Lorsque le Canard Enchaîné, journal vendu en kiosque que j’affectionne le plus, a sorti son numéro du 9 novembre 2016, jour du résultat de l’élection présidentielle, l’article en couverture traitait naturellement de celle-ci. Cependant, la rédaction devant boucler dans la nuit du mardi au mercredi, elle ne pouvait connaître le résultat. C’est donc un pronostic qui a été fait. Celui qu’Hillary Clinton gagnerait, que ce « fou furieux » de Donald Trump ne parviendrait pas jusqu’à la présidence. L’on disait alors, en substance : Trump ne peut évidemment pas être président des Etats-Unis, les gens n’iront pas jusque-là. Mais retenons bien cet avertissement, car Trump, même s’il ne sera bien sûr pas président, est arrivé jusque-là. Et ça, c’est significatif.
Le problème, que cette réalité ne restera qu’hypothétique car en fait Trump a été élu. En fait les Américains des Etats-Unis ont osé. Pas tous bien sûr mais assez pour que l’impensable se produise.
Comment l’interpréter ? Que cela signifie-t-il ? La véracité des théories du complot imaginées par tant de gens ? Une nouvelle guerre mondiale ?
Vous l’aurez deviné, je ne suis pas devin, je ne sais pas plus que vous. Et étant donné la qualité des pronostics récemment émis, j’ai encore moins envie de me risquer à en faire ! Alors je voudrais simplement communiquer ici les quelques pensées qui me trottent dans la tête sur ce fait, ce que j’appelle mes commentaires.
Analyser concrètement la situation concrète
Le prisme marxiste m’aide à interpréter les choses comme suit : la politique, de la même manière que les idéologies, les arts, les valeurs, les tendances, etc. d’une société donnée ne sont que des superstructures : elles sont les résultantes de l’organisation du mode de production de la richesse qui elle représente l’infrastructure. C’est pourquoi le point sur lequel j’ai envie d’insister est le suivant : que ce soit Donald Trump aux Etats-Unis, le duo Hollande/Valls en France présentement – sans même penser à ce qui adviendra ensuite – tout cela témoigne d’une crise politique qui n’est que la résultante de la crise économique capitaliste dans laquelle nous vivons. Maintenant je pose une question : quelle est manière la plus pertinente de faire s’écrouler quelque édifice que ce soit ? En arrachant son sommet ? Ou bien en le percutant dans ses fondements afin que, la base étant détruite, tout l’édifice tombe enfin ? Ces drames politiques, je choisis le terme à dessein, nous indiquent que l’on a atteint un point critique. A tous les niveaux car le marxisme nous aide à voir que c’est bien un phénomène global dont il s’agit. Et c’est bien une révolution de type marxiste-léniniste débouchant sur une dictature de la classe prolétarienne qui est la nécessité.
Bonnet blanc et blanc bonnet
Donald Trump a été élu donc et c’est un drame. Mais je tiens à insister sur le fait que si ça avait été son adversaire, Hilary Clinton, qui avait été élue, ça n’aurait pas été mieux ! En vérité je ne souhaite même pas m’attarder sur ses e-mails disparus ou quoi que ce soit du même acabit. Ce sur quoi il me plaît d’insister est le fait qu’Hilary Clinton soit un symbole, celui de cette classe politique de carrière, qui est au-dessus de tout mais qui ne sert à rien à part favoriser ses clients (car oui le clientélisme a le vent en poupe et ce à toutes les échelles du politique : du local à l’international !). Si les gens ont voté Donald Trump, c’est bien aussi pour empêcher qu’un pantin vienne à la suite de Barack Obama et qu’il continue son œuvre : ne rien faire à part de la réformette. Il n’y a qu’à voir ! Ce qui ressort le plus lorsque l’on interroge les électeurs, c’est la volonté de changement. Du changement à tout prix. Et peu importe la menace qu’il y a derrière ! En France, c’est pareil. On nous a martelé « le changement, c’est maintenant » et les gens ne se remettent pas de l’énormité du mensonge. En 2012, on nous a menti pour deux choses : on nous a dit que ce serait la fin du monde et que le changement, ce serait maintenant. Du coup, dans le maintenant actuel, on peut réellement craindre qu’il se passe quelque chose du même type parce que tout simplement les gens en ont marre de se faire avoir – et ils se font avoir par une bande de scélérats vêtus de cols blancs ! Bien sûr, l’élection de Marine Le Pen serait un vrai drame, et pas que pour les sans-papiers pour ceux qui ne se penseraient pas concernés car en règle de ce côté-ci… Mais il est vrai que l’on n’a pas toutes les armes pour se défendre contre l’habileté – qui est bien réelle – d’une Marine Le Pen, d’un Nicolas Sarkozy qui ont en plus les médias de leur côté.
La vanne de la fascisation sont ouvertes…
Car là aussi, on peut se demander l’influence que ce résultat va avoir sur l’élection présidentielle française ! De deux choses l’une à mon avis : ou cela effraie et déclenche une prise de conscience chez certains électeurs français qui voudront éviter le drame ou alors, au contraire, cela a pour effet de décomplexer certaines personnes par rapport à leurs opinions extrêmes… Extrêmes, dans le mauvais sens du terme bien sûr. Je m’explique : la révolution prolétarienne est extrême aussi, c’est un fait. Mais celle-ci représente à mon avis un extrême bénéfique car nous considérons que le système capitaliste est lui-même un extrême. Et pour annihiler cet extrême, il faut lui opposer un extrême qui le néantise. La simple constatation des écarts de richesse dans le monde permet de le considérer. Mais un extrême comme Marine Le Pen ou comme Nicolas Sarkozy (ou son collaborateur François Fillon) qui, depuis l’élection de Trump, a l’air de vouloir lui ressembler de plus en plus, n’est pas une bonne chose ! Encore une fois ces gens sont habiles, surfent sur la vague : ils ont bien compris que se montrer anti-système était ce qui marchait en ce moment (un Emmanuel Macron tape aussi là-dedans, dans un autre genre, poussant loin le bouchon de la manipulation, intitulant son livre révolution ! lui le banquier de Rotschild). Mais gardons à l’esprit que ces gens sont les purs produits du système qu’ils se plaisent tant à critiquer haut et fort ! A commencer par Donald Trump lui-même qui, contrairement à l’image qu’il aimerait bien renvoyer –celle du self-made man- est né avec une cuillère d’argent ou même, on peut le dire, d’or dans son cas, dans la bouche ! Reprenant l’affaire du paternel, faisant passer la fortune familiale du million au milliard (que c’est dur lorsque l’on est déjà millionnaire, applaudissons !) il ne restait que le monde politique à conquérir : c’est la cerise sur le gâteau. Mais quelle difficulté ? Quel mérite ? La société capitaliste a rendu l’argent plus essentiel que toute chose et avec lui toutes les portes s’ouvrent : il n’est pas malaisé de bien se faire conseiller, d’avoir du crédit quand on l’a. Voilà qui est Donald Trump. Je n’ai pas parlé de son émission de télé-réalité mais si jamais vous voulez rigoler un coup ça se trouve facilement !
Rigolons car cela fait du bien et parce que c’est bon pour la santé ! Mais soyons sérieux de manière équivalente car avec les élections présidentielles françaises qui approchent – et qui ne nous donnerons certainement pas satisfaction – il y a tout de même possibilité de limiter la casse. Et si un mot me vient à l’esprit plus que tout autre, c’est celui de responsabilité. C’est notre responsabilité de limiter la casse dans notre pays.
Stevens D. Militant JRCF, franchement communiste.
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