OCTOBRE ROUGE

par | Nov 8, 2015 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

La Révolution d’Octobre 1917 fut un événement dont la portée historique est immense.

Sa portée fut aussi universelle.

Le mouvement socialiste international connu un renouveau extraordinaire avec la naissance de la IIIe Internationale communiste. Les vieux partis dégénérés de l’Internationale Socialiste, qui avaient trahi la classe ouvrière en sombrant dans « l’union sacrée » de la guerre impérialiste en 1914, explosaient sous l’effet de la Révolution bolchevique. Et les nouveaux partis communistes s’édifiaient progressivement dans le monde entier. Pour la première fois de l’histoire humaine était instauré le pouvoir des ouvriers et des paysans de façon durable à la tête d’un immense pays.

Immédiatement l’impérialisme tente d’étrangler la Révolution par la guerre, le blocus…détruire le bolchevisme devient l’obsession des bourgeoisies de tous les pays.

Churchill déclare : « Le bolchevisme n’est pas une politique mais une maladie. Pas une foi, une épidémie. De toutes les tyrannies de l’histoire, elle est la pire, la plus destructrice, la plus dégradante…/… Ils anéantissent toute forme de civilisation, comme de féroces Babouins sur les ruines de leurs villes et les cadavres de leurs victimes.Ce sont des ennemis de l’humanité, il faut à tout prix les écrase ». Le ton est donné. Il ne cessera jamais. « La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande », déclare le nazi Goebbels en 1937.

Aujourd’hui encore, quasiment chaque jour, l’anticommunisme déverse son flot de mensonges et de calomnies contre le communisme, censé être mort…Criminaliser le communisme aux yeux des jeunes générations est un objectif permanent de la bourgeoisie. A titre prophylactique. Acheter pour cela des experts, des économistes, des historiens, des philosophes, des journalistes qui deviennent des flics de la pensée, rien de plus simple. C’est ainsi que l’on promeut le « Livre noir du communisme » ou « Le passé d’une illusion », des articles et des émissions radio ou télé innombrables. Sans jamais donner la parole, évidemment, aux communistes, du moins à ceux qui n’ont pas renié leur histoire.

Octobre rouge reste le cauchemar de la bourgeoisie, mais il reste aussi « la grande lueur à l’Est » pour les travailleurs.

Exemplaire. La Révolution de 1917 n’a-t-elle pas montré la méthode qui permet d’unir les immenses masses du peuple en vue d’aller vers le socialisme ? Et c’est sans doute là que se trouve l’actualité la plus forte d’Octobre.

Lénine a le génie de lancer comme mot d’ordre « Tout le pouvoir aux Soviets! ».

Certains de ses camarades ne comprennent pas l’opportunité du message, les Bolcheviks étant minoritaires dans les Soviets.

Pourtant c’est ce mot d’ordre qui permettra à la révolution socialiste de vaincre avec l’appui des masses qui constatent dans l’action qui sont ses meilleurs défenseurs. Ce sont les Soviets qui donneront la légitimé démocratique au parti Bolchevik contre l’assemblée constituante. Lénine explique aux dogmatiques : « Si la révolution a triomphé si vite et – en apparence, pour qui se contente d’un coup d’œil superficiel – d’une manière si radicale, c’est uniquement parce que, en raison d’une situation historique d’une extrême originalité, des courants absolument différents, des intérêts de classe absolument hétérogènes, des tendances politiques et sociales absolument opposées se sont fondus avec une « cohésion » remarquable. »

Deuxième trait de génie de Lénine, sa politique de large union entre la classe ouvrière et la paysannerie qui représentait 90 % des Russes. Et sur quel mot d’ordre Lénine réalise-t-il cette union ? Sur un mot d’ordre non socialiste : « La terre aux paysans ». Les puristes du parti s’étranglent. La faucille et le marteau qui deviendront la symbole du communisme, ne représentent-ils pas cette politique de front et de large alliance qui seule permet de créer un rapport de forces favorable à la classe ouvrière et à la révolution ? C’est bien une vision stratégique qui inspire Lénine et non une attitude tactique.

Troisième trait de génie de Lénine, la bataille pour la paix. Les masses sont accablées par la boucherie qui dure depuis 1914 et Lénine est le seul dirigeant politique à proposer et à réaliser la paix. Cette paix est durement acquise, au prix d’un compromis déchirant à Brest-Litovsk. Lénine explique ainsi Brest-Litosvk : « Imaginez-vous que votre automobile soit arrêtée par des bandits armés. Vous leur donnez votre argent, votre passeport, votre revolver, votre auto. Vous vous débarrassez ainsi de l’agréable voisinage des bandits. C’est là un compromis, à n’en pas douter. « Do ut des » (je te « donne » mon argent, mes armes, mon auto, « pour que tu me donnes » la possibilité de me retirer sain et sauf). Mais on trouverait difficilement un homme, à moins qu’il n’ait perdu la raison, pour déclarer pareil compromis « inadmissible en principe », ou pour dénoncer celui qui l’a conclu comme complice des bandits (encore que les bandits, une fois maîtres de l’auto, aient pu s’en servir, ainsi que des armes, pour de nouveaux brigandages). Notre compromis avec les bandits de l’impérialisme allemand a été analogue à celui-là ». Là encore certains de ses camarades, comme Trotsky, ne comprennent pas. Pourtant c’est cette paix qui permettra de gagner l’adhésion des masses et ensuite de vaincre les interventions impérialistes et le vaincre lors de la guerre civile.

Quatrième trait de génie de Lénine, la NEP. Face à l’analyse concrète de la situation concrète, le stratège de la révolution comprend et assume un recul pour sauver l’essentiel. Là encore le dogme n’a pas sa place : » »Les faits sont là. La Russie est menacée de famine. Tout le système du communisme de guerre est entré en collision avec les intérêts de la paysannerie (…). Nous nous sommes trop avancés dans la nationalisation du commerce et de l’industrie, dans le blocage des échanges locaux. Est-il possible de rétablir dans une certaine mesure la liberté du commerce ? Oui, c’est possible. C’est une question de mesure. Nous pouvons revenir quelque peu sur nos pas sans détruire pour cela la dictature du prolétariat ».

Le léninisme c’est cette capacité à évaluer avec lucidité la réalité et ses potentialités révolutionnaires sans opportunisme ni sectarisme. Méditons cette remarquable réflexion de Lénine à propos de l’insurrection irlandaise de 1916 :

Croire que la révolution sociale soit concevable sans insurrections des petites nations dans les colonies et en Europe, sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira « Nous sommes pour le socialisme », et qu’une autre, en un autre lieu, dira « Nous sommes pour l’impérialisme », et que ce sera alors la révolution sociale ! C’est seulement en procédant de ce point de vue pédantesque et ridicule qu’on pouvait qualifier injurieusement de « putsch » l’insurrection irlandaise.

Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

La révolution russe de 1905 a été une révolution démocratique bourgeoise. Elle a consisté en une série de batailles livrées par toutes les classes, groupes et éléments mécontents de la population. Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc. Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c’est pourquoi les ouvriers conscients étaient à sa tête.

La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement – sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible – et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne « s’épurera » pas d’emblée, tant s’en faut, des scories petites-bourgeoises.

C’est la grande leçon d’Octobre 17. Et c’est en cela que le léninisme est d’une brûlante actualité et qu’il constitue pour l’élaboration de la tactique et de la stratégie du parti communiste un horizon indépassable. Le léninisme brise les dogmes des gauchistes et les trahisons des opportunistes. Le léninisme c’est évidement aussi le parti. Et nous constatons chaque jour combien ceux qui rompent avec le léninisme aboutissent à la liquidation du parti et donc à l’impuissance de la classe. Sans son parti la classe ouvrière est désarmée. C’est pourquoi la renaissance du parti communiste est pour nous un objectif central.

Octobre 17 n’est pas seulement l’affaire des communistes. En effet les conséquences de la catastrophe que fut la défaite de l’Union Soviétique en 1990 sont immenses.

Pour les peuples de l’URSS d’abord qui connaissent le chômage, la misère, le recul de l’espérance de vie, la démolition des conquêtes sociales du socialisme soviétique et l’explosion des inégalités avec les oligarques milliardaires et plus ou moins mafieux.

Pour le mouvement ouvrier international car l’URSS et le bloc socialiste était un contre-poids à l’agressivité et à la barbarie capitaliste. Octobre avait créé le rapport de forces qui a permis les avancées sociales chez nous et l’effondrement de l’URSS a permis l’offensive, le tsunami contre-révolutionnaire que les peuple d’Europe et du monde subissent depuis vingt cinq ans.

Pour la paix mondiale car depuis la chute de l’Union Soviétique, l’impérialisme allume des foyers de guerre aux quatre coins du globe.

Pour les patriotes qui voient l’indépendance de leurs pays bafouée, foulée au pied par la mondialisation capitaliste sans possibilité de trouver dans le grand-arrière soviétique une assise pour se défendre.

De plus sur le plan idéologique la fin de l’URSS a permis que s’ouvrent de nouveau les vannes d’un anti-communisme bestial, goebbelsien qui tente de criminaliser le communisme et par voie de conséquence de réhabiliter le fascisme. Un vaste front anti-communiste se déploie chez certains intellectuels qui sous des formes sophistiquées ( Furet, Winock, Onfray….) ou brutales ( Courtois, Wolton, Clarke et Costelle…) tentent d’assimiler la volonté de bâtir un monde plus juste à la volonté d’instaurer un système terroriste et meurtrier. Bien entendu cette vaste campagne internationale, dotée de moyens considérables, produit ses effets sur les consciences et elle possède une dynamique contre-révolutionnaire telle que ce n’est pas que Octobre 1917 qui est mis en cause mais aussi la Révolution française de 1789, et même au-delà, les Lumières.

Plus que jamais barbarie ou socialisme reste le choix fondamental qui se pose à l’humanité et à chaque femme et homme de bonne volonté.

Cependant la force propulsive d’Octobre 17 n’est pas épuisée. Il n’y a que voir et entendre ses ennemis de classe pour se rendre compte que s’ils ont gagné une bataille historique en 1990, ils n’ont pas gagné la guerre. La force propulsive d’Octobre ce sont les contradictions de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme. Contradictions insolubles sans révolution socialiste. Et qui pourrait dire à la vue de notre monde que le capitalisme peut régler les problèmes de l’humanité ?

L’actualité d’Octobre est une réalité et une nécessité historique : celle du socialisme et du communisme. Certes rien d’inéluctable, mais la perspective communiste est la seule qui offre une alternative au chaos et à la mort, à l’apocalypse capitaliste.

Notre choix est fait, celui de la vie, celui du communisme. C’est celui d’Octobre.

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