Selon une enquête publiée par l’association « Jeunesse au Plein Air » et réalisée par l’Ifop, seulement un quart des enfants âgés de 7 à 12 ans sont déjà allés en colonie de vacances. Ce chiffre confirme, une nouvelle fois, la baisse de fréquentation que connaissent ces voyages collectifs depuis plusieurs décennies. La désaffection des colonies de vacances est avérée et se compte en dizaines de milliers de départs en moins chaque année.
Surtout, on constate que ce sont 32 % des enfants issus des catégories socioprofessionnelles supérieures qui ont déjà été en colonie de vacances, un chiffre qui ne s’élève qu’à 20 % pour les enfants issus des classes populaires. Si, dans l’inconscient collectif, les colonies demeurent dédiées aux familles modestes, elles sont pourtant davantage fréquentées par les milieux privilégiés que par les milieux populaires.
Le coût du voyage (550€ en moyenne par semaine) se révèle être le principal obstacle pour les familles. Les colonies de vacances sont de plus en plus chères tandis que les aides sociales sont de moins en moins nombreuses. Le prix des colonies augmente plus vite que les revenus des familles.
Nous sommes concernés, en tant que communistes, par une telle situation. Les colonies de vacances sont liées à l’histoire populaire de la France. Elles sont en essor dès le Front populaire, et connaissent leur âge d’or après-guerre. Ce sont alors principalement les comités d’entreprise et les municipalités de gauche qui organisent de tels voyages, permettant ainsi aux enfants des prolétaires et des familles les plus pauvres de voir du pays. Un véritable moment de vivre ensemble, de mixité sociale et de socialisation, preuve de la solidarité entre travailleurs. Mais une telle expérience est de moins en moins possible. À la fin des années 60, ils étaient 4 millions d’enfants à fréquenter les colonies de vacances. Entre 1993 et nos jours, le nombre d’enfants envoyés en colo a été divisé par deux. En 2014-2015, ils n’étaient plus que 1.3 millions.
Depuis plusieurs décennies, les principaux acteurs qui organisent ces voyages en ont de moins en moins les moyens.
Les comités d’entreprise se sont dégradés avec le changement du paysage industriel qui a impacté les secteurs de la métallurgie, de la sidérurgie, de l’automobile, du charbonnage. Ils sont moins nombreux, leurs moyens sont diminués. Les collectivités locales, quant à elles, souffrent des coupes budgétaires.
Si ces séjours collectifs peuvent paraître être un sujet secondaire, ils sont suffisamment ancrés dans le cœur des Français pour que les Gilets jaunes en aient fait une revendication, souvent exprimée sur les ronds-points ou lors du « grand débat national ». Ce sont des travailleurs qui ne supportent plus de ne pas pouvoir envoyer leurs enfants en vacances. Des solutions sont parfois évoquées face à l’insupportable fait que 3 millions d’enfants ne partent pas en vacances chaque année, comme par exemple la création d’un fonds national de solidarité pour les enfants des familles modestes. Mais de telles mesures ne sauraient être détachées d’un essor du mouvement ouvrier pour les droits économiques et politiques des travailleurs.
Maintenir les colonies de vacances se révèle en grande partie être un choix politique. Si, face aux ruptures budgétaires, certaines mairies comme Argenteuil ou Savigny-sur-Orge mettent en vente leurs patrimoines de vacances, souvent édifiés depuis la Libération, d’autres souhaitent préserver cet héritage social, en particulier les mairies communistes. Mais la résistance se révèle de plus en plus compliquée au fur et à mesure des coupes budgétaires. Il faut partir moins loin, dans de moins bonnes conditions, et trouver d’autres moyens de financement.
Les plans du gouvernement pour « remettre au goût du jour » les colonies de vacances ne se sont pas montrés efficaces. L’action gouvernementale fut au contraire particulièrement délétère : on peut citer la suppression, en 2011, de la taxe sur les nuitées en hôtel de luxe.
C’est alors un devoir citoyen et prolétarien de faire de l’éducation et des vacances scolaires une priorité. Il faut remobiliser l’État, les collectivités, les associations et les comités d’entreprise. Et comme par le passé, ce nouvel essor des colonies de vacances ne pourra se concrétiser que par l’action de masse et de classe des travailleurs en lutte.
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