« PRODUIRE EN FRANCE »

par | Avr 4, 2020 | Luttes | 0 commentaires

Qui n’a pas été étonné d’entendre, ce mardi 31 mars, Macron parler de « produire en France » avec le ton le plus ferme du monde ? C’est pourtant bien ce qu’il s’est passé à l’usine de fabrication de masques Kolmi-Hopen, près d’Angers. Pire, et on comprend que ces mots aient été prononcés avec regret et sous la contrainte : il a félicité les travailleurs, tout en parlant même de « souveraineté » et d’indépendance « pleine et entière » de la France à la fin d’année[1] !

Mis à part qu’il cite au début la « souveraineté européenne », mise-à-mal par la crise actuelle et par l’absence de solidarité entre les États européens, on pourrait presque croire à un revirement politique chez Macron. Étant donné que le « produire en France » est depuis longtemps une revendication du PRCF[2], nous en viendrions presque à lui envoyer en recommandé, et avec accusé de réception, sa carte d’adhérent[3] !

Bien entendu, nous ne nous laissons pas abuser et nous nous rappelons tout ce qu’ont fait les précédents gouvernements en matière de destruction de l’industrie française : heurtée par les directives de l’UE sur la concurrence libre et non faussée, la part des emplois industriels dans la population active française était passée de 24% dans les années 80 à 16% en 1990. Des années 80 au début des années 2000, ce sont 1,4 millions d’emplois industriels qui furent détruits. De 2008 à 2018, on comptait 500000 emplois industriels disparus[4]. Ce n’est certes pas Macron, soucieux de plaire à ses amis de la finance en leur vendant ADP, qui va enrayer cette épidémie de désindustrialisation de masse[5].

L’augmentation de la productivité et l’embauche de personnels dans les secteurs de production de masques, de respirateurs artificiels et de gels hydroalcooliques sont des mesures nécessaires à l’heure actuelle pour lutter contre l’épidémie du Covid-19, de même que l’appel à produire en France massivement sur le long terme. Gageons toutefois que certaines promesses ne tiendront pas après la fin du confinement.

Remarquons que ce sont les « rien » que stigmatisait naguère Macron qui font tourner le pays : les soignants, les ouvriers des usines de fabrications d’objets de santé et de médicaments, les précaires des supermarchés[6], les transporteurs, les éboueurs et tout un panel de métiers qui font tourner la nation, sans lesquels nous ne sommes « rien ». En période de crise, ce ne sont pas les premiers de cordées si chers au monarque qui sont au front, souvent bien planqués dans leur maison de campagne ou résidence secondaire, mais l’ensemble du prolétariat, y compris les membres des entreprises non utiles à la Nation que Macron tente pourtant d’envoyer au casse-pipe pour faire plaisir aux amasseurs de profits[7].

Le PRCF et les JRCF revendiquent le retour de la centralité du monde du travail dans la vie nationale, comme le sous-entendait le programme du CNR, tant honni par LREM. Nous exigeons des milliards tout de suite pour la santé et la recherche, la réquisition des usines capables de produire les équipements nécessaires à la survie des personnes infectées, le retour de l’impôt sur la fortune afin de financer ces dépenses[8] et la réindustrialisation de la France. Ainsi nous rebâtirons le pays et nous ferons cesser le parasitage de l’économie par une élite capitaliste qui nous amène droit dans le mur.

 Ambroise-JRCF 


[1] « L’intégralité du discours d’Emmanuel Macron à Kol-Hopen », France 24, 31/03/2020.[2] Voir notre programme et nos différents tracts.[3] Encore un petit effort monsieur Macron ![4] « La désindustrialisation en France : une affaire politique », JRCF, 29/01/2019.[5] Ajoutons au titre de l’anecdote l’affaire Eccopla, du nom de cette entreprise de travailleurs qualifiés dont la tentative de passage en Scop avait été refusé par le tribunal de commerce alors que l’entreprise était productive et importante sur le marché. A l’époque, l’ancien ministre de l’économie pas encore élu avait été interpellé par le journaliste François Ruffin, sans que celui-ci ne fasse rien pour empêcher la fermeture de l’entreprise malgré ses promesses.[6] « Livreurs, caissiers, les précaires en premières lignes », JRCF, 23/03/2020.[7] « De l’interventionnisme à la casse des acquis sociaux : l’union sacrée au XXIe siècle », JRCF, 26/03/2020.[8] « Virer la mondialisation virale – par Georges Gastaud #Covid19-fr », Initiative communiste.

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