La dette écologique, conséquence du capitalisme.

par | Août 9, 2017 | Théorie, histoire et débats | 0 commentaires

Le 2 août dernier nous sommes passés en dette écologique. Cela signifie que, désormais, l’exploitation humaine des ressources est supérieure à la capacité de la planète à les reconstituer. En 2017, « nous consommerons les ressources naturelles qui pourraient être produites par 1,7 planète en 1 an. » (1) Depuis 1970, marquant la première apparition de cette dette, la date marquant cette surutilisation de la planète se rapproche dans le calendrier chaque année. En 1998 par exemple, elle a eu lieu le 1er octobre. Et cela n’a fait qu’empirer…

Face à un désastre annoncé, que nous propose-t-on ? EELV, la COP21, le « développement durable », la Charte de l’environnement, etc… Nous n’entrerons pas dans les détails ici pour expliquer l’impasse que sont pour nous ce genre d’initiatives, d’autres ayant fait le travail (2), mais disons tout de même que cela ne pourra rien y faire. Le vrai problème c’est le système capitaliste qui épuise « la Terre et le travailleur ».

La crise, due à l’exploitation de la Terre, est liée à l’exploitation des Hommes et ne se réglera que par la victoire des opprimés sur les oppresseurs, c’est-à-dire par la lutte des classes. En effet, qui subira le plus la pollution ? Les pauvres ou les riches ? Si on peut penser les deux à terme, ce sont surtout les premiers qui en sont d’abord les victimes. Vers la moitié du XXème siècle, on construisait les usines loin des centres-villes, le plus souvent dans des endroits plus isolés des grandes villes, souvent situés près et dans des quartiers populaires. Le philosophe Domenico Losurdo (La lutte des classes, Editions Delga) rappelle qu’Engels était l’un des premiers à fournir une analyse de la question écologique et environnementale montrant « comment la logique du profit explique la pollution de l’atmosphère (on trouve là une ville « entourée d’un nuage gris de fumée de carbone ») des cours d’eau (ici « un petit ruisseau malodorant, noir comme du charbon », et ici « une eau noirâtre, dont on ne saurait dire si c’est un ruisseau ou une longue suite de flaques fétides » (MEW,2 ; 272 et274) » (page 57 et 58). Le philosophe italien continue avec l’exemple d’Herbert Spencer, qui fera plus tard des observations très modernes sur la qualité de l’air vicié, mais qui, comme nos Macron et nos Cohn-Bendit, ne s’intéresse qu’aux individus, laissant de côté les fabriques et les lieux de production.

 

Et au niveau international, qui seront les grands perdants ? Il y a fort à parier que ce seront les pays du Sud, dominés par les puissances du Nord, leur servant de dépotoir parfois, et qui seront les plus touchés par des grandes catastrophes climatiques, amenant leur population à la « migration climatique ». Nous pouvons voir aussi sur le graphique plus haut que ce sont les grands pays capitalistes (Australie et États-Unis en tête) et leur mode de vie parasitaire qui sont les plus dangereux. Si leur mode de vie était adopté par tout le monde (comme certains le veulent), nous dévoreront 5 fois notre planète au moins. Il est à noter que la Chine, pays censé être le plus pollué au monde, et malgré sa forte population, est l’un des élèves les moins mauvais dans ce domaine.

D’autre part, qui est le plus responsable ? Le prolétaire poussé à faire ses courses tous les samedis, dans un hypermarché ou un « discount » peu regardant sur l’origine de ses produits, et qui possède un smartphone pour pouvoir comme tout à chacun communiquer dans notre monde moderne ? Ou les richissimes tenants de ce système qui profitent du travail des autres en intensifiant la production et les dégâts sur l’environnement pour pouvoir engranger plus d’argent, tout en donnant des leçons de charité et d’écologie depuis un yacht ou un hélicoptère ?

Nous répondons à cela que le socialisme est la meilleure solution pour sauver l’environnement. Les intérêts privés de quelques-uns mettent aujourd’hui le monde entier en péril et il ne peut y avoir de troisième voie. Ce sera « le socialisme ou la barbarie » …

Néanmoins certains modèles actuellement, à l’encontre de nombreux préjugés, empruntent la bonne voie. La Chine, par exemple, a actuellement l’un des programmes écologiques les plus ambitieux : centrales nucléaires à « fissions à sels fondus », méga-centrale flottante, construction de « villes-forêts », etc (3). On ne peut aussi que citer le merveilleux exemple cubain et son agriculture majoritairement biologique, ses abeilles qui produisent plus de miel et de meilleure qualité suite à l’arrêt de l’usage de pesticides, etc. Nous renvoyons à la lecture d’articles comme « Comment les Cubains ont converti leur île à l’agriculture biologique » sur Bastamag.

En conclusion, la lutte écologique ne peut avoir pour objectif un simple aménagement plus « vert » du capitalisme rapace ou encore, comme certains le prônent, un « retour à la Nature » individualiste qui n’est in fine qu’une négation de l’efficacité de la lutte collective. Une vraie politique socialiste et écologique serait une politique qui prendrait en compte l’environnement, compris comme lieu de vie de l’être humain, comme notre écosystème, sans lequel nous ne pouvons rien, dans chaque sujet politique, ce qui est loin d’être le cas actuellement et invitant à tout instant à repenser la question. Pour finir, nous citerons ici le secrétaire national du PRCF, Georges Gastaud : « L’écologie conçue de manière progressiste est structurante pour le projet communiste qui doit révolutionner, à tous les sens, ancien et moderne du mot, les « modes de production ». Et le communisme est structurant à son tour pour l’écologie, dès lors qu’on ne la conçoit pas stupidement contre la production, mais comme une révolution de la production (et de la consommation). » (« #COP 21 : Comprendre dialectiquement les relations entre le devenir naturel de la Terre et le « progrès historique ». (Re-)produire scientifiquement la nature ? [2/4] » Initiative communiste).

  1. « Ce 2 août, nous entrons en dette écologique », Le vent se lève, Jan Bediat, 2 août 2017.
  2. On peut lire par exemple la série d’articles intitulés « De l’escrologie » de Jean-Pierre Garnier sur le site de la Librairie Tropique, ou encore les articles de Floréal sur l’écologie sur www.initiative-communiste.fr
  3. Voir le très bon article de Guillaume Suing, « La Chine, avant-garde de l’écologie réelle » sur Le Grand soir.

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