Interview d’ Olivier Le Roy
secrétaire de la section d’Aix-en-Provence du Mouvement de la Jeunesse Communiste
Le 6 février dernier, une horde de jeunes militants d’extrême-droite perturbait une conférence de notre camarade Annie Lacroix-Riz organisée à Marseille par l’association COMAGUER en scandant des slogans anti-communistes. Le 23 octobre, une nouvelle agression fasciste contre les militants de la Jeunesse Communiste d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) dans les locaux du PCF a eu lieu. La JRCF, la fédération et la direction nationale du Pôle de Renaissance Communiste en France ont fait part de leur solidarité active à nos jeunes camarades et appelé au rassemblement des forces antifascistes contre ces provocations qui tendent à se développer.
Olivier Le Roy, secrétaire de la section du Mouvement de la Jeunesse Communiste de la ville a bien voulu répondre à nos questions.
- Peux-tu en quelques mots nous rappeler les circonstances des incidents qui se sont déroulés le 23 octobre dernier.
Nous organisions une soirée militante dans nos locaux autour de la résistance kurde à Kobané ponctué par la projection d’un documentaire suivi d’un débat. Ce sont des soirées fraternelles que nous organisons de manière hebdomadaire ouvertes à nos adhérents et sympathisants. Aux alentours de 22h un groupe d’une quinzaine de militants d’extrême-droite, se réclamant de l’action française a pénétré dans nos locaux, assénant coups de poings et coups de pieds à plusieurs de nos camarades. Nous avons également essuyé des jets de bouteilles de bière. Nous sommes finalement parvenus à les repousser pour les bouter hors du local, l’incident ayant durée tout au plus 4 minutes.
- Un rassemblement à l’appel des sections du PCF et du MJCF d’Aix-en-Provence a eu lieu le 6 novembre devant l’hôtel de ville. Ce lieu n’a pas été choisi au hasard car il semblerait que Maryse Joissains encourage l’activité d’organisations d’Extrême-Droite …
Si Maryse Joissains est officiellement à l’UMP, le frontière est décidément bien mince avec le Front National, tant sur les propos qu’elle porte pour s’en prendre aux immigrés que sur sa pratique commémorative qui vise à réhabiliter intégralement la colonisation française comme un développement positif.
Maryse Joissains cultive notamment la nostalgie des anciens partisans fascistes de l’Organisation Armée Secrète (OAS). En juin 2010, Maryse Joissains inaugurait un « rond-point Marcel Bigeard » du nom de l’ancien général de l’armée française et tortionnaire notable durant la guerre d’Algérie. En 2013 une stèle en « l’honneur des martyrs de l’Algérie française » était érigée à Aix-en-Provence. Au cours de la cérémonie d’inauguration Joissains déclarait que « la France était une bonne chose en Algérie »…
A l’inverse la maire a interdit toute initiative visant à commémorer l’indépendance et la lutte victorieuse du peuple Algérien.
C’est en effet un contexte bien propice aux divers groupes fascistes…
- Dans ton intervention lors de ce rassemblement, tu as mis l’accent sur la responsabilité de la social-démocratie.
Nous ne pouvons seulement dénoncer les conséquences des actions des organisations fascistes. Les organisations communistes doivent être en mesure d’analyser la montée de l’extrême-droite en France et en Europe. Aujourd’hui la quasi-totalité des partis sociaux-démocrates d’Europe sont devenus des partis qui défendent les intérêts de la bourgeoisie à l’instar des partis traditionnels de droite.
Pour arriver au pouvoir ils sèment des illusions de changement dans le peuple, présentant l’élection comme unique espoir de changement possible, alors qu’ils n’ont que pour rôle de répondre aux exigences du grand patronat en s’attaquant aux conditions de vie et de travail des classes populaires. Si l’on regarde de près le programme de François Hollande à l’élection présidentielle de 2012 on voit qu’il contenait en son sein les germes des politiques d’austérité mais la propagande médiatique bourgeoise l’a présenté comme l’homme d’un changement politique et social.
Tout ceci entretient la désillusion dans le peuple et offre un terrain fertile pour l’extrême-droite qui use de ses arguments chauvins, xénophobes et racistes pour tenter de rallier à elle une frange des classes populaires.
L’exemple le plus flagrant de ce que je viens d’expliquer n’en reste pas moins la Grèce avec l’arrivée au gouvernement des sociaux-démocrates du PASOK en 2007 qui ont jeté des millions de travailleurs dans la misère et l’émergence du parti nazi de l’Aube Dorée.
Face à cela, à nous, communistes, de montrer que nous incarnons la rupture avec le système, que nous sommes les seuls à appuyer les intérêts des jeunes précaires et des travailleurs par de justes revendications (hausse des salaires, nationalisations démocratiques massives dans l’économie…) et que construire une nouvelle société socialiste se fait chaque jour plus prégnante.
- Contrairement à d’autres organisations progressistes, voire même se réclamant du marxisme-léninisme, le PRCF s’inquiète de la fascisation de l’Union Européenne encouragée y compris par le gouvernement « socialiste » français comme entre autres les ministres néo-nazis en Ukraine. Qu’en penses-tu ?
L’Union Européenne est un outil, qui a été développé dès ses origines par le grand patronat européen pour servir ses intérêts de classe. Que l’on remonte à la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, voire même avant, on voit que cela n’avait que pour objectif la mise en concurrence des travailleurs. L’UE est de par sa nature même un outil au service des capitalistes qui combat les intérêts des travailleurs. Elle est donc irréformable et nous devons rompre avec l’UE ou en sortir selon les mots que nous utilisons. C’est l’analyse que nous en faisons dans la fédération JC des Bouches-du-Rhône.
Avec le développement de la crise capitaliste, la multiplication de plans d’austérité à l’échelle européenne a révélé à tous la nature profondément anti-sociale de l’Union Européenne. Alors que dans de nombreux pays, les travailleurs résistent à ces attaques on comprend mieux pourquoi l’UE s’accommode de la montée de partis fascistes qui agissent comme des milices contre les travailleurs en lutte (Aube Dorée qui attaquent les piquets de grève du PAME en Grèce).
Cette offensive de l’UE contre les organisations communistes et ouvrières, même si elle prend une nouvelle ampleur, ne date pas d’hier. Dès sa fondation, l’UE est aussi un bloc ultra-militarisé dirigé contre les pays socialistes de l’Europe. Bref, l’UE n’a jamais été un facteur de paix comme on tente de nous l’inculquer aujourd’hui.
L’intégration à l’UE d’anciens pays socialistes, victimes de la contre-révolution, a tourné à une véritable hystérie anti-communiste comme pour mieux montrer la victoire des forces capitalistes. Dans nombre de ces anciens pays, désormais membres de l’UE, les symboles ou partis communistes sont interdits comme en Pologne, Lettonie ou Lituanie alors que l’on n’hésite pas à réhabiliter les figures d’anciens collaborateurs SS comme héros nationaux.
Pour ce qui est de la situation en Ukraine, cela révèle le caractère profondément guerrier de l’Union Européenne. Pour leurs intérêts impérialistes l’UE et les Etats-Unis ont soutenu un coup de force à Kiev en s’appuyant sur les milices nazies de Secteur Droit ou Svoboda. Le pays a été précipité dans la guerre et le gouvernement anti-démocratique de Kiev affiche clairement ses intentions : le Parti Communiste d’Ukraine doit être interdit alors que Stepan Bandera, ancien collaborateur de l’armée d’Hitler, est peu à peu promu comme un héros national…
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