Nous partageons le discours de Iacovos Tofari, président de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique (FMJD), prononcé à la Quatrième conférence « pour l’équilibre du monde » à La Havane.
Chers Camarades,
Chers Amis,
Pour débuter, au nom de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique, permettez-moi d’exprimer notre gratitude pour la chance qu’il nous est donné de participer à la IVe Conférence “Pour l’équilibre du monde”. Spécialement, je voudrais remercier l’Union des Jeunes Communistes (JC Cubaines) pas seulement pour leurs efforts sur cet événement spécifique, mais aussi pour le rôle qu’ils jouent dans le mouvement international de la jeunesse anti-impérialiste. Permettez-moi d’ajouter que nous considérons qu’il est important de parler de l’équilibre dans le monde de là où nous nous trouvons, de l’île de la Révolution.
Les idées comme armes fondamentales pour relever les défis de l’humanité. Un sujet très intéressant à discuter. Pour en parler, nous devons d’abord comprendre les défis, les difficultés que l’humanité traverse aujourd’hui et nous ne pouvons pas en parler sans une approche globale de ce qui se passe dans le monde actuellement.
Dans quel monde vit-on ? Nous vivons actuellement dans une ère impérialiste, le plus haut stade du capitalisme. Cette période de l’humanité est caractérisée par l’approfondissement d’un système contradictoire et qui se pourrit rapidement, mais aussi par le stade de préparation d’un nouveau monde, qui va éliminer l’inégalité et l’injustice. Cuba est un grand exemple d’une transformation socialiste vers un nouveau niveau de l’évolution sociale. À part Cuba et quelques autres exemples, le reste du monde aujourd’hui n’est pas si optimiste.
Au contraire, un bref aperçu de la situation globale nous donne une image très déprimante vers où se dirige l’humanité. Tout individu qui parle de ce système comme d’un système des opportunités égales et de la liberté pour tous cache volontairement cette information suivante : selon les informations de chez OXFAM, depuis 2015, les 1% de l’humanité les plus riches possèdent plus de richesses que le reste des 99% sur cette planète. En ce moment, 8 hommes possèdent la même somme de richesse que les 50% des plus pauvres dans ce monde. Cette situation inégale sur la planète ne découle pas d’une déviation d’un prétendu « bon » capitalisme, mais plutôt des conséquences directement liées à la production capitaliste.
L’inégalité est un problème sérieux pour notre monde, mais pas le seul. L’exploitation continue des ressources de la planète par les classes dirigeantes nous a menés vers des conséquences catastrophiques. Notre modèle économique est basé sur l’exploitation de notre environnement et l’ignorance du caractère limité des ressources de la planète. Ce système économique est un facteur important pour le changement climatique radical.
Une autre fausse supposition est que notre modèle économique est neutre de genre. La vérité est que les femmes occupent de manière disproportionnée les emplois les moins sûrs et les moins bien payés, et elles font la plupart du travail de soins non rémunéré, mais sans elles, notre économie ne fonctionnerait pas. Sans mentionner tous les autres niveaux sociaux où les femmes sont oppressées et harcelées chaque jour.
Les guerres et la destruction sont une autre facette de l’impérialisme et des plus importantes. Les guerres se produisent partout sur la planète, semant la mort et la misère juste pour sécuriser et maximiser les profits des capitalistes.
Les faits mentionnés plus haut sont les causes fondamentales d’une série de défis auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui. Cela doit être clair pour toutes les forces pacifiques de la planète, pour tous les peuples progressistes et démocrates, il faut faire quelque chose et cela ne peut pas se produire dans ce système d’exploitation et d’inégalité. Une nouvelle société est nécessaire. Une société qui fournira aux peuples tous les moyens d’une vie créative et heureuse. Une société qui fera l’éloge de l’existence humaine et non du profit des quelques capitalistes.
SI tous ces problèmes et difficultés existent, une autre question importante doit être posée. Pourquoi les Peuples du monde entier ne se révoltent pas et ne changent pas le système ? C’est ici que l’idéologie se définit comme une partie fondamentale de l’évolution. La dominance du capitalisme est exprimée à tous les niveaux de la société de différentes manières et, bien sûr, l’idéologie n’est pas une exception. L’idéologie d’exploitation, la propriété privée, l’inégalité, l’idéologie du capitalisme, sont le résultat de la nécessaire préservation et dominance de la classe bourgeoise. Cette idéologie peut sembler comme un développement naturel dans le système donné, mais le capitalisme, au contraire, déploie beaucoup d’efforts pour la diffuser et la renforcer.
Cette dominance du capitalisme à ce niveau a déjà été analysée par beaucoup de théoriciens et a été décrite comme l’hégémonie idéologique de la classe dirigeante. La classe bourgeoise a beaucoup d’outils à sa disposition pour développer cette hégémonie, l’État bourgeois lui-même, mais aussi les autres institutions comme les écoles, les universités, les médias et l’église.
Dans les lieux d’enseignement, les écoles et les universités, les classes dirigeantes tentent par la falsification de l’histoire de convaincre les masses que ce que nous avons aujourd’hui est l’avenir de l’humanité et qu’il n’y a pas d’alternative. Ils essaient de convaincre le peuple que le socialisme et le fascisme sont la même chose, en utilisant toujours la même « théorie des deux extrêmes ». Le but derrière tout ça, c’est de faire croire que les vies que l’on vit aujourd’hui sont les meilleures qu’on pourrait espérer.
Leur tentative ne reste cependant pas occultée longtemps. Chers amis et camarades, je suis venu d’un continent où ce qui se passe en Amérique Latine n’est pas montré au peuple. Au contraire, les politiques officielles des États européens, relayées par les grands médias, essaient de cacher à l’humanité, à coup d’énormes mensonges, les grands succès du peuple cubain et ce qu’ils ont accompli dans leur pays. Au lieu de la vérité, la situation est présentée comme une réalité qui semble être tirée d’un roman dystopique.
L’Église a aussi un rôle signifiant dans le combat idéologique. Il est un fait que les leaders religieux affectent très souvent la conscience des masses avec leurs déclarations. Même quand ils ne parlent pas contre d’autres religions, provoquant la haine entre les différentes nations et religions, ils peuvent encore nuire à la cause des peuples. C’est parce que la plupart des leaders religieux demandent au peuple de se satisfaire de ce qu’ils ont, d’arrêter de demander plus et de répondre aux attaques avec patience et bonté. Bien sûr, dans notre approche, on veut toujours demander plus que ce que nous avons, pas que pour nous, mais aussi pour la société. On ne doit jamais accepter les attaques envers le peuple avec patience et ne jamais rester silencieux, mais réagir collectivement, massivement et surtout de manière révolutionnaire à ces attaques.
Il doit être clair pour nous, pour les peuples qui tentent d’apporter de nouvelles réalisations pour l’humanité, que le “rapport des forces” au niveau des idées est en faveur des oppresseurs et non des opprimées.
Chers Camarades,
Tout ce qui a été dit au-dessus fait ressortir une certitude très spécifique. Bien-sûr, notre lutte doit être pratique et solide, mais depuis que la classe dirigeante met autant d’effort pour préserver ses idées, il est clair que nous devrons également, dans nos luttes, accorder la priorité à la promotion de nos idées, les idées de la paix et de l’égalité.
On pourrait facilement se demander :
Comment les idées peuvent nourrir les enfants qui meurent de faim ou comment les idées peuvent sauver des personnes qui ont perdu leurs propriétés dans les guerres ?
Comment elles peuvent sauver tous ceux qui n’ont pas accès à la médecine contemporaine ?
La réponse est que les idées seules ne le peuvent pas. Mais les masses sont l’élément de la société qui peut faire quelque chose et, comme l’un des plus grands esprits du 20e siècle l’a expliqué : « Sans théorie révolutionnaire, il ne peut pas y avoir un mouvement révolutionnaire ». C’était une citation du grand dirigeant de la Révolution d’Octobre, Vladimir Ilitch Oulianov Lénine. La phrase, qui a plus de 100 ans, nous impose une responsabilité, celle de propager les idées de la révolution, de les travailler, de les adapter dans notre société et d’en faire les lignes directrices de tout mouvement qui lutte pour un changement. L’idée qui réclame qu’une autre société est possible, l’idée et l’idéologie qui a la foi que les humains ont encore beaucoup à accomplir, sont les idées qui peuvent répondre aux défis contemporains du monde.
Bien sûr, les idées ne sont pas utiles uniquement dans le domaine de la lutte de classe organisée. La transformation sociale a besoin de la science et de la technologie pour se produire. Même si, à la première vue, la science, et spécialement les sciences comme les mathématiques, la physique ou la chimie, semble être hors de propos avec la philosophie et la politique, ils sont en fait profondément liés. Comme mentionné au-dessus, on vit dans un monde où les idées bourgeoises sont dominantes. Cela inclut l’approche de la Science. Tant que le matérialisme dialectique n’a pas un rôle clé dans de nombreux domaines de la science, notre lutte pour conquérir la vérité objective restera incomplète et dans de nombreux cas, insuffisante pour répondre aux besoins actuels de l’humanité.
Cela dit, il est clair que l’une de nos tâches principales dans les sociétés d’aujourd’hui est d’évoluer et de partager les idées révolutionnaires parmi les peuples. C’est une tâche qui ne peut être accomplie si nous ne nous rendons tout d’abord pas utiles pour la société. Ernesto Che Guevara, dans un discours adressé aux étudiants, a déclaré : « Votre place dans la lutte est l’université, vos études, la préparation urgente de nos professionnels afin de combler les lacunes que nous avons… ». Bien sûr, juste après cette phrase, le Che a souligné la nécessité d’être préparé à tout type de lutte avec tous les moyens possibles, mais le fait est qu’il a souligné comme tâche importante de la jeunesse révolutionnaire la lutte pour la conquête de la science et de la technologie et la nécessité de l’utiliser au profit du peuple.
On a beaucoup d’exemples, à travers l’histoire de l’humanité, où les idées ont joué un rôle vital pour le développement des sociétés humaines. Si nous regardons quelques siècles en arrière, nous pouvons parler de la Renaissance en Europe ou du siècle des Lumières. Les époques sont décisives et critiques pour le cours de l’histoire humaine. Si on se rapproche d’aujourd’hui, on rencontre les idées du marxisme et leur propagation directe, exactement après leur adoption par Lénine et la victoire de la révolution d’Octobre. Et que dire des idées des mouvements de libération nationale qui ont ébranlé le système colonialiste. Ce sont aussi les idées des camarades de la Révolution cubaine. L’exemple cubain a inspiré beaucoup de personnes qui souffrent toujours de l’impérialisme, du colonialisme et de l’oppression sociale.
En effet, ce qui se passe à Cuba va bien au delà de Cuba. L’impact du travail du peuple cubain est l’une des plus grandes armes que l’on ait dans ce combat idéologique d’aujourd’hui. Notre travail idéologique partout autour du monde commence par une simple phrase prononcée par Fidel : « Quelque chose doit être fait pour sauver l’humanité ! Un monde meilleur est possible. » Dans cette discussion, la Révolution cubaine nous a fourni tous les arguments dont on a besoin pour convaincre les peuples qu’un meilleur monde est effectivement possible.
Cuba est un pays où la moitié du budget de l’État est consacrée à l’éducation, à la santé et à la sécurité sociale de ses citoyens. Pas une famille à Cuba ne doit payer un seul centime pour l’éducation de ses enfants. Dans les écoles primaires et secondaires, tout au long de la journée, les enfants apprennent le sport, la musique, la danse et les langues étrangères, et Cuba est le premier pays au monde en ce qui concerne le nombre de médecins par habitant. Et tous ceux qui supportent l’impérialisme et qui accusent Cuba pour le manque de démocratie se cachent du peuple révolutionnaire de l’île qui, fort de plus de 7 millions de personnes, ont participé aux 110,000 assembles populaires organisées dans les quartiers, les lieux de travail et les établissements d’éducation où le nouveau projet de constitution a été discuté depuis des mois. Mais malgré tout, ce n’est pas suffisant pour la démocratie telle que la conçoit le socialisme, car le projet final de la constitution sera présenté le mois prochain aux citoyens cubains lors d’un référendum universel.
Chers Camarades,
Dans cette discussion sur les idées, j’ai probablement partagé avec vous plus de faits que d’idées, mais notre idéologie n’a jamais été une utopie théorique. Au contraire, notre idéologie est basée sur la science et les recherches. Elle est basée sur des faits et, permettez-moi de le dire de nouveau, la Révolution cubaine nous offre tous les arguments dont on a besoin pour être fier de porter cette idéologie. C’est exactement ce que Fidel nous a dit dans un passé pas si lointain : « Bientôt, je serai comme tous les autres. Le temps viendra pour nous tous, mais les idées des communistes cubains resteront. »
Chers Camarades,
Je ne veux pas prendre plus de votre temps. J’espère que l’intervention de la FMJD vous a été aussi utile que le plaisir que j’ai eu à être ici avec vous pour cet événement. L’impérialisme est dominant, fort et opprime nos peuples, mais il n’est pas pour autant invincible. Nous, unis et guidés par les idées du socialisme, nous avons le pouvoir de le renverser et de construire une autre société. Camarades, unis, nous gagnerons !
Merci pour votre temps.
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