Jeanne est à nous, rien n’est à eux !

par | Mai 1, 2024 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

Au moment où la nièce Le Pen tente à nouveau de relancer la récupération de Jeanne d’Arc au profit de l’extrême-droite, nous repartageons cet article de notre camarade Gilliatt, datant de 2021, avec l’approbation de ce dernier. 

Nous imaginons bien que cet hommage à Jeanne d’Arc va choquer sur notre « gauche ». Écoutons Georgi Dimitrov, militant communiste et antifasciste bulgare, qui humilia les nazis à son procès pour l’incendie du Reichstag, lors de son rapport au VII Congrès de l’Internationale communiste (2 août 1935) :

« Les fascistes français mettent en avant Jeanne d’Arc comme leur héroïne.

Les fascistes américains en appellent aux traditions des guerres américaines de l’indépendance, aux traditions de Washington, de Lincoln. Les fascistes bulgares utilisent le mouvement d’émancipation nationale de 1870-1880 et ses héros populaires favoris Vassil Levski, Stéfan Karadja, etc.

Les communistes, qui estiment que tout cela n’intéresse pas la cause de la classe ouvrière, qui ne font rien pour éclairer de façon juste, au point de vue historique, dans le véritable sens marxiste, léniniste-marxiste, léniniste-staliniste, les masses travailleuses sur le passé de leur propre peuple, pour rattacher sa lutte actuelle à ses traditions et à son passé révolutionnaire, ces communistes abandonnent volontairement aux falsificateurs fascistes tout ce qu’il y a de précieux dans le passé historique de la nation, pour berner les masses populaires.

Non ! Nous sommes intéressés dans chaque question importante, non seulement du présent et de l’avenir, mais aussi du passé de notre propre peuple. Car nous, communistes, n’appliquons pas une politique étroite faite des intérêts corporatifs des ouvriers.

Nous ne sommes pas les hommes bornés des trade-unions ou les dirigeants de guildes médiévales d’artisans et de compagnons.

Nous sommes les représentants des intérêts de classe de la classe la plus importante, la plus grande de la société moderne, de la classe ouvrière appelée à affranchir l’humanité des tortures du régime capitaliste, de la classe qui, sur un sixième du globe, a déjà renversé le joug du capitalisme, et est la classe régnante. Nous défendons les intérêts vitaux de toutes les couches travailleuses exploitées, c’est-à-dire de la majorité écrasante du peuple dans n’importe quel pays capitaliste.

Nous, communistes, nous sommes les irréconciliables adversaires de principe du nationalisme bourgeois sous toutes ses formes.

Mais nous ne sommes pas les partisans du nihilisme national, et ne devons jamais nous affirmer comme tels. »

L’administrateur du site JRCF

Forte de se prétendre adepte et défenseure de l’histoire de France, l’extrême-droite et la famille historique réactionnaire en général, qui n’ont eu de cesse de trahir la nation quel que soit son stade de développement, des féodaux privilégiés aux versaillais anti-communards, des émigrés de Coblenz à Pétain, continuent par abandon de la gauche à s’arroger le droit de s’approprier Jeanne « d’Arc ».
 
 Née il y a tout juste 610 ans, cette jeune fille de laboureur – destinée à n’être rien tout autant qu’à n’avoir rien droit de dire dans ce XVème siècle que ravage la Guerre de cent ans, aura réussi l’exploit, par sa volonté, à user des dogmes et croyances religieuses les plus profondes pour acquérir le droit à la parole, à rencontrer le dauphin, à se faire prêter une armée et à mener la libération d’Orléans ainsi qu’un certain nombre d’autres batailles.
 
 Évidemment loin d’être seule dans son entreprise, c’est pourtant de cette manière qu’elle put assouvir son souhait de combattre ces « mauvais chrétiens », les anglais, qui envahissent des terres qui ne sont pas les leurs. Des terres qui alors ne sont pas considérées comme « la France », hormis l’Ile-de-France que constituent les terres du roi Charles VII qui se sera couronné sur les victoires de Jeanne avant de la stopper dans sa geste, certe messianique mais tout autant « patriotique et populaire », jusqu’à la trahir en l’abandonnant, de fait, au Duc de Bourgogne puis aux mains des anglais et au courroux de l’évêque Pierre Cauchon.
 
 Comme chacun le sait Jeanne finira brûlée vive par une Église alors toute puissante qui, tout en tirant son épingle du jeu selon les conflits, ne pouvait voir que d’un très mauvais œil ces femmes de rien (il y eu plusieurs « Jeanne » au moyen-âge !) qui tentaient de s’élever. Car, très précocement, elles qui se battaient et usaient de ruse pour qu’on les considère, en s’appuyant sur les dogmes de cette Église, sur ses traditions et écrits, avaient avant tout pour saine ambition de pouvoir intervenir dans les « affaires du pays », ce que les représentant ecclésiastiques de par le monde, hormis quelques honorables exceptions (notamment les prêtres républicains et ouvriers des XVIIIème, XIXème et XXème siècle), ont toujours empêché et combattu.
 
 A partir de ce constat, comment peut-on encore abandonner Jeanne à l’extrême-droite, cette dernière n’ayant eu historiquement de cesse de trahir la patrie, de servir d’aile violente, contre-révolutionnaire et rétrograde aux capitalistes sur-puissants, aux barons et féodaux locaux imperméables à toute centralisation nationale-populaire et aux chefaillons pourfendeurs de grévistes ?

Jeanne est à nous, rien n’est à eux !

Sans idolâtrer Jeanne ni qui que ce soit, les symboles et notre histoire nationale et populaire sont d’une importance cruciale dans notre combat. Le peuple-travailleur de Paris ne s’y trompait pas le 1er mai 1951 quand il défilait avec, entre autres, des effigies de Jeanne d’Arc et de Danielle Casanova tenues par les militantes de l’Union des Jeunes Filles de France, organisation liée aux jeunesses communistes.

Car entre le peuple travailleur et ses exploiteurs d’hier et d’aujourd’hui il y a une barricade que Jeanne, peut-être consciemment à la fin de sa courte vie, finit par entrevoir et pour laquelle elle sut rester, peut-être simplement par la force des contradictions, du bon côté.
 
 A l’aune de nos combats actuels, apprenons à faire résonner la mémoire nationale et populaire de Jeanne et de bien d’autres figures et évènements de l’histoire de France. Ne les abandonnons plus, car ils sont à nous, à la nation et à ceux et celles qui la font vivre jour après jour et nuit après nuit.

Il y a 10 ans sur IC :
 6 janvier 2012 : 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc.
 
https://www.initiative-communiste.fr/archive/6-janvier-2012-600eme-anniversaire-de-la-naissance-de-jeanne-darc/

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