La précarité étudiante menace l’Enseignement supérieur

par | Août 24, 2017 | Luttes | 0 commentaires

Le 20 août dernier, l’UNEF a rendu pour la treizième fois consécutive un rapport sur le coût de la vie étudiante. Ce rapport, si ce n’est sur certains points comme le gel des frais d’inscriptions et des repas au restaurant universitaire, n’est pas très encourageant pour l’avenir de l’Enseignement supérieur qui subit déjà une baisse drastique de son budget (1). Nous l’avons lu et nous pouvons donner notre avis.

Premièrement, le rapport constate que ce qui pèse le plus financièrement parlant sur les étudiants c’est tout d’abord l’augmentation des loyers et des transports (2). Le logement constitue le premier poste de dépense parmi cette population (53% du budget) et 11 villes cumulent les deux augmentations citées : Paris, Evry, Strasbourg, Lyon, Nancy, Clermont-Ferrand, Angers, Nîmes, Mulhouse, Rennes et Rouen. Les principales villes où le loyer augmente le plus sont Limoges (+7,60%), Grenoble (+4,34%), Le Havre (+2,34%), Paris (+2,23%) et Reims (+2,00%). Le manque de logement CROUS est pointé du doigt, ce qui ne permet qu’à 7,4% des étudiants d’être logés, tandis que la plupart se tourne vers le parc privé qui coûte deux fois plus cher ! Il y a aussi une difficulté à trouver un garant pour le logement. La taxe d’habitation qui pèse aussi sur eux était en moyenne de 190,80 euros en 2017. L’UNEF critique la baisse de 5 euros sur les APL annoncées par le gouvernement (3).

Neuf villes en région et l’Ile de France mettent en place des tarifs supérieurs à la moyenne nationale, 267,32 euros. Lyon, Dijon, Rennes et Tours appliquent des tarifs supérieurs à 300 euros tandis que la ville de Toulouse arrive à proposer des prix plus accessibles. Le prix du transport pour les étudiants augmente d’année en année. Les principales villes où cela augmente sont les suivantes : Strasbourg (+3,91%), Clermont (+3,63%), Rouen (+2,51%), Nancy (+2,44%), la région parisienne (+2,43%), Bordeaux (+2,13%) et Lyon (1,61%).

Le salariat est présenté comme l’une des sources principales de financement des études mais aussi comme l’un des principaux facteurs d’échec. En effet, les bourses restant trop inférieures par rapport au coût de la vie (4) et n’étant pas accessibles pour 72,8% des étudiants, c’est le salariat et la solidarité familiale qui prennent le plus de place comme moyen de financement. Selon l’étude, c’est près de 46% d’étudiants qui sont obligés de se salarier, et 50% d’entre eux considèrent cela comme indispensable. Ensuite, il est présenté comme

« la première source d’échec à l’université, le temps consacré à une activité rémunérée dépassant le mi-temps pour 56% des étudiant-e-s salarié-e-s, diminuant d’autant le temps passé à réviser ou à aller en cours. Les étudiant-e-s salarié-e-s ne peuvent également pas accéder aux filières avec des forts volumes horaires, comme les BTS, les IUT et les classes préparatoires. En plus d’être facteur d’échec, le salariat étudiant à un impact négatif sur la santé des premier-e-s concerné-e-s et est une source de stress et de tension nerveuse. »

17,7% c’est la proportion d’étudiants qui constatent un impact négatif sur leur résultat d’étude. 33,5% considèrent leur job comme une source de stress et de tension nerveuse.

Et encore ce n’est juste que quelques chiffres piochés dans le rapport, pas son intégralité.

Est-ce l’avenir dont rêve la jeunesse française ? Est-ce comme cela que nous avons envie d’étudier ? Non.

Les militants franchement communistes du PRCF et des JRCF s’opposent, en respect des anciens révolutionnaires et des résistants français, à ce monde imposé par l’Union européenne, Macron et la bande à Gattaz. Loin d’être une simple force de contestation, nous sommes aussi une force de proposition, et pour rappel voici quelques points de notre programme :

  • Couverture sociale pour tous, notamment pour les jeunes n’ayant jamais occupé d’emploi, dès leur inscription à Pôle Emploi, et les jeunes handicapés dès leur admission à l’AAH. La sécurité sociale doit couvrir les « risques sociaux » de tous sans exception, de la même façon pour un salarié que pour un jeune étudiant n’ayant jamais travaillé et n’étant plus considéré comme ayant droit de leurs parents.
  • Doublement des bourses. Beaucoup d’étudiants sont obligés de vendre leur force de travail dans des conditions désastreuses et d’aller à la soupe populaire, appelée aujourd’hui « Restos du cœur », pour survivre, et la proportion d’enfants d’ouvriers ayant accès aux études supérieures est en diminution depuis plusieurs années.
  • Rétablissement du statut d’étudiants-salariés à chaque étudiant exerçant une activité salariée. Alors qu’un étudiant sur deux a une activité rémunérée à côté de ses études ou en lien avec elles, seuls 20% d’entre eux, considérés comme ceux ayant une activité concurrençant le temps d’étude, sont du statut d’étudiant-salariés. Quelques heures de travail par semaine suffisent pour gêner les études. Nous appelons donc à ce que chaque étudiant exerçant une activité salariée relève de ce statut.

A noter qu’un second rapport de l’UNEF sur le classement des villes selon le coût de la vie étudiante est sorti le 22 août dernier.

  1. « 87000 bacheliers en attente et le gouvernement réduit les dépenses de l’enseignement supérieur : vers la fin de l’université française ? » JRCF, 17 juillet 2017.
  2. Voir sur le même sujet, notre article « Augmentation du Pass Navigo et transports publics », 4 août 2017.
  3. « L’APL réduite… l’ISF aussi ! A qui profite le crime macronien ? », JRCF, 27 juillet 2017.
  4. Extrait du rapport : « Les bourses ne sont versées que 10 mois sur 11, ne permettant donc pas d’accompagner les étudiants-e-s tous les mois de l’année, alors que de multiples dépenses s’étendent durant les vacances d’été, comme le paiement du loyer. »

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