant du parti très abusivement appelé « Svoboda », « Liberté » en français, anciennement appelé « Parti Social National d’Ukraine », nom correspondant mieux à son idéologie de mort). Durant ces manifestations, des milices fascistes (dont le Pravy Sektor) mènent des actions violentes et des affrontements avec les forces de l’ordre, peu à peu les manifestants normaux s’en vont et les fascistes prennent tout le terrain. En Février 2014, Ianoukovitch démissionne et un nouveau gouvernement composé au cours d’un appel téléphonique par Victoria Nuland prend le pouvoir, prenant en compte 4 Ministres du parti Svoboda, après les élections de Mai, Petro Porochenko sera président et des fascistes deviendront membres du Parlement.

La loi de la discorde est celle sur le retrait de la langue russe comme langue officielle, si on prend en compte le fait que les postes clés du pouvoir sont tenus par des nostalgiques de Stepan Bandera, on comprend en un laps de temps plus court qu’une femtoseconde pourquoi les populations russophones se sont soulevées : elles refusaient de devenir des citoyens de seconde zone. En avril 2014 les premiers soulèvements ont lieu dans les régions de Donetsk et Lougansk, entrainant la fondation des républiques dites autonomes pour protéger les russophones face au nouveau régime pro-nazi de Kiev. A Odessa, un campement a été organisé près de la Maison des Syndicats, tenu notamment par des personnes âgées. Le campement était pacifique et ne gênait personne, il était composé principalement par les communistes du KPO (Komounistytchna partiya Oukraïïny) et de Borot’ba (« Lutte » en français).

Le 2 Mai dans l’après-midi, au centre-ville, près d’une église à 2km de la Maison des Syndicats, des manifestants nationalistes ukrainiens (dont des Hooligans) soutenus par des milices fascistes (dont celle de Mark Gordienko, probablement le Pravy Sektor) et des prétendus groupes d’ « autodéfense » (dont celui de Vitali Oustimenko) se sont rassemblés, ne se gênant pas de faire des saluts fascistes et de hurler « Slava Oukraïïni! Heroïa slava! » (« Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! »), qui était un cri de ralliement de l’OUN apparu à son congrès de 1941 en même temps que sa version alternative « Slava Hitlerou! Slava Peremozi » (« Gloire à Hitler ! Gloire à la victoire ! ») inspirés des fameux « Heil Hitler » et « Sieg Heil ». Face à ce rassemblement qui était susceptible de commettre des violences contre le campement de la Maison des syndicats, des anti-Maïdan se sont rassemblés avec des casques, des armes d’autodéfense, des cocktails molotov et des explosifs, mais ils étaient 5 fois moins nombreux que les fascistes. 18h, au terme des affrontements qui ont fait des morts des deux côtés, les fascistes ont commencé à marcher sur la Maison des Syndicats comme ils l’avaient prévu. Les gens du campement montent alors des barricades pour se défendre, et se replient vers la Maison des Syndicats, puis des hordes de fascistes arrivent par centaines pour mettre le feu au campement puis au bâtiment. Une partie des antifascistes rassemblés à l’intérieur du bâtiment sont morts dans l’incendie, d’autres ont été abattus par des policiers et des miliciens fascistes, dont le jeune militant communiste Vadim Papoura (qui n’avait que 17 ans), d’autres encore en tombant par les fenêtres ont été battus, humiliés et parfois tués par les fascistes et la police. Aujourd’hui aucune enquête sérieuse n’a été menée et aucune condamnation n’a été rendue, ce qui est évident compte-tenu du caractère idéologique du régime pro-nazi de Kiev, qui cautionne totalement ce genre d’actes, tout comme les crimes contre l’Humanité des milices fascistes de la garde nationale qui avaient pour objectif d’exterminer les populations du Donbass.

Cet événement est très illustratif de la fascisation actuelle. En France, en plus des violences policières, de plus en plus de groupes fascistes très organisés et ne recevant que peu de menaces du gouvernement (au pire quelques dissolutions hypocrites pour leur permettre ensuite de se reconstituer, et qui ont un effet volontairement inverse à celui qu’elles devaient produire) se permettent de mener des actions violentes et à main armée contre des immigrés et des militants de gauche, et ce avec un évident laisser faire du ministère de l’intérieur. 

Dans ces conditions il est clair qu’il est tout à fait contraire aux principes humanistes, que nous défendons, de voir notre pays, et un certain nombre de directions confédérales syndicales, continuer de soutenir le régime de Zelensky, impliquant la caution de fait de la destruction du code du travail, la ruine du marché européen, la glorification du nazisme, la répression sanglante des syndicalistes et des opposants politiques tels que nos camarades de la Jeunesse Communiste Ukrainienne, les frères Kononovich dont la vie est en jeu 

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