Macron se rêve en Napoléon de l’Union européenne, ce fait n’est pas nouveau. Ce qui est un peu plus nouveau, en revanche, c’est l’opportunité historique qui s’ouvre à lui depuis la nomination de Merz à la chancellerie allemande. Non pas que cette nomination ait en elle-même provoqué un bouleversement historique ; une telle lecture des événements serait plus proche de celle des médias bourgeois qui voient tout en termes de personnalités individuelles et qui sont incapables de saisir les grandes tendances historiques à l’œuvre. La nomination de Merz à la chancellerie correspond plutôt à l’explicitation d’une tendance de fond qui se manifeste visiblement depuis 2022 et le déclenchement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.
Historiquement, l’Allemagne et la France se sont distinguées dans leur vision de l’Union européenne, conformément à leurs intérêts et à leurs positionnements géopolitiques respectifs. L’Allemagne a misé sur une forte dépendance stratégique aux États-Unis. Il s’agissait pour elle de se mettre sous la protection du parapluie militaire américain afin, d’une part, de se concentrer sur sa production industrielle et, d’autre part, de montrer patte blanche aux pays de l’est de l’Europe, anciennement menacés militairement par l’Allemagne nazie, afin de renforcer ses liens économiques avec eux. La France à l’inverse, sans jamais remettre sérieusement en cause le leadership américain, a été porteuse d’une perspective de relative autonomie stratégique européenne, en portant notamment l’idée d’une défense européenne. La vision allemande est celle qui a jusqu’à présent toujours prévalu.

Depuis le déclenchement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, comme nous l’expliquions dans un précédent article (1), les États-Unis se sont retrouvés sur un double front sino-russe, voire sur un triple front sino-russo-iranien compte tenu des tensions exacerbées au Proche-Orient entre l’Iran et Israël qui ont cours actuellement, qui plus est face à des puissances militaires et nucléaires montantes. Ce contexte implique pour les États-Unis la nécessité de reconsidérer leurs engagements militaires et de repenser la répartition de l’effort militaire avec leurs alliés otaniens et notamment européens. D’où les pressions exercées par Trump sur les pays membres de l’OTAN pour qu’ils passent leur budget militaire à 5% du PIB – exigence validée au dernier sommet de l’OTAN (2) –, pour négocier avec la Russie et l’Iran afin de stopper ou de réduire autant que possible les confrontations militaires, et pour inciter les alliés des États-Unis à prendre progressivement eux-mêmes en charge l’implication militaire occidentale sur les différents fronts, notamment sur le front européen (3) et proche-oriental.
Une aubaine pour le fer de lance belliciste européen, Macron, qui profite de l’occasion pour s’entendre avec le nouveau chancelier allemand Merz sur un « projet de conseil commun de défense et de sécurité » (4) et pour mettre en avant le partage de la « dissuasion » nucléaire française avec l’Europe (5). Ce dernier point revenant concrètement à faire de la France la cible prioritaire des Russes en cas d’enlisement du conflit entre la Russie et l’OTAN sur le sol ukrainien. Ce fanatique porteur du saut fédéral européen et de la “défense européenne” bénéficie ainsi d’une fenêtre historique. Il ne manquera pas de s’y engouffrer si nous ne l’arrêtons pas.
C’est pourquoi les jeunes doivent porter avec nous, JRCF, l’alternative rouge et tricolore afin de rompre avec les projets antinationaux, antipopulaires et guerriers de Macron, de l’UE supranationale et de l’OTAN – qui reste et restera dirigée par les États-Unis, cela quoi qu’en disent les médias bourgeois hors-sol. Cela passe par les quatre sorties : sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et du capitalisme ; et par la reconstruction conjointe d’un véritable syndicalisme de combat et d’un véritable parti communiste à même d’organiser les travailleurs dans leur lutte pour l’émancipation sociale ET nationale.
William-JRCF
(1) https://jrcf.fr/2025/05/29/la-tete-de-pont-de-la-democratie-nous-mene-a-la-guerre/
(2) https://www.vie-publique.fr/en-bref/299238-sommet-otan-2025-les-allies-sengagent-payer-plus-pour-leur-defense
(3) https://jrcf.fr/2025/03/05/800-milliards-deuros-la-commission-europeenne-veut-mettre-larmee-europeenne-sur-les-rails/
(4) https://www.rtl.fr/actu/international/l-allemagne-et-la-france-vont-mettre-en-place-un-conseil-de-defense-et-de-securite-commun-annonce-emmanuel-macron-7900502322
(5) https://www.ladepeche.fr/2025/06/25/partager-la-dissuasion-nucleaire-francaise-macron-remet-le-sujet-sur-la-table-avec-lallemagne-pourquoi-cette-idee-pose-question-12783113.php
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