Des élections à l’Assemblée Nationale du Venezuela se tiendront le 6 décembre après une période électorale qui se déroulera du 21 novembre au 5 décembre. Les enjeux sont grands pour les forces progressistes vénézuéliennes compte tenu que l’actuelle Assemblée Nationale constituée en 2015 est dominée par une majorité de droite pro US qui s’est largement prêtée à une stratégie putschiste en soutenant l’autoproclamation du valet yankee Juan Guaído comme président. Si comme lors du référendum constitutionnel de 2018 une partie de l’opposition de droite a choisi de participer à l’élection et en reconnaître les résultats, une autre partie appelle au boycott et s’organise pour un renversement violent, le changement de régime cher aux États-Unis. Les États-Unis et l’UE ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne reconnaîtront pas les élections du 6 décembre, se situant objectivement comme les protecteurs des forces sociales et politiques les plus réactionnaires et fascisantes du Vénézuela. En effet, le capitalisme dans sa phase impérialiste tend inévitablement à la réaction.
Ces élections verront le Parti Communiste du Venezuela (PCV) avec la coalition qu’il a créée, l’Alternative Populaire Révolutionnaire (APR), se présenter distinctement du Parti Socialiste Uni du Vénézuela (PSUV), qui est, rappelons-le le parti au pouvoir du président Nicolas Maduro. L’APR n’étant pas reconnue comme organisation électorale, les différents groupes qui la forment voteront PCV. Le PCV caractérise le Vénézuela comme un pays capitaliste dépendant et rentier extractiviste. Il y a eu un accord pour chercher des solutions à la crise entre le secrétaire général du PCV Oscar Figuera et Nicolas Maduro le 26 février 2018, auquel le gouvernement n’a pas donné suite. Les communistes dénoncent une aggravation du niveau de vie, avec un salaire moyen autour de deux dollars, une hyperinflation avec un taux de change bolivar/dollar de 1 pour 1 million, une pénurie d’essence etc. Le gros de la population a du mal à se procurer les produits basiques et la dénutrition progresse. Alors que le gouvernement désigne l’impérialisme comme étant le responsable de cette situation, les communistes complètent en ajoutant qu’il y a aussi une lutte de classes interne au pays. En somme, la candidature “Gallo Rojo” (Coq rouge) du PCV milite pour une sortie révolutionnaire à la crise contre l’impérialisme et aussi contre le réformisme “entreguista” (soumis) du gouvernement. Il y a dans le PSUV des membres qui défendent le capitalisme.
Le PCV défend les droits collectifs et individuels des travailleurs face à toute criminalisation de la lutte ouvrière et syndicale. Il défend également l’indexation des salaires, pensions et prestations sociales à l’IPC, pour qu’ils permettent de vivre dignement. Il réclame aussi le transfert de l’imposition vers les grandes fortunes et entreprises capitalistes nationales et transnationales avec l’élimination progressive de la TVA. Face à la grande propriété foncière et pour la souveraineté et la sécurité alimentaire, les communistes veulent que la terre revienne aux paysans. Cette question de la propriété agraire est en lien avec l’assassinat de Luis Fajardo, membre du PCV. Les responsables n’ont toujours pas été traduits devant la justice. Proposition est faite aussi pour un caractère public de la santé (recherche, production de médicaments et matériel médical inclus), l’eau courante, l’électricité, le gaz naturel et l’éducation. Une loi contre la corruption est proposée, une autre contre les violences et discriminations envers les femmes. Le contenu révolutionnaire du programme est appuyé aussi par la proposition de “Loi des Conseils Socialistes de Travailleurs”, qui a pour but le contrôle ouvrier et populaire de la production et de la distribution de biens et services. Cela est important compte tenu de la spéculation et de l’usure de la bourgeoisie sur les biens essentiels. Le programme mentionne également l’application des “Lois du Pouvoir Populaire” au niveau “comunero” (municipal) et enfin la “Loi du Plan d’Industrialisation à Grande Échelle” pour sortir le pays du capitalisme dépendant.
Quant à la Jeunesse Communiste du Vénézuela (JCV), elle mène campagne aux côtés du parti pour que les jeunes accèdent à l’emploi avec tous les droits respectés ainsi qu’à une éducation publique, gratuite et de qualité (nouvelle loi des universités). Un tarif préférentiel pour les transports est aussi réclamé, comme la promotion de maisons de la culture et de bourses suffisantes pour les étudiants. Au niveau de l’éducation, un plan de lutte contre le décrochage et la déscolarisation est également proposé. Les camarades s’opposent aussi au travail des enfants.
Rappelons que la JCV a fêté le 16 septembre dernier ses 73 ans d’existence. Tout au long de ces années, après avoir fait partie des FALN (Forces Armées de la Libération Nationale, au sein desquelles l’on comptait 15000 membres des JCV) lors du régime de Puntofijo, elle n’a pas cessé de lutter contre l’impérialisme états-unien et la grande bourgeoisie nationale complice. Elle s’oppose à Richard Nixon, lors de sa visite au Venezuela en 1958 dans le cadre de son “tour d’Amérique”. Un peu plus tôt cette même année, Nixon avait octroyé l’asile politique au détesté dictateur vénézuélien Marcos Pérez Jiménez. Cet événement sera un point fort de l’action de la JCV, et plus largement du PCV, lequel se verra écarté par la suite par les partisans de la “démocratie” et finalement de la mainmise états-unienne sur le Venezuela. Beaucoup plus tard, le 28 octobre 2014, en plein déchaînement de l’opposition affiliée actuellement à Guaído, le siège de la JCV à Caracas est visé par des attentats à la bombe commandités par l’extrême-droite vénézuélienne. Si les dirigeants du PSUV avaient alors condamné cette attaque, la JCV et le PCV continuent d’affirmer que le processus révolutionnaire bolivarien doit s’approfondir et s’appuyer sur les classes populaires et non faire des concessions, comme le fait une partie du PSUV, à la bourgeoisie bien installée et s’étendant de plus en plus.
La lutte pour que le peuple vénézuélien triomphe de l’impérialisme et de la bourgeoisie est très rude. La censure médiatique que subissent actuellement l’APR, la JCV et le PCV complique en effet lourdement la tâche de nos camarades vénézuéliens. Le 21 novembre dernier, le PCV a publié un communiqué demandant fermement à l’État que leurs représentants aux élections soient invités aux débats publics qui auront lieu pendant la campagne et que leurs propositions soient retransmises dans la presse publique et privée. Nul doute que nos camarades sont ignorés par une partie de la bureaucratie du PSUV, qui a très mal pris l’annonce de la candidature indépendante du PCV et de ses alliés aux prochaines élections du 6 décembre 2020.
Les J.R.C.F. sont solidaires de nos camarades de l’APR, de la JCV et du PCV pour la libération du Venezuela du joug impérialiste et pour l’approfondissement de la révolution bolivarienne et populaire contre la bourgeoisie nationale et internationale.
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