En grève depuis le 11 juin, les travailleurs sans papiers de Chronopost à Alfortville – composés des salariés et des anciens salariés de Chronopost, exigent leur régularisation par leur employeur. Solidaires 94 et le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry participent activement à la lutte, tandis que la CGT (mis à part quelques fédérations) est plus timorée. Les membres jeunes ou moins jeunes du PRCF se sont rendus et se rendent régulièrement sur le piquet pour apporter un soutien humain et financier à la lutte des travailleurs sans papiers.
Typique des affaires d’exploitation des sans-papiers, les conditions de travail sont indignes humainement. Les horaires de travail allaient de 3h du matin – heures où les bus et principaux moyens de transport ne fonctionnent pas, jusqu’à 7h 30. Le moyen de locomotion pour se rendre au travail ? Bien souvent, c’était leurs pieds, avec une distance parfois très lourde (de Seine-Saint-Denis à Alfortville). Le salaire était d’environ 600 euros par mois. Lorsqu’ils travaillaient, ils avaient interdiction d’aller aux toilettes et les cadences étaient très élevées.
Afin d’éviter la nécessaire régularisation des travailleurs car, rappelons-le, c’est interdit de faire travailler des sans-papiers, l’employeur changeait très régulièrement de travailleur pour éviter de les régulariser, ou même simplement de leur donner un badge d’entrée. Si quelqu’un se plaignait, sa mission n’était pas renouvelée…
A Alfortville, il y a au moins trois entités qui jouent à ce jeu-là : Chronopost (donc la Poste), Mission intérim (filiale du sous-traitant) et Derichebourg (le sous-traitant pour lequel travaillent les Chronopost). À leur lutte s’est solidarisé le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry (ainsi que Solidaires 94), qui s’est révélée être un atout considérable quant à sa capacité organisatrice et sa puissance militante[1].
Les grévistes sont allés remuer le siège de Chronopost, de Mission intérim à Corbeil-Essonnes, à la Banque postale ou à Derichebourg[2]. Ils apportent photos sur le lieu de travail, SMS indiquant les missions et les mails (que les militants du 94 ont pu voir de leur propres yeux), rien n’y fait. Les portes se ferment devant ces travailleurs que l’on ne veut pas voir.
Pourtant, même si les exploiteurs voyous refusent de les considérer comme dignes, les Chronopost nous donnent une leçon d’humanité en montrant ce qu’est une solidarité de classe : outre les Atalian[3], dont certains faisaient partie des soutiens du piquet, il faut penser aux camarades femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles[4], en grève depuis le 17 juillet contre la sous-traitance et les cadences infernales, dont les Chronopost sont un grand soutien, comme le démontre encore la manifestation commune le jour du 31 octobre dans les rues de Paris.
Après avoir été reçus par la préfecture de Créteil, sans avoir eu gain de cause sur la revendication d’un guichet unique[5], les Chronopost ont décidé d’orienter leurs actions sur la préfecture, d’où plusieurs rassemblements et manifestations à Créteil ou dans ses alentours.
Au PRCF et au JRCF, nous combattons les positions xénophobes, racistes et nationalistes qui font du travailleur immigré un bouc-émissaire des horreurs provoquées par le capitalisme-impérialisme, qui entraîne davantage l’humanité vers l’inhumanité totale. En France, il n’y a qu’une seule classe ouvrière affrontant le capital, toutes origines confondues. C’est pour cela que nous appelons à régulariser les travailleurs immigrés présents sur notre sol, frapper durement les réseaux d’immigration clandestine et le patronat qui les soutient, permettre l’accès aux soins pour les migrants et la scolarisation, favoriser l’accès à la nationalités françaises des travailleurs immigrés implantés en France, augmenter les salaires de TOUS, mais aussi abolir enfin les lois anti-immigrés[6].
Il nous faut aussi parler d’un autre acteur essentiel dans cette histoire : l’impérialisme et en particulier celui de l’Etat français.
L’Afrique est bien connue pour servir d’arrière-cour aux gouvernements français en matière d’exploitation des ressources, ainsi que celle des grandes entreprises à l’instar de Total[7], de Bolloré (un « Dieu » en Afrique) ou de Castel. Les principales matières premières sont accaparées par les exploiteurs, provoquant une misère cruelle pour les populations, obligées ensuite de migrer, entre autres, dans le pays exploiteur, pour essayer de subvenir à leurs besoins. Et encore, nous parlons seulement ici de l’exploitation économique, mais elle se couple très souvent avec un volet militaire, car il faut bien une force de coercition pour maintenir ce système injuste. L’un des moyens pour garder sous la main ces pays, c’est la stratégie du chaos, utilisée dans des pays comme le Mali[8][9], où la France laisse les « rebelles » piller et assassiner afin de mieux garder le pays dans la tourmente et sous sa main. L’exemple de Libye nous viens aussi quand on voit ce que l’intervention de l’OTAN, où la France avait un rôle prépondérant, a fait à ce pays : le retour à l’esclavage le plus abject.
Ce n’est donc pas par plaisir que les migrants viennent en Europe, certaines fois au prix de dangers de mort lors de la traversée, comme ce fut le cas pour au moins l’un des délégués de Chronopost, mais à cause du système exploiteur qu’est le capitalisme.
Ce n’est donc pas par plaisir que les migrants viennent en Europe, certaines fois au prix de dangers de mort lors de la traversée, comme ce fut le cas pour au moins l’un des délégués de Chronopost, mais à cause du système exploiteur qu’est le capitalisme.
C’est pour cela que les jeunes du PRCF continueront à soutenir ces luttes des travailleurs sans-papiers, car elle marie notre volonté d’abattre l’exploitation de l’homme par l’homme, notre internationalisme et notre anti-impérialisme.
[1] « Chronopost d’Alfortville : les travailleurs sans papiers se révoltent ! », Initiative communiste, 14 août 2019.
[2] « Rassemblement des Chronopost devant Derichebourg (prise de parole des JRCF) », Chaîne YouTube des JRCF, 26 août 2019.
[3] « Exploitation des sans-papiers en France : Entretien à propos de l’entreprise Atalian », Initiative communiste, 15 août 2019.
[4] « Grève Hôtel Ibis Batignolles : interview de la CGT des Hôtels de prestige et économiques », chaîne YouTube du PRCF, 26 juillet 2019.
[5] Une seule préfecture prenant en charge l’ensemble des régularisations des travailleurs, peu importe le lieu d’habitation.
[6] « Migrations » : pour une position internationaliste responsable », Initiative communiste, 19 septembre 2018.
[7] « Impérialisme : Total et l’Afrique », chaîne des JRCF, 8 juillet 2019.
[8] Certains des Chronopost en viennent.
[9] Nous ne manquons pas non plus l’occasion de saluer nos camarades du Parti Sadi en France, qui sont venu régulièrement au piquet des Chronopost ou à leurs rassemblements.
0 commentaires