La croissance économique de Cuba et son avenir

par | Mar 17, 2019 | International | 0 commentaires

Si Cuba a d’énormes réussites à travers le monde au sujet de sa politique éducative, de santé, d’envoi de médecins dans le monde, de lutte contre l’analphabétisme et la malnutrition, ou encore sur l’agriculture biologique, personne ne peut détourner le regard devant les difficultés économiques du pays qui constituent un enjeu important de la politique cubaine qu’il faut bien comprendre.

Afin d’en avoir un aperçu, nous allons étudier la croissance économique de l’île depuis 2016. Les chiffres nous ont été fournis par l’Association Nationale des Economistes et Comptables de Cuba (ANEC) lors d’un entretien.

Au préalable, il nous faut rappeler que le blocus de Cuba fait perdre, en une journée, 12 millions de dollars à Cuba et qu’en 2008 l’île a également subi le choc de la crise économique.

En 2016, le plan de croissance prévu était de 2% du PIB, mais il ne fut finalement que de 0,5%. Outre les problèmes cités plus haut, 2016 c’est aussi l’année de l’ouragan Matthew et de conditions météorologiques favorables pas toujours au rendez-vous. Il y a eu des problèmes avec les combustibles étrangers mais aussi avec le secteur agricole qui régressa de 0,5%. Le secteur du sucre, qui est un secteur privilégié, n’a pas amené de résultats réels.

Toutefois, l’un des éléments positifs de l’année c’est le tourisme qui lui a rapporté de l’argent à Cuba en ayant fait plus de bénéfice qu’espéré (3800 pour 4000 en réalité).

En 2017, le plan était de faire 2% de croissance. Là encore, même si la différence avec le plan est moins importante qu’en 2016, le taux de croissance n’a été « que » de 1,6 %. Cela s’explique par plusieurs raisons ; d’abord les bénéfices attendus par le plan en matière d’exportation des biens et des services n’ont pas été réalisés. Notamment sur l’exportation de médecins. Il ne faut pas sous-estimer dans ce cas la puissance néfaste du blocus en termes de restriction des échanges à l’international quand il s’agit d’utiliser le dollar. Le besoin de passer d’une monnaie à une autre est une opération qui restreint les échanges économiques.

Le prix du nickel a été réduit sur le marché mondial, passant de 21,6% sur la matière en 2016 et à 7,3% au premier semestre 2017. La production du sucre n’a pas permis non plus d’accomplir les objectifs fixés par le plan. Ce n’est d’ailleurs pas faute  de la productivité, en hausse de 20%, mais d’une baisse du prix international du sucre.

En plus de cela l’importation de pétrole est venue s’ajouter aux poids supportés par l’économie cubaine.

Le bilan de 2017 n’a donc pas été très bon comme le montre le tableau ci-dessous.

On remarquera cependant que le tourisme est toujours un peu plus productif.

Durant l’année 2018, le plan n’est malheureusement toujours pas tenu, celui-ci étant de 2% mais les résultats de 1,2%. C’est en-dessous de la croissance globale de l’Amérique latine qui est de 1,3 %. Plus inquiétant encore, le tourisme commence à faire nettement moins que prévu, en cause le développement du tourisme de croisière car celui-ci amène les touristes à passer beaucoup moins de temps sur place où ils pourraient consommer.

Cela n’a pas forcément toujours été ainsi. Entre 2014 et 2015, la croissance repart à la hausse (4,3%) grâce au réchauffement des relations avec les Etats-Unis, permettant un assouplissement du blocus, repris de plus belle dans sa version dure avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. On mesure donc avec ce simple exemple l’impact de l’embargo sur l’économie de Cuba que plusieurs anticommunistes font mines d’oublier dès qu’il s’agit de condamner Cuba socialiste. Ceux qui minent l’économie du pays, ce sont les Etats-Unis !

Taux de croissance du PIB 2008-2019 (prix de référence 1997)

Les attentes pour 2019.

L’année 2019 est une année très importante pour le gouvernement cubain qui va essayer d’arrêter l’endettement et de passer d’une croissance de 1,2 % à 1,5%. Prenant en compte les besoins du pays, ils vont chercher davantage à promouvoir le tourisme de luxe (construction de golfs et d’hôtels en conséquence), afin de récupérer des avoirs et pouvoir mieux les distribuer à la population. Là, encore une fois, il faut insister sur la volonté qu’ont les cubains de ne pas laisser les services publics comme la santé ou l’éducation entre les mains du secteur privé, et quand il s’agit de promouvoir ce genre de tourisme, c’est pour financer ces dits services grâce aux bénéfices du tourisme.

Si la production du sucre a subi des pertes, Cuba dispose toujours de stocks de canne à sucre et compte largement sur cela pour augmenter sa production en 2019.

D’autre part, des problèmes comme les salaires du public en retard sur ceux du privé*, la mauvaise utilisation des travailleurs intellectuels et l’amélioration des indemnités de retraite doivent être réglés. Il ne faut pas aussi sous-estimer l’enjeu de la résolution des deux monnaies, car elles permettent un enrichissement plus facile des personnes travaillant dans le secteur privé. Si les cubains veulent régler le problème des différences de salaire entre privé et public, il faudra forcément unifier la monnaie.

Malgré tout, si les projets de Cuba peuvent sembler à certains être un recul, il s’agit juste d’un moyen de contourner les obstacles dans la construction du socialisme, construction qui est bel et bien encore à l’ordre du jour, n’en déplaise à ces mêmes personnes.

*Les travailleurs du privé représentent 29% de la population active et le secteur privé 12 à 15% du PIB national.

Vous Souhaitez adhérer?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ces articles vous intéresseront

Dormir à la rue tue

Dormir à la rue tue

Chaque année on se demande s’il n’y a pas encore plus de personnes sans abri que l’année...

MACRON DEGAGE !

MACRON DEGAGE !

Pour l’alliance de la jeunesse populaire et de la classe ouvrière. [REUTERS/Sarah Meyssonnier]...