Guerre contre le Venezuela : en attendant nos masques, ceux de l’impérialisme sont déjà tombés

par | Avr 17, 2020 | International | 0 commentaires

« Dans quelques jours, ce nombre sera de nouveau presque nul. Nous avons vraiment fait du bon travail » annonçait Donald Trump le 26 février dernier, en parlant des cas de coronavirus aux États-Unis. Difficile d’imaginer une prédiction se révélant aussi opposée à la réalité : son pays est désormais le plus touché par cette épidémie avec au moins un demi-million de cas confirmés et plus de 20000 morts. Vendredi dernier, il a même dépassé la barre symbolique des 2000 morts en vingt-quatre heures.

Le « travail » du gouvernement étatsunien, ce n’est pas la mise en place d’un système de sécurité sociale solidaire et d’assistance, même temporaire, qui augmenterait la capacité d’accueil des hôpitaux, notamment à New York où les victimes se comptent déjà par milliers, et qui élèverait les moyens qui leur sont alloués à la hauteur de la situation. Le « Nous ne serons jamais un pays socialiste » de Donald Trump de l’année dernière a dû résonner bien fort aux oreilles de tous ceux qui, diagnostiqués positifs au COVID-19, se sont vus refuser l’hospitalisation faute de pouvoir payer une assurance privée. 

Nous n’expliquerons pas ici comment un État qui a dépensé – officiellement – 6400 milliards de dollars en interventions militaires à l’étranger lors des 20 dernières années peut se retrouver sans aucun moyen de protéger ses citoyens d’une telle situation, 172 ans de théorie marxiste s’en sont déjà chargés pour nous. 

Il est important de constater que les conditions actuelles de crise sanitaire n’ont changé en rien l’attitude de la grande bourgeoisie impérialiste. À l’instar de la nôtre, qui – quand elle n’est pas déjà occupée à envisager de tester les futurs vaccins sur les populations de ses anciennes colonies – ne songe qu’à en profiter pour éliminer quelques pages gênantes du code du travail, son homologue outre-Atlantique n’a pas attendu longtemps pour diversifier ses activités. Ses entreprises proposent depuis quelques semaines des « kits de survie » qui vont de quelques réserves de nourriture à 150$ à des « vols sans fin » ou des « bunkers cinq étoiles » pour ceux qui ne possédaient pas déjà un yacht pour partir en croisière prolongée jusqu’à la fin de l’épidémie.

Pendant ce temps, des sanctions économiques sont toujours en cours contre Cuba, dont les médecins sont comme à leur habitude à l’avant-garde mondiale de la lutte contre le virus, et contre l’Iran, pays très durement touché par l’épidémie, pour ne citer que ceux-là. Ces mesures unilatérales, déjà criminelles et régulièrement reconnues comme telles par diverses instances internationales en temps normal, sont aujourd’hui un frein à la coopération entre États pourtant nécessaire en cas de pandémie. 

Ainsi, dans le cadre d’une guerre économique qui a déjà fait des dizaines de milliers de victimes au sein de la population vénézuélienne, après une n-ième tentative de coup d’État encore une fois déjouée, le gouvernement Yankee prend pour excuse la crise mondiale pour placer une immense flotte maritime et aérienne au plus proche des côtes du Venezuela. Mais sûrement pas à cause de ses vues sur la plus grande réserve de pétrole prouvée, non, non, il s’agit ici de « lutte contre le trafic de drogue » sur le continent. 

En effet, la tête du Président Maduro a été mise à prix sous prétexte de narcotrafic. Sans aucune preuve, bien sûr, mais par un homme qui n’en a jamais eu besoin, le procureur William Barr, dont la loyauté à l’état profond étatsunien n’est plus à prouver.  Quand bien même le « président vénézuélien » élu par la CIA, Juan Guaido, immortalise ses liens avec les narcotrafiquants de l’extrême-droite colombienne. Quand bien même, les chiffres du trafic ont augmenté de façon inquiétante en Colombie depuis le désarmement des FARC, qui ont été les seuls à respecter l’accord signé en 2016 avec le gouvernement. Quand bien même, ladite Colombie fournit 90 % de la drogue en direction des États-Unis via sa côte Pacifique. Petites négligences administratives, mais sans importance pour le camp du Bien.

La dernière opération officielle d’une telle ampleur remonte à 1989 avec l’invasion du Panama pour laquelle la même excuse avait été brandie, leur ancien sous-traitant, le président Noriega étant subitement tombé en disgrâce. C’était, quelle surprise, un certain William Barr qui avait présenté la condamnation. Le nom de Donald Trump n’est que très peu évoqué dans cet article, et ce n’est pas un hasard. Les Présidents changent, les faucons restent au pouvoir.

Le maître siffle, le chien aboie. L’Union Européenne n’a pas attendu longtemps pour clamer son soutien à cette offensive. Le Royaume-Uni puis la France ont envoyé, en gage de bonne foi, des navires de débarquement pour espérer ramasser les miettes du butin une fois venu le changement de régime tant espéré.

Qu’attendre de moins de ceux qui n’ont passé les dernières années qu’à construire la « défense européenne » toujours plus près des frontières de la Russie, ennemi obsessionnel de l’intelligentsia nord-américaine, cette défense « européenne » qui ne cache plus son statut de simple débouché commercial pour l’immense industrie d’armements atlantiste en se cramponnant à une OTAN en fin de course qui impose maintenant de dépenser au moins 2 % de son budget militaire en équipement made in USA !

Face à ceux qui s’évertuent à envoyer des aides médicales sur l’ensemble de la planète en péril, face à ceux qui, en dépit de sanctions toujours plus longues et d’une guerre économique pour laquelle un ancien rapporteur spécial de l’ONU proposait il y a peu le qualificatif de crime contre l’humanité, ont tout mis en œuvre aujourd’hui pour préserver la santé de leur peuple face à l’épidémie, face à ceux qui, malgré les menaces et intimidations toujours plus fortes, n’ont jamais cessé de parler de paix à tous les citoyens américains, l’Empire a lâché sa 4e flotte et ses laquais ont suivi. Peu importe leur ampleur, la réduction des profits n’est pas tolérable. Le marché doit être partout libre, et ouvert à la concurrence non faussée, sauf bien sûr pour ceux qui en écrivent les règles.

« Evo Morales est dehors. Nicolas Maduro sera-t’il le suivant ? » titrait déjà en novembre dernier un célèbre site d’information pourtant classé à gauche aux Etats-Unis. Pour ces faucons sur le déclin, la guerre froide ne sera jamais terminée, car elle a toujours été leur seule raison d’être au pouvoir, préservant leur droit divin d’ingérence sur au moins tout un continent. Peu importe le prix, peu importe la crise sanitaire, il faut abattre le Venezuela, officiellement « menace exceptionnelle contre la sécurité nationale » des États-Unis depuis un décret du président Obama.

En temps de crise, le capitalisme montre son vrai visage au monde entier. Il est encore temps d’exiger du pain, la paix et des soins pour tous. Et, avec eux, le respect au droit à l’autodétermination des peuples… en particulier celui du Venezuela, qui a déjà bien trop souffert de cette agression constante et unilatérale, tout en restant un modèle de démocratie dont feraient mieux de s’inspirer nos soi-disant représentants dont la légitimité s’érode encore un peu plus à chaque simulacre d’élection. Et de montrer au peuple des États-Unis d’Amérique, qui ne sera jamais libre tant qu’il continuera d’opprimer les autres, la voie de l’internationalisme prolétarien.

Valentin-JRCF

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