Le 8 juin 2017, au tribunal correctionnel de Paris, s’est ouvert le troisième procès du camarade Gildo, accusé d’avoir résisté à son interpellation lors d’une fin de manifestation contre la loi travail. Une délégation des JRCF s’est rendue à son procès en guise de soutien dans cette épreuve. Les échanges ont pu se faire convenablement, d’autant plus que certains des soutiens du « prévenu » approuvaient les prises de positions du PRCF.
Avant de se présenter au procès, Gildo a tenu à rappeler que dans la soirée du 7, la militante contre les violences policières Amal Bentounsi, à l’origine d’un grand travail de recensement des crimes policiers, c’est retrouvé en garde à vue pour avoir filmé une interpellation par un policier, cela dans la plus grande illégalité, car seuls les membres de la DGSE ne peuvent être filmé*. On note aussi la présence de Loïc Canitrot, militant lui aussi en procès depuis l’occupation du siège du MEDEF**, ainsi que d’Éric Coquerel du Parti de Gauche.
Aux alentours de 9h 30 le procès commence. Autant le dire tout de suite, certaines choses sont effarantes dans un pays dit démocratique !
Comme annoncé plus haut, c’est le troisième procès pour la même affaire après un premier du 22 septembre 2016 (où il y avait 7 accusés, 6 relaxe et 1 seul poursuivi : Gildo) et un autre du 19 janvier 2017 qui fut à son tour renvoyé car le camarade a porté plainte à l’IGPN pour les violences exercées à son encontre par des policiers (sa plainte a été classée sans suite avant le début du procès) et parce que certaines preuves de la défense, deux vidéos, n’ont pas été visionnées.
Les faits sont les suivants : Le 5 juillet 2016, une manifestation a lieu et finit à la Bastille. Ce même jour, le premier ministre viole la volonté du peuple et du Parlement en passant à coup de 49.3 la loi El Khomri. Le « prévenu », qui a le défaut d’être membre de la CGT 93, représentant des salariés au CHSCT et du service d’ordre de la CGT, se rendait accompagné d’amis et de sa femme devant l’Assemblée nationale à l’appel de son syndicat. Fait important : il portait encore son matériel de protection sous ses vêtements. Arrivé au pont de la Concorde, il voit un CRS bousculer un manifestant, le CRS faisant tomber son calot par terre. Il décide de le ramasser pour le lui rendre mais avant d’avoir pu faire quoi que ce soit, le CRS se retourne et lui fonce dessus (sans sommations comme les vidéos le prouveront par la suite). Esquissant un geste de recul, il tombe sur le sol et quelqu’un qu’il n’identifie pas lui donne des coups de matraque dans le dos. Malgré les cris de sa femme qui leur demande d’arrêter, les policiers le maintiennent au sol en lui faisant un plaquage ventral. Le camarade manquant alors d’oxygène tente alors d’utiliser ses mains pour se relever et prendre un peu d’air tandis que les policiers le maintiennent au sol : voilà pour l’accusation de rébellion ! On peut comprendre son geste vu la dangerosité du fameux plaquage ventral***. De plus, il affirme s’être plaint pendant qu’il le tenait au sol. Remis sur pied il se laissera menotter et emmener.
On notera que l’accusation change constamment (c’est le ministère public qui poursuit). Dans les premier PV, le camarade est censé avoir insulté les policiers, puis finalement ils n’ont retenu que le fait d’avoir résisté à son interpellation.
Au niveau du procès, il n’y avait qu’un seul des policiers lors du procès (mais pas un CRS) qui ait participé à l’interpellation. Il a d’ailleurs refusé de se constituer partie civile car son but « n’est pas l’argent ». Il a d’ailleurs bien rappelé qu’il n’y avait eu aucun geste de violence de la part du « prévenu ».
On fait venir deux témoins de la défense, puis l’avocat de la défense passe les deux vidéos sur son ordinateur. Le juge a pu remarquer que le « prévenu » disait la vérité quand il affirmait qu’il s’était laissé menotter après avoir été remis debout. De plus, le juge, par les questions qu’il posait au policier semblait dubitatif sur la proportionnalité entre les faits (le CRS ayant cru qu’il lui volait son calot) et les méthodes d’arrestation. Le juge a d’ailleurs remarqué l’absence de sommation. Devant les preuves, la procureur, qui est à l’origine de la poursuite, a abandonné la peine de prison avec sursis… pour lui préférer une peine d’amende de 1200 euros avec sursis, afin, dit-elle, d’éviter son inscription au casier judiciaire. Quelle bonté d’âme !
Nous devons rappeler les conséquences sur notre camarade de la disproportion de son arrestation : un arrêt de travail de trois semaines, une opération chirurgicale, le fait de ne plus pouvoir courir ni faire du sport, et de souffrir simplement en marchant !
L’affaire est mise en délibéré jusqu’au 6 juillet, même tribunal. Le PRCF sera présent, venons en nombre pour protéger ceux qui défendent nos droits.
Par Tristan.
*Elle sera libérée dans la journée.
**Son procès est le 11 septembre, même tribunal.
*** Sur le plaquage ventral, Amnesty international critiquait déjà cette méthode en 2011 car elle accroît la difficulté de respirer, que c’est par cette technique qu’Adama Traore et d’autres seraient morts.
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