La Fête de l’Humanité va-t-elle disparaître ?

par | Sep 12, 2025 | Contre-culture | 0 commentaires

« Mi-juin, nous avions alerté sur nos difficultés de trésorerie pour avancer sur l’organisation de la Fête de l’Humanité. Vos dons se multiplient et nous permettent d’envisager les semaines à venir plus sereinement. Pour autant, les coûts liés à la Fête restent très élevés et pèsent sur tous les évènements similaires. » (1) Cet extrait est issu du site du journal L’Humanité et il incite à l’abonnement. Une campagne qui a permis de récolter en juillet 290 000 euros (2). Comme on peut le lire dans l’extrait, il est question du coût élevé de l’événement phare du journal, à savoir la Fête de l’Humanité, cette année du 12 au 14 septembre. Quiconque aura déjà été à la Fête de l’Humanité se rendra compte de l’augmentation des billets chaque année, y compris les bons de soutien habituellement moins chers. Malgré ses prix relativement moins onéreux, il est intéressant de noter la similitude entre ce qui arrive à la Fête de l’Humanité et la situation de nombreux festivals de musique en France. 

En 2024 et 2025, beaucoup de festivals musicaux français (plus de 2500 en France), même avec d’excellents résultats en termes de fréquentation, sont en déficit en 2024 et 2025, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, on notera la hausse générale des dépenses, notamment des achats des artistes (+9% en 2024) (3). A ce titre, on se rappellera du chiffre astronomique payé par la Fête de l’Humanité en 2016 pour la venue du chanteur Michel Polnareff, à savoir entre 200 000 et 300 000 euros (4). On trouve aussi une hausse des dépenses techniques (+6%) et dans une moindre mesure de la com. L’augmentation de la capacité d’accueil du public pour les gros festivals semble aussi être un coût, car les entrées restent stables d’une année à l’autre. 

La sécurité a aussi beaucoup alourdi les finances des festivals à cause des différentes nouvelles législations, comme le recense ce site militant (5) :

« 4. DE NOUVELLES OBLIGATIONS LÉGALES ET RÉGLEMENTAIRES TRÈS DIFFICILES À ASSUMER

  • Un contexte sécuritaire important depuis les attentats de 2015,
  • Aggravé en 2018 par la “circulaire Collomb” visant à facturer les organisateurs d’événements culturels (essentiellement musiques actuelles) des frais de police et de gendarmerie, jusqu’ici assurés par l’État, et qui font pourtant l’objet d’une mission régalienne,
  • Engendrant des surcoûts très importants > 19 % d’augmentation des coûts de sécurité privée entre 2015 et 2018 pour les adhérents SMA, sans compter donc les facturations liées à la “circulaire Collomb” qui vont surtout affecter les festivals en 2019
  • Une nouvelle législation sur les risques sonores inapplicable, dangereuse pour certaines esthétiques musicales et techniquement irréaliste, particulièrement pour les évènements en plein air. »

De l’autre côté, côté ressource, on assiste à une baisse des subventions de l’État et des collectivités territoriales. L’État se désengage de la culture, ce qui n’est pas étonnant étant donné qu’il ne veut plus financer l’éducation et la santé. Les collectivités, elles-mêmes impactées par le désengagement de l’État à leur égard, rationalisent leurs dépenses et tendent à moins financer les événements culturels (6). Ce qui entraîne, en tout cas chez les plus gros festivals, une orientation vers des donateurs privés pour des financements. 

En parallèle, on assiste à une concentration économique de certains grands acteurs économiques qui rachètent les festivals.  C’est le cas de Pigasse et AFG Présents qui viennent de racheter We Love Green, le festival français électro-pop (93 000 visiteurs en 2023). Les grands groupes du secteur ont des avantages certains : ils détiennent un catalogue d’artistes à disposition. D’autre part, en rachetant les festivals, le but est de mettre la main sur la billetterie, la principale manne de revenus de ces événements (44% du total du produit contre 15% pour le bar et la restauration). Bien sûr, nous pouvons nous chagriner car cela crée une menace contre la pérennité de certains festivals et une sorte d’uniformisation musicale au profit du tout rapportable, peut-être visible à travers l’invitation de Muse au Hellfest 2025 (7). 

Certes, la Fête de l’Humanité n’est pas seulement réputée pour sa musique et n’est pas menacée d’être rachetée par un grand groupe. Cependant, elle fait face au même problème, ce qui rend compliqué à la fois la possibilité d’un univers musical divers et accessible économiquement, mais aussi la pérennité d’une fête politique alternative très imparfaite, du fait de la dégénérescence du PCF, au monde capitaliste actuel. Bref, pour sauver la musique, il faut sortir du système capitaliste, dont l’UE-OTAN, et dire au revoir à Macron et ses sbires.

Ambroise-JRCF 

(1) https://abonnement.humanite.fr/don-humanite/

(2) https://www.humanite.fr/medias/fete-de-lhumanite-2025/urgence-pour-lhumanite-deja-290-000-euros-recoltes-la-mobilisation-samplifie

(3) https://cnm.fr/situation-economique-des-festivals-de-musique/

(4) https://www.lepoint.fr/video/polnareff-la-facture-salee-de-son-concert-a-la-fete-de-l-huma-09-09-2016-2067304_738.php#11

(5) https://www.vousnetespaslaparhasard.com/le-contexte/

(6) Ibid.

(7) https://youtu.be/M94Y-RLWAVU?si=jgljK6Jo_RCy_5d1

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