Il y a environ un mois, l’association Halte à l’obsolescence programmée a porté plainte contre les fabricants d’imprimantes Canon, HP et Epson pour avoir délibérément raccourci la durée de vie de leur marchandise. Les techniques mises en cause par l’association sont « des éléments d’imprimantes, tel que le tampon absorbeur d’encre, sont faussement indiqués en fin de vie » ou « le blocage des impressions au prétexte que les cartouches d’encre seraient vides alors qu’il reste encore de l’encre » (1).
L’obsolescence programmée, c’est une technique visant à diminuer la durée de vie d’un appareil afin d’assurer le rachat d’un autre appareil. Cela peut aussi passer par l’impossibilité de changer une pièce, de la réparer, ou de rendre l’objet jetable, car il n’est plus dans la mode du moment (vous connaissez Apple ?). C’est une source de profit pour les grosses entreprises.
Chose sans doute assez peu connue, mais l’obsolescence programmée est un délit dans notre pays. Il est même, grâce à la loi sur la transition énergétique qui est à l’origine de son entrée en tant que délit, puni de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.
Vous trouvez ça flou ? On va prendre un exemple tiré d’une émission de Cash investigation (2) : l’écran plat. On a remplacé les anciennes télés qui, certes, prenaient de la place et n’étaient pas très « esthétiques », mais elles marchaient bien et tenaient la durée. C’est là où le bât blesse. Les écrans plats plus « tendance » durent moins longtemps. Par exemple, la luminosité baisse de 40 % en deux ans ! Le problème viendrait du condensateur que les fabricants – ici principalement Samsung et LG – ont réglé trop près de la chaleur, son point faible, entraînant plus facilement le renouvellement de la télé. Enfin, dans le reportage, les consommateurs pouvaient au moins faire changer le condensateur et éviter de retourner nourrir Samsung. Et puis non : l’entreprise a investi dans des condensateurs tenant plus longtemps… mais avec impossibilité de réparation s’il tombe en panne, obligeant l’utilisateur à débourser pour racheter son appareil.
Nous pourrions parler aussi d’autres entreprises (qui sont nombreuses) pratiquant cela, comme HP avec ses ordinateurs ou Apple et ses fameuses batteries accrochées à l’appareil, obligeant si celle-ci est morte à en racheter. Oh bien sûr, le bricoleur du dimanche peut réparer lui-même la machine, mais cela prend du temps et la garantie saute. Il existe aussi la possibilité certaines fois de pouvoir faire réparer chez le fournisseur, mais c’est souvent plus cher sur le court terme que payer un nouvel appareil.
Les communistes doivent dénoncer et lutter contre cette pratique qui pousse les ménages les plus pauvres à un rachat constant d’appareils électroménagers nécessaires qui vont peser lourdement sur leur budget.
De plus, cette pratique soulève deux problématiques plus actuelles : l’impérialisme et l’écologie. D’une part, les principaux composants (minéraux) sont pris dans les pays dits du « Sud » avec des normes de travail affreuses, des comportements quasi-mafieux de certaines entreprises, une extraction tellement extensive qu’elle entraine la pollution des eaux, la désertification et à la fin, la lente disparition de certaines matières. D’autre part, l’Afrique sert de poubelle du monde où les entreprises des grands pays capitalistes balancent allègrement leurs objets usagés, créant de grands dépotoirs à ciel ouvert.
On peut critiquer les lois qui tentent d’interdire ou de réglementer cette pratique au sein du régime capitaliste, car les bourgeois dans leur quête de profit trouveront toujours un moyen de faire en sorte de faire le plus de profit en faisant racheter leurs produits. En ce sens, c’est utopique d’attendre d’eux un respect de la loi…
Rappelons-nous que dans les pays socialistes, notamment en RDA, le but était au contraire -nous n’étions pas dans une économie de marché !- de rallonger le plus possible la durée de vie des objets (certains est-allemands ont toujours des vieux frigos datant de cette époque et fonctionnant toujours), ce qui scandalisait les occidentaux qui criaient (au sujet des ampoules longues durée) « vous allez détruire vos propres emplois », et à qui les ingénieurs est-allemand répondaient « Non au contraire, en économisant nos ressources et sans gaspiller de tungstène, nous sauverons nos emplois. »
- « Obsolescence programmée : une plainte déposée contre des fabricants d’imprimantes ». Le Figaro. 21 septembre 2017.
- La mort programmée de nos appareils- Cash investigation. 2015
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