Un drame mis au service de la réaction

par | Sep 27, 2024 | JRCF | 0 commentaires

Le meurtre de Philippine, jeune femme de 19 ans, est une tragédie qui secoue l’actualité médiatique française depuis maintenant plusieurs jours. Le parcours du suspect, dont l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et la nationalité marocaine font l’objet de rappels ininterrompus, devient le prétexte parfait pour lancer une nouvelle offensive contre l’ensemble des étrangers présents sur le sol français. Sur fond de « débats » télévisés sans aucun pluralisme d’opinion et de discours incendiaires, la droite gouvernementale la plus réactionnaire, de concert avec l’extrême-droite lepéno-zemmouriste, utilise avec un cynisme effarant cette affaire pour servir son projet d’apartheid et de stigmatisation des étrangers, ou supposés comme tels, vivant sur le territoire français.

En s’appuyant sur l’émotion légitime de la population, les porte-paroles professionnels de la réaction cherchent à faire oublier que c’est bien la destruction de nos services publics, programmée depuis Bruxelles, qui permet à des individus antisociaux qui devraient être suivis de près par les instances judiciaires et psychiatriques d’agir à leur guise.

Le traitement disproportionné des faits divers : un outil de la fascisation

La médiatisation intensive de cette affaire, qui ne fait que s’ajouter à une longue liste de faits divers hyper-exposés, montre comment les médias français, qu’ils soient publics ou privés, jouent le jeu de la fascisation. Ces dernières années, de nombreux faits divers isolés ont été montés en épingle, diffusés en boucle sur toutes les antennes, pour nourrir les obsessions de l’extrême droite. On assiste ainsi à une couverture médiatique délirante autour de meurtres sordides, érigés en symboles d’une supposée guerre civile à venir, conséquence de la « décadence » de la France.

Étrangement, ce traitement médiatique disproportionné n’existe pas pour les meurtres racistes, pour les actes de violences policières, ou pour les décès de migrants en Méditerranée. Ces tragédies n’intéressent pas nos journalistes pourtant accusés à longueur de journée de sympathie pour l’extrême gauche (encore qu’il suffise d’être humaniste pour compatir avec les victimes susnommées). Elles ne suscitent pas les mêmes larmes, ni les mêmes indignations. Aucun projet de loi n’émerge d’ailleurs à leur suite et c’est avant tout cela qui devrait interroger les Français, ces « actualités » tombant toujours à pic.

La non-information au service de la bourgeoisie

Alors que les chaînes françaises inondent les foyers de ce fait divers, le monde entier a les yeux tournés vers la situation au Proche-Orient. Le Liban risque de sombrer dans une guerre dévastatrice, dans le contexte des attaques terroristes du régime colonialiste de Tel Aviv, qui ont déjà fait plus de 500 morts en une journée. Dans le même temps, la Fédération de Russie a modifié sa doctrine d’emploi des armes nucléaires en réaction à l’adoption d’une résolution belliciste du Parlement européen soutenant l’usage d’armes européennes par l’Ukraine sur le sol russe, nous rapprochant encore d’un cran d’une troisième guerre mondiale dévastatrice. Pourtant, nos chaînes d’info choisissent sciemment d’ignorer ces enjeux géopolitiques cruciaux pour mieux se concentrer sur la division du peuple français sur des critères ethniques.

Cette stratégie médiatique n’est pas nouvelle et fait écho à des pratiques de propagande bien connues. Les régimes fascistes historiques ont toujours utilisé les faits divers à leur avantage, en les couplant à des pseudos actualités bien éloignées des enjeux politiques concrets. L’objectif non-avoué de la démarche est l’abêtissement général du peuple, la suppression de ses moyens de compréhension par la privation de connaissances économiques, sociologiques, culturelles, etc. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la presse à destination patronale : pas une trace de Philippine dans La Tribune et un seul article de « décryptage » dans Les Echos (1), qui pointe à juste titre l’instrumentalisation de ce qui est décrit comme un « fait divers dramatique » par un nouveau ministre de l’Intérieur pressé d’imposer sa ligne sécuritaire et de modifier le traitement accordé aux ressortissants étrangers sur le sol français.

Il est crucial de dénoncer ces manipulations, ne serait-ce que par respect pour la victime, car les jeunes communistes doivent avoir d’autres préoccupations que de plonger tête la première dans les pièges de l’extrême-droite et autrement plus cruciales pour l’avenir de la France : l’Union européenne nous promet, avec le soutien de « notre » gouvernement, d’assoir sa dictature sur notre pays en le plaçant sous tutelle, tout en poussant notre peuple à une confrontation armée suicidaire avec la Fédération de Russie. Ces crimes-là, soyez-en sûrs, ne sont pas du fait de sans-papiers marocains et vous n’en entendrez pas parler sur CNEWS, France Info ni BFM.

(1) https://www.lesechos.fr/politique-societe/gouvernement/apres-lassassinat-de-philippine-bruno-retailleau-pousse-a-durcir-la-politique-penale-2121305

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