Librairies fermées : l’arbre qui cache la forêt

par | Nov 10, 2020 | JRCF | 0 commentaires

Alors que notre pays est confronté tant à une deuxième vague de l’épidémie de la Covid19 qu’aux intérêts euro-capitalistes qui la propagent (la « liberté de circulation » des hommes, des biens et des capitaux, dans l’intérêt capitaliste permet également la « liberté de circulation du virus »…), la bonne bourgeoisie « française », ces « gens de biens » comme eu dit Henri Guillemin, s’émeuvent à chaudes larmes pour les petits commerçants et artisans soumis aux fermetures forcées suite à ce pseudo re-confinement.

Ces derniers, véritables proies pour les énormes monopoles capitalistes trans-continentaux, ont raison de dénoncer le deux poids deux mesures qu’ils subissent aujourd’hui et qui favorise les gros au détriment des petits. Ceux-là, qu’on jette désormais sans aide dans la jungle capitaliste que devient malheureusement la France, peuvent être sûrs de notre solidarité quant aux difficultés qu’ils traversent face aux politiques capitalistes de Macron, du MEDEF et de l’UE. Notamment parce qu’une partie de plus en plus importante de la jeunesse française renoue de manière consciente, voire militante, avec les petits commerces.
Néanmoins la situation purement sanitaire du pays n’en ai pas moins grave, et la ré-ouverture tout azimut, tant des grandes surfaces que des petits commerces, au prétexte d’assurer des rentrées d’argent pour ces derniers, ne peut être pour le moment envisagée. La santé du peuple et des travailleurs est en jeu, mais ce n’est pas encore une fois aux plus petits, qui subissaient déjà la mondialisation capitaliste et ses ravages sociaux, économiques et écologiques avant l’épidémie mondiale, de payer pour les résultats catastrophiques des politiques tournées depuis des dizaines d’années à l’avantage et aux profits des grands-distributeurs et des multinationales qui, nous l’avons expliqué, ont permis l’expansion du virus.
Si un re-confinement réellement efficace devrait être de mise (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, nous le constatons tous), alors ce doit être aux grosses fortunes, aux multinationales et aux actionnaires de payer pour la survie économique du tissu de TPE-PME français qui aujourd’hui se délite.

Mais tout cela est bien contraire aux volontés d’une large partie de la bourgeoisie en France. Celle-ci, après des années de prédations économique pour s’approprier les centres-villes des grandes agglomérations, tout en s’assurant une maison de replis avec jardin en « province », n’est en mesure naturellement que de se plaindre que SES commerces de centre-ville soient fermés et, notamment, les librairies, évoquant d’éventuels risques de troubles psychologiques pour l’ensemble de la population si elle n’a pas la possibilité de s’acheter un livre durant un mois ou deux…

Débat grotesque qui s’est donc amorcé pour savoir si les pulsions hédonistes de certains et certaines devaient être au moins autant essentielles, si ce n’est plus, que d’assurer de la place dans nos hôpitaux.
En somme, pendant qu’on s’émeut de la santé psychologique des Français (mais quels Français??) en manque de livres, on ne parle pas de la casse européiste de l’hôpital public et national français.

Mais que ne se sont-ils pas autant mobilisé depuis toutes ces années pour ces petits commerces qui disparaissent de nos communes, disparitions qui appauvrissent ces dernières, tant financièrement et, au final, culturellement ? Ou encore pour tous nos concitoyens, et notamment notre jeunesse, qui, faute de moyens, de temps et/ou d’apprentissage, n’a que très rarement accès aux livres et à la culture en général !
Un jeune Français sur deux freine aujourd’hui son accès à la culture à cause du coût qu’elle représente. Un jeune Français sur quatre parce qu’il n’est pas en mesure de se déplacer (là aussi à cause du coût, du manque de transports publics, ou tout simplement parce que la culture est accaparée par les métropoles, comme tout le reste…)..

Cet accès à la culture reste semé d’embûche dès le départ. Selon que l’on soit né dans une famille disposant de livres à la maison ou pas, que l’on ait les moyens financiers ou non, que l’on soit éveillé à la curiosité culturelle ou pas, nous n’aurons pas le même rapport à la culture ni aux livres une fois adulte.

Bien entendu, il n’est même pas question ici des millions de Français qui s’appauvrissent chaque jour et dont la priorité n’est pas de s’acheter un livre (malgré toute l’importance que nous, jeunes militants communistes, travailleurs et étudiants, accordons à la lecture) mais bien de s’acheter à manger, ou encore des 2,5 millions de citoyens illettrés ni des 670 000 analphabètes que compte malheureusement notre pays.

En finir avec ces fléaux, encourager au sein de notre jeunesse la mémoire, la protection du patrimoine culturel (donc la connaissance de celui-ci), la diffusion des connaissances scientifiques ou encore le développement de la lecture et la connaissance de la littérature nationale et mondiale, tels sont nos objectifs qui sauront également redonner vie à nos petites librairies, à nos musées de proximité et à nos bibliothèques.

Gilliatt De Staërck

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