Pendant que des négociations de paix sont en cours entre Trump et Poutine, Macron et l’UE arment l’Europe

par | Mar 11, 2025 | International | 0 commentaires

Les négociations en cours entre Trump et Poutine concernant la guerre en Ukraine semblent avancer dans le bon sens. Répétant en partie ce que dit le PRCF depuis le début de « l’opération militaire spéciale » russe — voire depuis l’« euro-maïdan » de 2014, véritable point de départ du conflit actuel opposant la Russie et l’OTAN sur le sol ukrainien — Trump a reconnu l’illégitimité et la responsabilité de Zelensky dans la guerre en cours. Il n’a pas, bien entendu, admis la responsabilité principale de l’OTAN et des États-Unis, ni remis en cause l’impérialisme-hégémonisme américain qu’il entend défendre jusqu’au bout. Mais le gel de l’aide militaire à l’Ukraine devrait favoriser les négociations de paix, et l’humiliation subie par Zelensky à la Maison Blanche témoigne d’une volonté réelle de la part de l’administration Trump de stopper au moins temporairement ce conflit. Le soutien américain au délire nationaliste de Zelensky et au gouvernement pro-nazi de Kiev semble ainsi voué à s’estomper, ou du moins à prendre une forme différente. Les États-Unis, véritables architectes de la politique ukrainienne depuis 2014 – ceux-là mêmes qui ont placé Zelensky au pouvoir en 2019 –, semblent même désormais vouloir se défaire de lui comme on se débarrasse d’un pantin pour en installer un autre, estimant qu’il n’est plus apte à servir leurs intérêts dans le contexte international actuel (1).

Pendant ce temps, Macron essaye médiocrement de s’imposer en chef de file du bellicisme euro-atlantique, en poussant en avant l’accélération de la marche vers le « saut fédéral européen » — c’est-à-dire vers l’intégration européenne complète et totale de toute forme de souveraineté réelle et de prise de décision — via l’organisation d’une « défense européenne », c’est-à-dire concrètement vers la constitution d’une armée européenne et le partage de l’arme nucléaire française au service de l’UE (2), cela au détriment d’une souveraineté et d’une indépendance nationales toujours plus érodées au profit du capital financier européen et américain.

Arguant, de manière belliqueuse et fallacieuse, que la Russie représente « une menace existentielle pour les Européens » (3), il souhaite, aux côtés d‘Olaf Scholz et d’Ursula von der Leyen, accroître le budget militaire et envoyer des troupes en Ukraine — soi-disant pour garantir la sécurité de l’Ukraine et de l’UE dans le cadre des négociations de paix —, mais en réalité pour asseoir une position stratégique en préparation d’une nouvelle marche du camp euro-atlantiste vers l’est en direction de la Russie lorsque les États-Unis, auxquels les États européens sont inféodés, le décideront. Cette augmentation du budget militaire et cette militarisation de l’économie se fera, bien évidemment, au détriment des services publics, de nos salaires et de nos droits sociaux. Ainsi annonce-t-il clairement la couleur : « Ma responsabilité est de dire aux Français : nous allons devoir renforcer notre autonomie et faire des choix de plus en plus clairs pour renforcer notre indépendance technologique, agricole, industrielle et militaire. » Macron a d’ailleurs fixé une hausse des dépenses militaires de 2 à 3,5 % du PIB (4). « De l’argent pour la guerre, pas pour les salaires ! » tel est son mot d’ordre !

Ce bellicisme irresponsable de Macron nous conduit tout droit vers la guerre avec la Russie, celle-ci considérant fort logiquement ces menées bellicistes françaises comme étant, précisément, des menées bellicistes. Sa volonté d’exploiter la force de dissuasion nucléaire française pour en faire une « force de dissuasion européenne » risque logiquement de transformer la France en cible stratégique privilégiée de la Russie en cas d’escalade généralisée.

Cela dit, il serait naïf de croire que Trump serait au fond un agent de la paix face à une UE belliciste. En réalité, l’UE, tout en feignant de tenir tête à Trump, ne fait que suivre l’agenda des États-Unis consistant à déléguer aux États européens l’essentiel de la charge de défendre l’Ukraine afin que les USA puissent concentrer leurs forces contre d’autres adversaires, notamment la Chine. Ainsi, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré : « L’Europe doit faire le gros du travail, mais pour défendre la paix sur notre continent, et pour réussir, cet effort doit être fortement soutenu par les États-Unis » (5). Alors que les USA viennent de suspendre leur aide militaire à l’Ukraine, l’UE compense en dévoilant un plan de 800 milliards d’euros pour la « défense » de l’Europe, dont une partie sera allouée à l’Ukraine et une autre destinée à l’envoi de troupes et d’armements européens sur le sol ukrainien (6).

Trump n’est pas un pacifiste, mais un agent de l’impérialisme-hégémonique américain en déliquescence, incarnant un changement tactique (et non stratégique) qui reconnaît l’impossibilité pour les États-Unis de rivaliser économiquement avec la Chine à long terme et la nécessité de recourir au levier militaire pour préserver leur hégémonie. La « guerre commerciale » (7) qu’il a engagée vise en réalité à intensifier la militarisation des économies américaine et européenne en vue d’un futur conflit armé contre les BRICS (8). D’ailleurs, pendant qu’il discute avec Poutine des perspectives de paix en Ukraine, Trump réaffirme encore et toujours sa volonté de s’emparer du Groenland et du canal du Panama « d’une manière ou d’une autre » (9), ainsi que du Canada.

Il ne faut pas non plus oublier que, derrière l’armement de l’Ukraine, se cachent les profits des industriels. Dans cette optique, le Royaume-Uni a signé un accord avec l’Ukraine prévoyant l’achat de 5 000 missiles de défense fabriqués en Irlande pour un montant de 1,6 milliard de livres sterling. Ce contrat « donnera un coup de pouce majeur à l’économie britannique et soutiendra 700 emplois chez Thales à Belfast, qui fabriquera plus de 5 000 missiles légers multirôles (LMM) pour la défense de l’Ukraine », et « permettra à l’Ukraine de mobiliser 3,5 milliards de livres sterling de financement à l’exportation pour acquérir du matériel militaire auprès d’entreprises britanniques », selon le Premier ministre britannique (10). Quant aux États-Unis, leur intérêt se porte sur les minerais, et face à l’avancée des troupes russes en Ukraine, ils ont tout intérêt à un gel rapide du conflit afin de pouvoir exploiter sur le sol ukrainien ce qui est exploitable sans avoir à se lancer dans une guerre ouverte et directe contre la Russie (11). 

Les capitalistes se fichent bien de l’avenir des peuples et de la jeunesse. Ce qui leur importe, ce sont leurs profits. Il est crucial pour nous, jeunes citoyens et travailleurs, de rester vigilants et de comprendre que les ressources de notre société pourraient être investies dans des domaines qui améliorent directement notre vie et nous ouvrent des perspectives d’avenir. Contre Macron, nous disons que ce qui constitue une menace existentielle pour les jeunes, c’est l’Union européenne, l’OTAN, et le capitalisme. Contre le mot d’ordre de Macron et de l’Union européenne « De l’argent pour la guerre, pas pour les salaires », nous opposons le mot d’ordre « De l’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! ». Organisons-nous pour réaliser concrètement ce mot d’ordre, pour combattre l’UE-OTAN et le capitalisme, et pour transformer la société afin qu’elle réponde à nos aspirations. Rejoignez la JRCF !

William-JRCF

(1) https://www.huffingtonpost.fr/international/article/sommet-de-londres-aide-a-l-ukraine-soutien-des-etats-unis-ce-qui-s-est-dit-entre-pays-allies-reunis_246909.html

(2) https://www.lefigaro.fr/international/ukraine-dissuasion-nucleaire-depenses-militaires-les-pistes-d-emmanuel-macron-pour-pousser-le-reveil-europeen-20250302

(3) Idem

(4) https://www.liberation.fr/international/rearmement-de-leurope-ce-que-lon-sait-de-laugmentation-a-venir-des-depenses-militaires-20250302_H3JOEPP44NATLEXNIQ7MZ7B5BQ/#mailmunch-pop-1146266

(5) https://www.huffingtonpost.fr/international/article/sommet-de-londres-aide-a-l-ukraine-soutien-des-etats-unis-ce-qui-s-est-dit-entre-pays-allies-reunis_246909.html

(6) https://www.publicsenat.fr/actualites/international/defense-europeenne-que-contient-le-plan-annonce-par-ursula-von-der-leyenhttps://jrcf.fr/2025/03/05/800-milliards-deuros-la-commission-europeenne-veut-mettre-larmee-europeenne-sur-les-rails/

(7) Trump a d’ailleurs signé récemment un décret relevant les droits de douane sur les produits chinois à 20 %, et instauré des droits de douane de 25 % sur ceux en provenance du Mexique et du Canada, tout en menaçant de procéder de même contre les produits européens.

(8) https://jrcf.fr/2025/01/28/trump-et-le-protectionnisme-une-fausse-solution-aux-contradictions-du-capitalisme-un-veritable-symptome-de-sa-putrefaction/

(9) https://www.liberation.fr/international/rearmement-de-leurope-ce-que-lon-sait-de-laugmentation-a-venir-des-depenses-militaires-20250302_H3JOEPP44NATLEXNIQ7MZ7B5BQ/#mailmunch-pop-1146266

(10) https://www.liberation.fr/international/rearmement-de-leurope-ce-que-lon-sait-de-laugmentation-a-venir-des-depenses-militaires-20250302_H3JOEPP44NATLEXNIQ7MZ7B5BQ/#mailmunch-pop-1146266

(11) https://www.france24.com/fr/europe/20250226-ukraine-un-accord-sur-les-minerais-entre-kiev-et-washington

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