Plan Bayrou : un méga plan d’austérité commandé par l’Union européenne

par | Août 11, 2025 | Luttes | 0 commentaires

Le « plan de redressement budgétaire » annoncé par Bayrou le 15 juillet dernier n’a rien de surprenant : il s’inscrit dans le droit fil du plan budgétaire proposé par Barnier et validé par l’Union européenne en novembre 2024 (1). Pour rappel, ce méga-plan d’austérité visait à récupérer 60 milliards d’euros, dont 40 milliards par des réductions des dépenses publiques, et les 20 milliards restants par des hausses d’impôts. Le plan Bayrou, bien qu’il ait revu les ambitions du premier plan à la baisse suite à la motion de censure contre le gouvernement Barnier, passant de 60 milliards à 43,8 milliards pour ramener le déficit public à 4,6% du PIB, et qui a lui-même été validé en amont par l’UE (2), n’est au fond que la concrétisation de ce méga-plan d’austérité qui avait été commandé et validé par l’UE.

Que contient ce nouveau méga plan d’austérité ?

  • Une année blanche pour 2026 : en dépit de l’inflation, les dépenses publiques n’augmenteront pas, excepté pour le ministère des Armées dont le budget augmentera. Cela signifie concrètement que les prestations sociales comme les retraites ou les allocations chômage resteront nominalement fixes alors même que les prix augmentent, et que donc leur montant réel diminuera. Par exemple, pour une allocation chômage de 800 euros en 2025, cette allocation restera nominalement à 800 euros en 2026, mais puisque les prix augmentent, il sera possible d’acheter moins de choses avec ces 800 euros, et donc l’allocataire de ces 800 euros deviendra plus pauvre en 2026 qu’en 2025.
  • Les tranches de l’impôt sur le revenu ne changeront pas, ce qui pourra conduire à une augmentation des impôts pour certaines personnes alors même que leur revenu réel sera le même qu’en 2025. En effet, les salaires peuvent être indexés sur l’inflation, c’est-à-dire qu’ils peuvent nominalement augmenter pour suivre l’augmentation des prix ; mais si les tranches de l’impôt sur le revenu restent fixes, alors quelqu’un qui a un salaire situé à la limite supérieure d’une tranche d’imposition en 2025 pourrait payer plus d’impôts en 2026 du seul fait que son salaire nominal ait augmenté pour se calquer sur l’inflation, cela alors même que son salaire réel (= la quantité de biens qu’il peut acheter avec son salaire) resterait le même. Autrement dit, sans gagner plus, certaines personnes payeront plus.
  • 1 fonctionnaire sur 3 partants à la retraite ne sera pas remplacé, conduisant à la suppression de 3000 postes en 2026 dans la fonction publique.
  • Réduction de la hausse des dépenses de la Sécurité sociale de 10 milliards à 5 milliards d’euros. Certains médicaments ne seront plus remboursés à 100%.
  • Suppression de 2 jours fériés : le 8 mai (jour de la victoire contre les nazis), et le lundi de Pâques.

Les jeunes seront parmi les plus touchés par ce plan d’austérité. Qu’ils soient étudiants ou jeunes travailleurs, les jeunes sont souvent précaires. Le gel des dépenses publiques signifiera pour eux moins d’APL, moins de bourses étudiantes, moins de primes d’activité, moins d’allocations chômage, moins de RSA, plus de difficultés pour se nourrir, pour se loger, pour se chauffer, pour se soigner.

Mais pourquoi au juste un tel plan d’austérité ? L’été dernier, l’UE avait placé la France en « procédure pour déficit excessif ». Les « critères de convergence » de l’euro contraignent les États membres à avoir un déficit public qui ne dépasse pas 3% de leur PIB et une dette publique inférieure à 60% du PIB. Or, fin septembre 2024, la dette publique de la France atteignait 3 303 milliards d’euros, soit 113,7% du PIB, et le déficit public 5,8% du PIB. L’UE exige par conséquent du gouvernement français qu’il fasse le nécessaire pour réduire la dette et le déficit publics afin de respecter les critères de convergence.

Dans le même temps, Macron a annoncé vouloir augmenter le budget militaire de 6,5 milliards d’euros en 2 ans (3,5 en 2026 et 3 milliards en 2027). Sachant que le budget de la défense est passé de 32,2 milliards d’euros en 2017 à 50,5 milliards d’euros en 2025, que donc le budget a quasiment doublé depuis l’investiture de Macron, il est aisé de voir quelles sont les priorités du gouvernement : nous conduire à la guerre, quitte à rogner sur nos revenus directs ou indirects et à attaquer nos services publics. Et pourtant de l’argent il y en a, non seulement pour l’armée, mais aussi pour le grand patronat, puisque cet ensemble d’assistés a bénéficié en 2023 de pas moins de 211 milliards d’aides de la part de l’État.

Il faut par ailleurs rappeler un élément essentiel : la dette publique actuelle est essentiellement constituée des intérêts de la dette (3). Avant 1973, la Banque de France pouvait prêter à l’État à des taux d’intérêt nuls ou quasi nuls. La loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973, qui servait à préparer la création d’une monnaie européenne, a mis fin à cela en interdisant à la Banque de France d’accorder des avances directes au Trésor public sans intérêts. Et cela a empiré avec la signature du traité de Maastricht en 1992, puisque celui-ci interdit purement et simplement aux banques centrales des États membres, mais aussi à la Banque centrale européenne, de prêter à l’État. Cela signifie que l’État est obligé d’emprunter à des banques privées, à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés.

Ce plan austéritaire n’a donc rien de nécessaire. C’est un plan imposé par l’Union européenne du grand capital, que les Français n’ont jamais voulu, comme en témoigne le non au référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Avec l’Union européenne, nous avons perdu le contrôle de notre monnaie, de notre économie et de notre souveraineté. Pour que la France retrouve une souveraineté nationale et populaire qui puisse bénéficier à tous, et notamment à la jeunesse, il faut sortir de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN qui nous mènent à la guerre, cela dans une trajectoire de sortie du capitalisme et de construction du socialisme. Mais pour cela, il faut se battre. C’est pourquoi le PRCF et la JRCF appellent à une grande manifestation nationale unitaire et plurielle à la rentrée (4) avec les mots d’ordre :

L’ARGENT POUR LES SALAIRES, PAS POUR LA GUERRE, NI POUR LES ACTIONNAIRES !L’ARGENT POUR L’ÉCOLE, l’EMPLOI et l’HÔPITAL, PAS POUR LA GUERRE MONDIALE !

William-JRCF

(1) https://www.leparisien.fr/economie/budget-2025-la-commission-europeenne-valide-le-projet-du-gouvernement-francais-26-11-2024-

(2) W5VZHO65MFDNHDULPJXC5WEEFE.phphttps://www.lexpress.fr/economie/budget-2025-lue-valide-le-plan-du-gouvernement-bayrou-3OYER5TUJ5E53CE547NCS5SKAY/

(3) https://www.initiative-communiste.fr/articles/la-dette-publique-nest-pas-la-dette-des-travailleurs-et-des-services-publics-mais-celles-des-speculateurs-multinationales-banquiers-partie-2/

(4) https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/appel-du-18-juillet-pour-une-manifestation-nationale-unitaire-et-plurielle-largent-pour-les-salaires-pas-pour-la-guerre-ni-pour-les-actionnaires-largent-pour-lecole-lemploi-lhopital/

Vous Souhaitez adhérer?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Ces articles vous intéresseront