Les jeunes travailleurs sont la clé de la lutte contre les salaires de misère

par | Mai 14, 2024 | International | 0 commentaires

Le collectif international a traduit le discours du camarade Tommy Cavanaugh, militant au Workers World Party (une organisation marxiste-léniniste étatsunienne avec laquelle nous entretenons des liens) et syndicaliste à McDonald’s à Rockford dans l’Illinois. Ce discours, qui date certes de 2014, est toujours d’une actualité brûlante, notamment en France où les jeunes représentent une grande partie des travailleurs de la restauration rapide.

La vie d’un travailleur de la restauration rapide est faite d’incertitude constante, de travail et de sacrifices peu gratifiants, de salaires de misère et de campagnes de propagande par les patrons et les médias d’entreprise qui nous disent que nous devrions être reconnaissants pour les miettes qu’ils nous donnent. Nous pointons aux premières heures du matin ou travaillons toute la nuit, ce qui permet à ces magasins de faire des bénéfices 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sans jamais fermer. Nous créons d’énormes quantités de richesses grâce à notre travail, générant des milliards de dollars de bénéfices, tandis que les patrons nous versent des salaires si bas qu’ils nous recommandent de demander des bons d’alimentation et un deuxième, voire un troisième emploi.

Pour les jeunes travailleurs, c’est la même histoire, mais avec le bagage supplémentaire de la discrimination fondée sur l’âge, de la tentative de recevoir une éducation et de l’opinion commune selon laquelle, pour une raison quelconque, nous n’avons pas besoin ou ne méritons pas une compensation équitable pour notre travail. Notre taux de chômage est deux fois plus élevé que la moyenne nationale et le taux de pauvreté des jeunes est supérieur à 20 %. Il est peu probable que cette tendance s’infléchisse, car ce système, fondé uniquement sur l’augmentation des profits, supprime les emplois qualifiés et rémunérés, au profit de l’automatisation et des travailleurs à temps partiel.

Les jeunes, ceux qui entrent sur le marché du travail et ceux qui subviennent à leurs besoins depuis des années, constituent une grande partie des rangs des chômeurs, ce qui nous laisse collectivement peu d’options pour nous en sortir. Nous nous tournons vers des choses comme la vente de notre plasma sanguin (1) , les tests médicaux et les activités jugées criminelles, ce qui entraîne l’incarcération d’un nombre tragique de jeunes parce que le système n’a plus de place pour eux.

Alors que nous luttons pour trouver un emploi, sans parler d’un emploi qui nous permette de subvenir à nos besoins, nous sommes confrontés à l’austérité des coupes dans les bons d’alimentation (2) . Près de la moitié des bons d’alimentation sont attribués à des personnes de moins de 18 ans, soit environ 20 millions de jeunes qui luttent déjà contre la faim et pour l’accès à la nourriture.

Dans cette optique, nous pouvons voir que ces coupes sont une attaque non seulement contre les pauvres et les opprimés, mais aussi contre les jeunes, qui en ressentent les effets néfastes. Ce fait ne doit pas être perdu de vue au cours de nos activités d’organisation et d’agitation. Les jeunes ont un rôle clé à jouer dans le mouvement. Nous devrions être à l’avant-garde de cette lutte, en faisant preuve de tout le courage et de toute la créativité dont nous sommes capables, comme nous l’avons fait lors de l’occupation du Capitole du Wisconsin et du mouvement Occupy Wall Street.

La réapparition de la jeunesse jouant un rôle de guide dans la lutte, comme elle l’a fait dans les mouvements de libération et anti-guerre des années 1960 et 1970, est une avancée positive dont on a désespérément besoin. Ceci, ainsi que notre forte concentration dans les emplois à bas salaires – la nouvelle majorité de la classe ouvrière étatsunienne – place la jeunesse dans une position où nous pouvons aider à orienter le mouvement ouvrier dans une direction plus militante, orientée vers l’organisation de sections de travailleurs que les syndicats ont été incapables d’organiser jusqu’à présent.

Même si les médias corporatistes diront probablement que comme tous les jeunes je pense que l’on me doit tout, je dis sans m’excuser que c’est le droit fondamental de chaque personne d’avoir une alimentation saine, que chaque travailleur mérite 15 dollars de l’heure, ainsi que le droit à un syndicat, et que ces objectifs sont réalisables par la lutte.

Les patrons s’efforceront par tous les moyens de nous délégitimer, de nous désorienter et de nous apaiser, nous et notre message. Ils mentiront, tricheront et voleront pour arriver à leurs fins, mais cela ne signifie pas qu’ils gagneront.

Ils ne peuvent pas faire de bénéfices si nous faisons grève. Ils ne peuvent pas monter les travailleurs les uns contre les autres si nous éduquons et organisons les travailleurs. Ils ne peuvent pas prétendre que nous ne représentons pas un sentiment de masse alors que nous sommes des milliers dans la rue.

Nous avons commencé à voir le mouvement des 15 dollars de l’heure et du syndicat gagner du terrain, non seulement ici aux États-Unis, mais aussi à l’échelle internationale. Le 15 mai, les travailleurs de la restauration rapide ont organisé la première grève internationale sur ce thème dans plus de 200 villes. Non loin d’ici, le siège de McDonald’s a fait l’objet d’une marche qui a entraîné la

fermeture du campus. Ces événements ont constitué un grand pas en avant, de même que certaines victoires locales à travers le pays en vue d’augmenter le salaire minimum.

La décision du tribunal, la campagne de diffamation ou les politiciens de droite ne peuvent en fin de compte résister à notre force si nous nous organisons et si nous nous tenons aux côtés de tous ceux qui sont exploités et opprimés.

(1) En effet, environ 20 millions d’Etatsuniens sont obligés de vendre leur plasma sanguin pour survivre.

(2) Coupes budgétaires de 9 milliards de dollars dans le programme fédéral de bons d’alimentation signées par le président de l’époque Barack Obama en 2014 qui ont fait perdre environ 90 dollars par mois à 850 000 foyers américains…

Vous Souhaitez adhérer?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ces articles vous intéresseront